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Lettre des Aires Protégées d'Afrique - Juillet 2017



  • http://www.mediaterre.org/users/fbreuil/images/2016/napa94.jpgLa NAPA n°110 nous parle d'Aires Marines Protégées en Afrique et des solutions locales pour leur conservation (Blue Solutions) Elle rappelle également nos MOOCs et nos formations présentielles (voir www.papaco.org à la page "formation").

    Le numéro 110 de la lettre NAPA

    Edito : Geoffroy MAUVAIS Coordinateur du Papaco

    Océans de plastic

    J’ai la chance incroyable de visiter régulièrement l’île d’Aldabra, petit atoll corallien des Seychelles, préservé de la main de l’homme par son éloignement de toute terre, au milieu de l’océan indien. J’imagine, j’espère, qu’il y a d’autres lieux comme celui-ci sur la terre, enfin sur la mer, mais pour ce que je connais du monde, ce petit bout d’île émergé au ras des vagues est sans doute ce qui se rapproche le plus de l’image qu’on se fait du paradis. Evidemment, il faut accepter de partager la plage avec d’énormes tortues paresseuses et de petits râles, oiseau non volant fort facétieux, sans oublier la nuit venue, des armées de gros crabes aux pinces rouges venus de je ne sais où. Le lagon n’est qu’un immense aquarium translucide où il faut se frayer un chemin entre les requins, les raies et des  poissons  aux  tailles  et  aux  formes improbables. Malgré tout cela, il n’y a nul endroit où l’on ne se sente bienvenu.

    Aldabra est une aire protégée et elle démontre d’un coup d’un seul toute la pertinence de conserver un écosystème dans son état le plus naturel possible. Ce que s’emploie à faire avec succès la Fondation des Îles des Seychelles (SIF) qui l’administre.

    Tout irait donc merveilleusement bien s’il n’y avait une  pression  contre  laquelle  les  meilleures volontés ne peuvent pas grand-chose : la pollution. Et  en  particulier,  la  pollution  par  les  déchets flottants, essentiellement plastiques. Certaines plages de l’atoll, exposées aux courants marins se couvrent régulièrement de milliers, de millions de
     
    morceaux de plastic. Des tongs, des briquets (c’est incroyable le nombre de briquets qui flottent dans la mer !), des bouées, des bouteilles, des sacs, des pneus, des vêtements, des filets… et une quantité indescriptible  de  morceaux  multicolores  aux origines imprécises. Ils forment par endroits de véritables dunes artificielles où nulle vie ne peut prospérer, défigurant un lieu pourtant si pur.

    C’est déprimant,  écœurant, choquant, il n’y a pas d’autres mots.

    En juin, une conférence spéciale des nations unies s’est tenue sur ce thème, preuve que la situation est  à  ce  point  grave.  Elle  visait  à  créer  les conditions pour l’atteinte de l’objectif 14 du développement durable qui est « de conserver et d’exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable ». Pour y parvenir, il faut évidemment des océans en bonne santé ; on en est loin.

    Les estimations font état de plus de 150 millions de tonnes de déchets plastiques flottant actuellement, quantité qui pourrait doubler d’ici 2050 et nous conduire à une équation simple et dramatique : une masse de plastic plus importante que celle de poissons dans la mer. Inimaginable n’est-ce pas ? Pourtant,  on  sait  que  ces  déchets  s’agglutinent déjà en vastes surfaces sous l’effet des courants, ce qu’on appelle désormais, non sans ironie, le septième continent (!) du fait de sa taille invraisemblable, dont un seul élément dans le Pacifique Nord fait déjà plus de 3,5 millions de km².

    La faune marine s’empêtre, s’étouffe, se noie, s’empoisonne, se découpe, s’ampute…et la mer devient peu à peu un milieu hostile à sa propre vie. Donc la nôtre.

    Ilyaindubitablement urgenceetlamiseen protectiondeplus d’espacesmarins etcôtiers,la création de plusd’airesmarines protégées donc, nousaideracertainement.Maisilfaudrabienplus pour inverser la trajectoire toxique sur laquelle nous sommes engagés.CetteNAPArapporte quelques initiatives conduites à une échellelocale pour y répondre. Pourvu qu’elles se multiplient dansl’avenir…plusvitequelesdéchets eux- mêmes!

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