3ème édition des États Généraux de la Forêt et du Bois en Île- de-France
Révélation des 26 propositions citoyennes sur l’avenir de la forêt
et du bois en Île-de-France : une première en France.
Le contexte fortement urbanisé de la région Île-de-France crée, chez les franciliens, un attachement particulier au domaine forestier en tant que lieu de loisirs et de détente, et rare espace dit naturel encore présent sur le territoire. En parallèle, le marché de la construction bois et les usages en bois énergie se développent afin de répondre aux enjeux de neutralité carbone à horizon 2050. Pourtant, la forêt et ses enjeux locaux sont inégalement connus du grand public : à qui appartient la forêt ? Comment la gère-t-on ? Pourquoi coupe-t-on des arbres ? A quelles problématiques sanitaires, environnementales ou économiques la forêt doit-elle faire face ?
Riche de ses deux premières éditions des Etats Généraux de la forêt et du bois en Île-de-France, qui ont démontré la nécessité de créer un espace de dialogue, entre les différents maillons de la filière forêt bois et la société civile, Fibois Île-de-France a ainsi souhaité ouvrir le débat autour de la forêt et du bois à l’ensemble de la société civile d'Île-de-France pour la troisième édition des EGFB. C’est donc sous la forme d’une convention citoyenne rassemblant un panel de 20 citoyens représentatif de l’Île-de-France, et intégrant les acteurs de la filière, que l’interprofession régionale a choisi de s’adresser aux franciliens.
Si de nombreuses démarches de participation citoyenne voient le jour à différentes échelles en France, une convention citoyenne sur la forêt et le bois n’a jamais été menée auparavant, encore moins en Île-de-France. Celle-ci s’est articulée autour de la question « Comment la forêt et le bois en Île-de-France peuvent-ils contribuer à répondre aux besoins actuels et futurs des franciliens ? ».
Pour y répondre, le panel citoyen s’est réuni durant trois week-ends entre septembre et novembre 2022, accompagné par le cabinet Res publica, pour échanger et débattre avec des scientifiques, représentants des pouvoirs publics, professionnels de la filière et associations environnementales. Ils ont abouti à la rédaction d’un avis citoyen comprenant 26 propositions.
« La pertinence des questionnements du groupe citoyen et leur compréhension des enjeux nous conforte dans l’idée que le dialogue avec la société civile peut porter ses fruits dès lors qu’un socle de connaissances communes est partagé par tous. Leurs propositions créent de nouveaux espaces de dialogue au sein de la filière, autant qu’elles illustrent les actions et les démarches déjà entreprises par les uns et les autres. » souligne Paul Jarquin, Président de Fibois Île-de-France.
Fibois Île-de-France a organisé un grand évènement de restitution publique le 21 mars, dans le cadre de la journée internationale des forêts, pour pre%u0301senter l’avis re%u0301dige%u0301 par les citoyens ainsi que les initiatives et premiers engagements partage%u0301s par les professionnels de la filie%u0300re, en re%u0301ponse aux propositions citoyennes.
Les e%u0301changes se sont articulés autour des trois piliers suivants qui reflètent les propositions des citoyens :
- « La fore%u0302t comme espace a%u0300 pre%u0301server et re%u0301serve de biodiversite%u0301 en I%u0302le-de-France »
%u2010 « Une utilisation e%u0301quilibre%u0301e de la ressource forestie%u0300re »
%u2010 « La ne%u0301cessite%u0301 de concerter, informer et former sur la fore%u0302t, le bois et la gestion forestie%u0300re »
Cette restitution publique a aussi permis de créer des liens entre les participants afin de motiver de nouvelles dynamiques cohérentes avec les propositions citoyennes. Il s'agit d'un point d'étape dans l'ensemble de la démarche que sont les Etats Généraux de la forêt et du bois en Île-de-France qui aboutira fin 2023 avec un cahier d'engagements en faisant écho à l'avis citoyen.
