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Haïti-Education : L’Université d’Etat d’Haïti et sa décentralisation



  • par Djems Olivier


    P-au-P, 8 oct. 05 [AlterPresse] --- Les relations de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) avec les Ecoles et Facultés de province sont à un stade avancé, ceci dans le souci de développer la capacité d’accueil de cette institution publique, déclare à AlterPresse le professeur Fritz Deshommes.

    « Nous avons amélioré nos relations avec les Facultés et Ecoles de province. Au Cap-Haïtien [la deuxième ville du pays], il y a une Faculté de Droit, des Sciences Economiques et de Gestion (FDSEG) qui a les mêmes statuts que les Facultés de Port-au-Prince », affirme le vice-recteur à la Recherche à l’UEH.

    Fritz Deshommes a fait part, à l’agence en ligne AlterPresse, d’un ensemble de projets visant la redynamisation de ces entités en les dotant de nouvelles infrastructures.

    « Ce travail est déjà effectué au niveau des Facultés de Port-au-Prince et nous avons des projets d’augmenter le nombre de filières offertes par les Facultés de province. En outre, c’est une voie que nous utiliserons pour élargir notre capacité d’absorption », prédit-il.

    L’Université d’Etat d’Haïti comprend aujourd’hui 11 entités disséminées dans la capitale haïtienne. Les Ecoles et Facultés de province ne sont pas comptabilisées dans ce constat.

    Le plus grand problème de ce pays, de 8 millions d’habitants, c’est de ne pas avoir un campus universitaire.

    Soucieux du rôle de l’université dans une société, le professeur Fritz Deshommes estime que c’est un faible pourcentage de bachelières et bacheliers qui entrent à l’université chaque année.

    « L’une des raisons fondamentales de la centralisation du pays, c’est le nombre de bachelières et bacheliers qui rentrent chaque année à Port-au-Prince pour faire des études universitaires. Cela a largement contribué à la bidonvillisation de Port-au-Prince », fait-il ressortir.

    Pour remédier à cette situation, le rectorat entend décentraliser ses activités.

    « La décentralisation, c’est l’une des voies que nous comptons utiliser pour augmenter et la quantité et la qualité de l’Université », envisage le vice-recteur à la Recherche.

    L’Université d’Etat d’Haïti serait dans l’impossibilité d’engager des professeurs à plein temps après la réduction de moitié de son budget d’investissement pour l’exercice 2005-2006, a déploré Fritz Deshommes dans cet entretien exclusif à l’agence en ligne AlterPresse.

    Or, c’est avec un budget d’investissement approprié que l’UEH peut être en mesure de financer des constructions, des programmes de recherches scientifiques ainsi que d’incorporer de nouveaux professeurs.

    « Un poste important que ce budget devrait financer, c’est le recrutement d’une cinquantaine de professeurs à plein temps », a rappelé Deshommes.

    Le vice-recteur à la recherche estime qu’avec la diminution, décidée par les autorités financières intérimaires d’Haïti, beaucoup de programmes déjà mis en oeuvre par l’Université d’Etat d’Haïti pourraient ne pas être maintenus.

    Des travaux de réhabilitation doivent être effectués au niveau de l’ancien bâtiment de l’Office National d’Assurance Vieillesse (ONA) à Port-au-Prince, non loin du Palais présidentiel. Cet espace est réservé à la mise en place d’un centre cybernétique et d’une cafétéria universitaires.

    L’ancien local de l’ONA, situé au Champ de Mars, non loin du Palais National (Siège du Président de la République), abritait déjà un centre cybernétique sous le règne de Jean Bertrand Aristide. Au lendemain du départ de ce dernier, ses partisans avaient pillé le centre, emportant ordinateurs et autres matériels.

    Hormis les étudiants en médecine appelés à donner à l’Etat un service social, au terme de leur cycle de formation universitaire, aucun autre étudiant de l’UEH, après sa licence, n’est convié à remplir son devoir envers l’Etat haïtien qui a beaucoup investi dans sa formation.

    Les mêmes dispositions (que la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’UEH), seraient encore appliquées, avec des variantes, pour les étudiantes et étudiants à la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire, qui pratiquent des stages le long de leur cycle de formation à l’intérieur du pays.

    La Faculté des Sciences de l’UEH forme des ingénieurs, tandis que leur participation à la construction des infrastructures routières n’est jamais sollicitée. Les décideurs du pays ont le plus souvent utilisé le service des ingénieurs étrangers, parfois des Dominicains.

    Quant aux étudiants de la Faculté des Sciences Humaines, ils ont dans leur cursus académique un cours de stage professionnel.

    Ceux en Sciences Juridiques, à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques (FDSE), doivent passer leur licence avant de faire (sans l’appui des responsables de la FDSE) des démarches auprès des cabinets d’avocats aux fins de trouver des stages.

    « Après avoir passé 4 années à l’Université d’Etat d’Haïti à partir de la taxe des contribuables, l’étudiant doit trouver une opportunité pour remettre au pays ce qu’il avait reçu de l’Etat », explique Fritz Deshommes.

    A en croire ses propos, le stage permet à l’étudiant d’assister la population qui a financé ses études et d’augmenter ses capacités intellectuelles en faisant de nouvelles expériences.

    « C’est à travers les stages pratiques que l’étudiant commence à affronter la réalité du pays et même à penser à des sujets de recherche », a-t-il précisé.

    Le vice-recteur à la Recherche laisse croire que le Rectorat de l’Université d’Etat d’Haïti est très préoccupé par cette question et compte conjuguer ses efforts en vue d’apporter un nouveau souffle de vie à l’UEH.

    « Nous avons des réflexions très sérieuses à entamer sur la réforme de l’université. La question de stage professionnel fera probablement l’objet de ces réflexions », a-t-il fait savoir.

    Maître en économie, Fritz Deshommes a confirmé la création éventuelle d’une Ecole doctorale à Port-au-Prince. Cette école, dont la mission principale consistera à former des cadres en gestion et autres études technologiques, sera placée sous les auspices de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF).

    Selon l’article 208 de la constitution haïtienne du 29 mars 1987, l’enseignement supérieur est libre. Il est dispensé par l’Université d’Etat d’Haïti, qui est autonome, et par des Ecoles Supérieures Publiques et des Ecoles Supérieures Privées agréées par l’Etat.

    L’organisation et la localisation des institutions publiques devraient être envisagées dans une perspective de développement régional. Pourtant, les cadres formés dans les différentes branches de cette université sont mis à l’écart.

    Les mémoires de sortie, réalisés par les étudiants sur des thèmes qui pourraient servir au développement local et à la prévention des désastres naturels, ne sont jamais visualisés par les autorités aux plus hautes instances de l’Etat.

    Au lieu d’encourager les recherches au sein de l’université, au lieu d’attiser des pistes de réflexions, certains dirigeants avaient usé de leur pouvoir politique pour dissuader les étudiants des vrais problèmes concernant la nation.
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