La technologie au service de la protection d'un primate extrêmement rare
Par Lea Terhune
Rédactrice
Washington - On le croyait disparu, jusqu'au jour, vers la fin des années 1980 où l'on aperçut dans le seul habitat qu'on lui connaisse, à savoir les régions montagneuses de la forêt tropicale entre le Cameroun et le Nigéria. Le gorille de Cross River, dont il reste moins de 300 individus au monde, est, de tous les grands singes d'Afrique, l'espèce la plus menacée d'extinction. Mais il y a une bonne nouvelle : des gouvernements et des groupes voués à la protection de la nature font cause commune pour protéger ce gorille et son habitat.
La Wildlife Conservation Society (WCS), implantée à New-York, l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et l'U.S. Fish and Wildlife Service (USFWS), par le biais de son Fonds pour la conservation des grands singes qui s'insère dans son programme " Faune et flore sauvages sans frontières ", se sont ainsi associés à des partenaires internationaux.
" Le programme Faune et flore sauvages sans frontières ouvre au niveau des espèces ainsi qu'au niveau régional et mondial de manière à tirer le meilleur parti des actions visant à restaurer des espèces en péril, à rehausser la capacité des populations locales en matière de conservation et à collaborer avec des partenaires pour cerner les questions critiques d'intérêt commun dans ces domaines, explique Dan Ashe, le directeur de l'USFWS. Ce programme fournit une assistance cruciale aux organismes publics et aux organisations au Cameroun et au Nigéria qui s'emploient à formuler une stratégie coordonnée faisant intervenir les partenaires acquis à la défense du gorille de Cross River. "
La densité de la population humaine et l'empiétement des exploitations agricoles dans l'habitat de ce grand singe, qui ont eu pour effet d'isoler et de fragmenter ses effectifs, constituent une grave menace. Les maladies et la chasse, sa chair étant vendue à titre de denrée alimentaire, font que des mesures de protection s'imposent de toute urgence.
Lors d'une réunion tenue en février et qui rassemblait divers partenaires, " nous avons cerné un certain nombre de zones forestières qui, à condition d'être adéquatement protégées et gérées, peuvent servir de corridors pour des groupes de gorilles dont l'isolement ne pourrait que s'accentuer autrement ", commente Liz Macfie, de la WCS. Or l'isolement peut déboucher sur l'extinction à l'échelon locale, ajoute cette spécialiste des gorilles.
Au nombre des stratégies de conservation figurent l'établissement de réserves où la protection des gorilles est rigoureusement assurée ; la sensibilisation de la population locale à l'importance des mesures de conservation ; et la participation des villageois à des programmes de conservation capables de créer des gagne-pain durables.
La création du parc national camerounais de Takamand, aire protégée transfrontalière et limitrophe du parc national de Cross River, au Nigéria, est le fruit de longues années de collaboration entre la WCS et le gouvernement camerounais. Cette réserve sert de base aux activités de recherche et de sensibilisation des communautés locales.
Les résultats d'une étude scientifique publiés récemment dans la revue en ligne Oryx sont encourageants. Des scientifiques de la WCS, du North Carolina Zoo, du Cameroun et du Nigéria ont évalué l'aire de répartition des gorilles de Cross River à l'aide d'images par satellites et de levés au sol. Ils ont constaté que les gorilles se déplaçaient aujourd'hui sur une superficie moitié plus grande qu'on ne pensait auparavant. La technologie du GPS et le logiciel CyberTracker ont simplifié la collecte des données dans cette région isolée. Les gardes forestiers se servent d'un écran tactile conçu à l'origine pour les pisteurs analphabètes chargés de surveiller la faune en Afrique du Sud. Cela leur permet d'établir la cartographie précise des emplacements où ils repèrent des gorilles et d'enregistrer les données sur le terrain.
" Un grand nombre de personnes vivant dans la région participent aux efforts de conservation axés sur ces gorilles ", souligne Liz Macfie. Dans les montagnes Mbe du Nigéria, une réserve naturelle qui est gérée par la communauté emploie des " écogardiens " qui suivent les déplacements de la population des gorilles à l'aide du CyberTracker. Les gardes forestiers camerounais envisagent de se rendre prochainement sur le terrain " pour faire le point des enseignements tirés et voir le système à l'ouvre avant de le calquer au Cameroun ".
Par le biais de ses Fonds de conservation des espèces à l'échelle multinationale, l'USFWS octroie des subventions destinées à soutenir les efforts visant à protéger les populations d'éléphants africains, de rhinocéros, de tigres, d'éléphants asiatiques et de tortues marines dans les divers pays du monde où on les trouve. De l'avis de l'USFWS, certaines espèces ont du coup vu leur situation s'améliorer, mais il reste encore beaucoup à faire pour assurer la survie des espèces en danger critique d'extinction.
En 2011, le Fonds pour la conservation des grands singes a octroyé 51 subventions d'un montant total de près de 4 millions de dollars, à l'appui de projets en Afrique. L'USAID apporte son concours à la défense des gorilles au Cameroun par le biais de l'USFWS. Le programme de l'USAID en faveur de l'environnement en Afrique centrale (CARPE, Central Africa Regional Program for the Environment) a investi plus de 60 millions de dollars dans la gestion durable des ressources naturelles du bassin du Congo, y compris dans la conservation des grands singes au Cameroun et au Nigéria.
Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html
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