"... le personnel de la CCSN a préparé un rapport sur la robustesse des centrales nucléaires après l'accident survenu à Fukushima. Ce rapport est classifié et sera présenté à la Commission à huis clos " (
CMD 12-M23 page 13). Voilà ce qui est écrit noir sur blanc dans le Plan d'action du personnel de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) qui sera débattu en réunion publique le 3 mai prochain à Ottawa. Pour le Mouvement Sortons le Québec du nucléaire (MSQN), il est d'ores et déjà acquis que le public canadien et québécois n'aura pas droit à toute l'information sur les conséquences d'un événement de type Fukushima ou d'un événement catastrophique qui pourrait se dérouler au Canada.
Même si sa loi constitutive l'oblige à " informer objectivement le public " sur le nucléaire, notamment " sur ses activités et sur les conséquences, pour la santé et la sécurité des personnes et pour l'environnement ", le personnel de la Commission canadienne de sûreté nucléaire estime que " la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires ne stipule pas que la CCSN doit informer le public de façon objective et scientifique sur toutes (sic) les questions nucléaires ". Pour Michel Duguay, coordonnateur du Mouvement Sortons le Québec du nucléaire, " L'interprétation de la Loi faite par le personnel de la Commission nous semble abusive et ne permettra pas au public et au gouvernement de juger du sérieux de l'industrie nucléaire canadienne, de vraiment prendre en compte les leçons de Fukushima ".
Pour Christian Simard, de Nature Québec, " Une des grandes leçons à tirer de Fukushima c'est la trop grande proximité entre les opérateurs de centrales nucléaires et de l'organisme de contrôle du type de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, ce qui a provoqué une sous-estimation systématique des risques et un faux sentiment de sécurité au niveau du gouvernement et de la population ". C'est pourquoi le Mouvement estime que la Commission canadienne de sûreté nucléaire est bien mal placée pour tirer des leçons de Fukushima, particulièrement depuis le congédiement de son ancienne présidente, Linda Keen, qui avait sonné l'alarme sur les dangers de la centrale nucléaire de Chalk River en 2008.
" Définitivement, le coeur va fondre "
De plus, le MSQN estime que la Commission n'a pas répondu correctement à ses demandes et commentaires. Faisant référence à la déclaration " Définitivement, le coeur va fondre " du Dr. Greg Rzentkowski dans l'éventualité d'un séisme de grande ampleur, déclaration faite lors d'une audience au Nouveau-Brunswick, on a demandé si la Commission entend informer clairement le public québécois des risques encourus à la centrale Gentilly-2. Le personnel a répondu que " Les remarques formulées par le Dr Rzentkowski sont déjà de notoriété publique. Aucune autre annonce publique n'est donc nécessaire ". Pour le MSQN, l'affirmation " Aucune autre annonce publique n'est donc nécessaire " est un déni de la première leçon de Fukushima, à savoir que des séismes peuvent dépasser les hypothèses et causer d'énormes dommages.
Le Mouvement entend participer à la réunion publique à Ottawa, le 3 mai prochain, pour dénoncer ces agissements de la Commission et de son personnel, ainsi que pour présenter ses recommandations. Celles-ci s'adresseront, par-delà la Commission, aux gouvernements canadien et québécois qui ont la responsabilité ultime du nucléaire sur leur territoire. Après Fukushima et l'échec de l'organisme de contrôle nucléaire japonais, on ne pourra plus invoquer l'ignorance en cas de catastrophe.