Le dossier de presse présente, pour chaque pilier, des éléments de contexte, puis une partie des propositions citoyennes, illustrées par la présentation d’actions et de dispositifs portés par les acteurs du territoire francilien. A consulter ici
LA FORET : UN ESPACE A PRESERVER ET RESERVE DE BIODIVERSITE EN ÎLE-DE-FRANCE
Avec 23% de son territoire recouvert de forêts, l’Île-de-France représente un taux de boisement proche de la moyenne nationale (26%). Ces espaces boisés jouent un rôle important en matière de biodiversité : 68% des réservoirs de biodiversité franciliens se situent en forêt.
Dans un contexte urbain fort, le groupe citoyen demande à redonner la priorité aux espaces naturels pour conserver et augmenter la superficie des forêts franciliennes. Une adaptation des modes de gestion forestière est demandée afin d’adapter la forêt et les pratiques au climat de demain, tout en prévenant le risque incendie et en fournissant davantage d’espaces tampons propices à la biodiversité (Îlots de sénescence, vieux bois, rémanents…). La question de la chasse et de sa régulation est également posée par les citoyens, qui réclament un référendum régional sur l’harmonisation des horaires et pratiques de chasse au sein des forêts franciliennes.
Proposition citoyenne : Conserver et augmenter les forêts franciliennes existantes
[…] Les citoyens demandent « d’encourager la régénération naturelle des forêts » et de « développer les continuités écologiques dans les milieux urbains pour réduire le phénomène de fragmentation entre les espaces forestiers. […] Pour cela, des appels à projet auprès des citoyens pourraient être lancés pour végétaliser et arborer davantage les espaces urbains »
Proposition citoyenne : Préserver la biodiversité dans les forêts franciliennes
« Nous souhaitons créer des Réserves Biologiques Intégrales ou des îlots de sénescence et élargir les surfaces existantes […]
Nous souhaitons conserver le bois mort au sol pour servir de continuité écologique (trame verte) dans les écosystèmes forestiers. De même pour les “vieux arbres” qui sont à la fois un refuge pour la biodiversité et une source de bois mort […] »
Proposition citoyenne : Prévoir la protection efficace de la forêt face aux effets du changement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes pour l’aider à s’adapter
« Il faudra à la fois maintenir une diversité des essences pour prévenir les risques d’épidémies et d’incendies et adapter les essences peu résistantes aux changements climatiques et environnementaux ». Les citoyens précisent leurs propos en appelant à « introduire de nouvelles essences dans les forêts d’Île-de-France. Cette action sera encadrée par des études scientifiques afin d’analyser les impacts potentiels sur la biodiversité des nouvelles essences introduites pour qu’elles ne menacent pas la biodiversité existante en Île-de-France. Il faut éviter le cas des espèces exotiques envahissantes. »
Des initiatives portées par des acteurs d’Ile-France apportent des réponses à ces questions, à découvrir dans le dossier de presse :
%u2011 La Coopérative Carbone, initiée en 2021 par la Métropole du Grand Paris et la ville de Paris, comme vecteur de financement participatif du renouvellement forestier
%u2011 Île-de-France Nature, nouveau nom de l’Agence des espaces verts, qui aménage et gère, pour le compte de la Région, environ 11 000 ha de forêts certifiées FSC, a mis en place sa première RBI en forêt de Ferrières
%u2011 La création d’espaces d’éco-pâturage et de lande en forêt de Fontainebleau et des opérations de gestion de mares en forêt de Marly par l’Office national des forêts
%u2011 La protection du patrimoine forestier avec le classement en forêt de protection comme une priorité de la politique forestière de l’État en région Île-de-France.
