Christian de Laet est décédé le 13 Novembre à Montréal à l'âge de 81 ans. Avec lui s'en va un pionnier de la défense de l'environnement, une grande intelligence et surtout une honnêteté hors du commun.
Lorsque, jeune polytechnicien belge, entre 21 et 31 ans, il fut ingénieur chez Alcan, le comportement des multinationales vis-à-vis de leur personnel et de l'environnement détermina ses sentiments pour le reste de sa vie. Il devint particulièrement habile et vigilant à détecter les doubles discours, les faux-semblants et tout ce que racontent les institutions pour dissimuler et parfois se dissimuler à elles-mêmes leurs turpitudes.
En 1964, il devint secrétaire général du conseil des ministres des ressources du Canada (où chaque Etat a un ministre des ressources naturelles) et, depuis cette date, passa toute sa vie au service de l'intérêt général, d'abord dans son pays d'adoption, puis à Londres au secrétariat à la Recherche pour le Commonwealth, ensuite de nouveau au Canada dans la prospective à l'Institut Gamma et en lien avec l'UQAM (Université du Québec à Montréal) où il compte de nombreux amis et disciples. Sa mission fut le plus souvent de faire travailler ensemble des personnes qui s'ignoraient ou représentaient des intérêts divergents.
Christian avait un humour permanent et un talent particulier, non seulement pour pour l'imitation des accents mais aussi pour les langues et ce qu'elles traduisent des cultures. Son intelligence toute intuitive lui permettait une communication directe et fraternelle avec n'importe quel interlocuteur, de n'importe quelle partie du monde. En Papouasie Nouvelle Guinée, il était chez lui. En plus, il détectait dans la vision du monde que lui transmettaient les Papous, un enseignement qui aurait été fort utile aux occidentaux s'ils avaient bien voulu l'entendre etl'accepter. Malheureusement, Christian vivait une époque où, malgré l'avertissement du Club de Rome, le monde se laissait aller à une ivresse économique. C'est seulement maintenant, en tirant les conséquences ultimes de la crise, que les enseignements des peuples premiers vont pouvoir être entendus. Alors, on se souviendra de lui comme d'un grand précurseur lorsque l'on regardera le documentaire que Sylvie Van Brabant a fait sur sa vie.
Thierry Gaudin
07/10/24 à 12h30 GMT