Face aux contraintes qui pèsent sur le travail des défenseurs de l’environnement à l’échelle planétaire, le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) se tient aux côtés de cette catégorie de personnes qui subissent des niveaux de violence, de harcèlement et de menaces de plus en plus élevés. Alors que les exploitations minières, les exploitations agricoles entre autres exercent des menaces sur la survie de certaines communautés qui perdent leurs moyens de subsistance de façon générale, l’organisation internationale basée à Ottawa (Canada) est d’avis que les activistes qui œuvrent pour la défense de l’environnement doivent bénéficier d’une protection et voir leurs actions encadrées sur le plan juridique. « Ils travaillent pour le bien commun et non pour eux-mêmes. Ils le font pour leurs communautés et pour leurs pays. Donc, ce n’est pas parce qu’ils ou elles haussent la voix qu’ils sont des menaces. Ce ne sont pas des attitudes de confrontation, mais de co-production et de co-développement d’un équilibre écologique et environnemental pour le bien tous », affirme Ramata Molo Thioune, spécialiste de programmes principale au CRDI.
Cette dernière a été fascinée par l’histoire relatée en mai dernier à Yaoundé d’un défenseur des droits, le nommé Joseph Fa’a Embolo, qui s’est opposé à un projet d’exploitation de plus de 6000 ha de terre dans son village Wala à Nanga-Eboko, région du Centre-Cameroun, par une entreprise chinoise (alors que l’accord de concession ne prévoyait que 100 ha à l’entreprise). Son opposition en 2011 lui a valu quatre mois de prison. Mais, il a été libéré grâce à une mobilisation engagée par le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED), dans le cadre du projet « Verdir le respect des droits de l’Homme dans le Bassin du Congo ». Le projet financé par la Commission de l’Union européenne entre 2015 et 2018 a entre autres permis d’apporter une assistance judiciaire à une dizaine de défenseurs de l’environnement.
1910 activistes de l’environnement tués au cours de la dernière décennie selon Global Witness
Les défenseurs de l’environnement sont des individus qui vivent dans les communautés et qui ont droit à la vie. Quand bien même les investissements privés sont importants pour booster la croissance économique et le développement, les défenseurs de l’environnement veillent à ce que les réalisations se fassent de façon concertée et inclusive et tiennent compte de la durabilité.
En ce moment, le CRDI finance un appel à propositions de projets dans certaines régions, notamment l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie. Il s’agit de zones où ces questions se posent avec acuité. A travers une telle initiative, l’organisation réitère sa détermination à protéger ceux et celles qui ne sont pas toujours compris ou sont menacés par des intérêts privés et politiques quelques fois. L’enjeu, explique notre source, est d’identifier les stratégies qui permettent de les protéger.
A travers la recherche financée par le CRDI, il est davantage question de mieux comprendre la nature et les facteurs de menaces auxquelles font face les activistes du climat et de l’environnement, en mettant l’accent sur les expériences vécues et en cernant des stratégies d’intervention efficaces. Dans les pays en développement où l’Etat ne peut pas tout faire et n’a pas les moyens de tout faire, ces défenseurs de l’environnement sont complémentaires aux ressources de l’Etat. L’Etat ne pouvant pas être partout, ces défenseurs sont des substituts qui complètent ses actions. « C’est un appel global, mais sélectif, compte tenu de nos moyens. Ce sont des études de cas qui peuvent être mises à échelle et donc duplicables dans le temps et dans l’espace, sous certaines conditions », conclut Ramata Molo Thioune. In fine, la recherche est censée générer des leçons plus larges sur les moyens efficaces de contrer la fermeture des espaces civiques. D’après Global Witness, les cas de meurtre de 1910 activistes défendant l’environnement ont été recensés au cours de la dernière décennie.
07/10/24 à 12h30 GMT