%u2011 La création d’un fonds destiné à financer le renouvellement des forêts privées franciliennes par la Région Île-de-France
%u2011 La mobilisation de nombreux acteurs publics et forestiers en vue de produire un altas des massifs à risques feux de forêt en Île-de-France
%u2011 La création en mars d’une brochure « Chauves-souris et forêts, des alliées indispensables » pour sensibiliser les propriétaires forestiers aux bonnes pratiques, par le Centre national de la propriété forestière
CAS CONCRET - Une forêt tournée vers demain : les forestiers d’Ile-de-France plantent des îlots d’avenir.
Les forestiers privés et publics se mobilisent en Île-de-France pour expérimenter de nouvelles essences adaptées au climat de demain, dans le cadre d’îlots d’avenir. Dans ces petites parcelles (entre 0.5 et 2 ha), de nouvelles essences sont implantées afin d’analyser leur capacité d’adaptation au milieu et au climat actuel et à venir, en lien avec des chercheurs et instituts spécialisés. Au total, ce sont 4 îlots d’avenir qui ont été mis en place en forêt privée (groupement forestier de Magnitot) et domaniales (forêt de Rambouillet, Beynes et Carnelle) en ce début d’année.
UNE UTILISATION EQUILIBREE DE LA RESSOURCE FORESTIERE
Les forêts d’Île-de-France ont un accroissement naturel de 1,2 millions de m3 chaque année. 742 000 m3 de bois sont récoltés annuellement[1], ce chiffre tendant à diminuer ces dernières décennies. La moitié de cette récolte est commercialisée (le reste étant autoconsommé pour le bois de chauffage[2]) et se décline comme suit : 30% pour le bois d’œuvre, 7 % pour le bois industrie et 63 % pour le bois énergie.
Les citoyens appellent à une utilisation équilibrée de la ressource forestière, qui garantirait la préservation de la forêt et de sa biodiversité sur le long terme, tout en permettant son exploitation raisonnée pour remplir les objectifs de neutralité carbone et de développement de filières locales du bois. Pour ce faire, les citoyens demandent un meilleur suivi des forêts et de leur exploitation, mais également une meilleure traçabilité du bois, en particulier dans le cadre du bois énergie. L’innovation est aussi mise en avant comme vecteur de développement des usages du bois feuillu. La question de la limitation des coupes rases (hors coupe sanitaire et incendie) et de la récolte du bois est aussi posée.
Proposition citoyenne : Interdire les coupes rases hors problème sanitaires ou incendies
Par coupe rase, les citoyens entendent une coupe qui « est unique et non progressive. Les arbres de même âge ayant poussé en même temps (futaie régulière) sont coupés en une seule fois, sans que les jeunes pousses soient encore installées. Cette proposition permet donc de protéger la biodiversité, préserver les sols, réduire le volume de sols tassés, éviter les inondations, permettre l’accroissement forestier, éviter de choquer les citoyens… »
Proposition citoyenne : Soutenir le bois construction
Les citoyens proposent de « créer un label bois d’Île-de-France afin de promouvoir et mettre en avant le bois coupé, transformé et commercialisé en Île-de-France » mais également de « promouvoir la transition vers des matériaux biosourcés, souvent plus chers, par une prime, qui est un bon moyen d’incitation au changement.»
Proposition citoyenne : Mieux contrôler le bois énergie
« Il faut […] contrôler l’utilisation du bois énergie aussi bien pour les particuliers que pour les industriels, et contrôler également son origine. L’objectif est d’éviter, de prévenir et de réduire les effets nocifs de la pollution atmosphérique sur la santé humaine et l’environnement. » Pour ce faire, les citoyens proposent entre autres de :
Des initiatives portées par des acteurs d’Île-de-France apportent des réponses à ces questions, à découvrir dans le dossier de presse :
LA NECESSITE DE CONCERTER, INFORMER ET FORMER SUR LA FORET ET LE BOIS
Les forêts d’Île-de-France, connues pour la richesse de leur patrimoine culturel et historique, revêtent un intérêt fort pour les franciliens avec une personne interrogée sur deux qui déclare se rendre une fois par mois en forêt selon le baromètre des forêts franciliennes de l’ONF[3]. Néanmoins certains enjeux et aspects sont encore méconnus du grand public : règlementation, modes de gestion, droit de propriété des forêts, usages du bois... Cette méconnaissance de la filière forêt bois impacte également les métiers qui y sont associés, parfois perçus comme peu attractifs. Pour l’année 2023, plus de 76 000 recrutements sont prévus en France mais 53% des employeurs estiment ces embauches difficiles[4]. En Île-de-France, 186 formations de la filière forêt-bois ont été recensées en 2022.
