Le but de cet ouvrage est de démontrer que les politiques « du genre » des 20 dernières années sont génétiquement liées aux politiques de population et à leur réforme dans les années 1990, suite aux changements politiques et normatifs nés de l’effondrement du bloc communiste. La diffusion des thèses néo-malthusiennes émises depuis les États-Unis constitua une forme de globalisation biopolitique exceptionnelle dans ces manifestations mais aussi dans sa durée. Initiés dans les années 1950, de nombreux programmes de contrôle des naissances dans les pays du Sud ont encore un impact significatif sur les systèmes de santé de ces pays. La redéfinition des normes démocratiques du début des années 1990, suite à la chute de l’Union Soviétique, passa par le cycle de conférences organisées par les Nations Unies et culmina au Caire en 1994 par la refonte des programmes de contrôle des naissances en programmes de « santé et droits reproductifs », faisant du « genre » un outil conceptuel central. L’analyse de la réforme des politiques de population nous offre une approche novatrice des processus de globalisation de ces vingt dernières années. Loin des analyses macroéconomiques et géopolitiques de la globalisation, la globalisation du « genre » dans les politiques publiques est surtout le fruit d’actrices et d’acteurs impliqué-e-s dans la conquête d’espaces institutionnels et politiques, avant tout nationaux. « De la population au genre » étudie comment un paradigme fort de la globalisation des biopolitiques étasuniennes durant la Guerre froide fut lentement subverti de l’intérieur par des femmes inspirées par la critique féministe et comment le genre devint norme de politiques internationales.
Mathieu Caulier, De la population au genre. Philanthropie, ONG et bipolitiques dans la globalisation, L'Harmattan, 196 p., 19 euros. ISBN : 978-2-336-30259-1
07/10/24 à 12h30 GMT