L’ensemble des citoyens ont partagé le constat que la gestion forestière, la transformation du bois, ses usages et les problématiques associées sont méconnus du grand public, malgré un intérêt grandissant pour la forêt et le bois. Les propositions des citoyens appellent à la sensibilisation de l’ensemble de la population à ces sujets mais aussi sur les métiers, afin d’attirer plus de monde dans cette filière d’avenir. Il est également demandé une meilleure participation citoyenne au sein des instances de gouvernance de la forêt et du bois en Île-de-France.
Proposition citoyenne : Sensibiliser et informer l’ensemble de la population
Les citoyens indiquent que « les enjeux de la biodiversité de la forêt doivent être partagés dès le plus jeune âge et pour tous, dès l’école maternelle » et qu’« il faudra aussi sensibiliser les collectivités, les citoyens et les propriétaires forestiers privés aux enjeux du reboisement, par voie de communication et de compagnonnage. » Les citoyens souhaiteraient que « Fibois propose une Semaine de la Forêt (a%u0300 l’image de la semaine du goût) avec un projet pilote en Île-de-France […] pour faire découvrir les métiers de la forêt […] et les enjeux de la filière ».
Proposition citoyenne : Promouvoir les formations et les métiers de la filière bois en Île-de-France
« Nous voulons former les professionnels de la construction a%u0300 la construction en bois, en partenariat avec Po%u0302le Emploi. Avec l’augmentation et l’importance de l’utilisation du bois dans la construction, nous allons faire face a%u0300 un manque de personnel qualifie%u0301 dans toute la filie%u0300re ». Les citoyens indiquent e%u0301galement vouloir « cre%u0301er un Festival des Me%u0301tiers du bois, [...] un « Festi’Bois » pour les jeunes cre%u0301e%u0301 par les jeunes ou%u0300 des mini ateliers et des stands seront propose%u0301s avec la pre%u0301sence des e%u0301tablissements scolaires, des compagnons, des syndicats professionnels, de Po%u0302le Emploi. »
Proposition citoyenne : Augmenter la représentativité citoyenne dans les instances de gouvernance de la filière forêt-bois, dont la Commission régionale de la forêt et du bois (CRFB)
Les citoyens souhaitent « créer un collège de citoyens [...] au sein de la Commission régionale de la forêt et du bois (CRFB). [...] Par cette action, les citoyens seront présents à chaque réunion, ce qui permettra d’avoir un avis et un échange direct entre tous. [...]. En invitant des citoyens aux réunions du CRFB, les sujets liés à la forêt pourront plus facilement être partagés à la société civile. »
Des initiatives portées par des acteurs d’Ile-France apportent des réponses à ces questions, à découvrir dans le dossier de presse :
[1] Programme régional de la forêt et du bois en Île-de-France, 2019-2029. Donnée 2016.
[2] Il s’agit là principalement du bois bûche qui est issu d’une économie informelle, c’est-à-dire qu’il ne fait pas l’objet d’une commercialisation. Il s’agit notamment d’une pratique de l’affouage, qui est le droit conféré aux particuliers de se procurer du bois dans la forêt communale.
[3] ONF, 8 novembre 2022, Communiqué de presse « Premier baromètre des forêts franciliennes
[4] CODIFAB, Fibois France, FBF https://www.codifab.fr/uploads/media/6259a70c1c01e/la-filiere-foret-bois-recrute.pdf
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07/10/24 à 12h30 GMT