Le pétrole que la compagnie Suncor achemine par train à Sorel-Tracy depuis trois semaines est un produit lourd, non raffiné, issu des sables bitumineux de l'Alberta. Par ailleurs, la pétrolière confirme pour la première fois que les navires sont destinés à l'exportation. L'arrivée de ce pétrole inhabituel au Québec entraîne le renforcement de plusieurs mesures de sécurité.
Le bruit des freins résonne aux installations de Kildair, au bord du fleuve, à Sorel-Tracy. Comme tous les jours depuis la mi-juillet, une trentaine de wagons arrivent au ralenti pour décharger leur contenu de pétrole.
« Nous acheminons du pétrole lourd de l'ouest par train jusqu'à la raffinerie de Montréal depuis décembre 2013, mais à Sorel [pour charger les navires], c'est la première fois », confirme la porte-parole de Suncor, Nancy White.
Pour l'occasion, Suncor, a remplacé les tristement célèbres DOT-111 par une nouvelle génération de wagons, plus épais et résistants. Quant au Canadien National, il a réduit la vitesse des convois et inspecte deux fois par semaine la voie ferrée qui traverse la Montérégie.
La compagnie Kildair, qui stocke le pétrole avant de le charger sur des navires, a également renouvelé ses équipements de sécurité et ses infrastructures. « Le pétrole brut, pour nous, c'est une nouvelle commodité », explique le PDG Daniel Morin, qui fait des affaires depuis déjà depuis plusieurs années dans le domaine du mazout ou du bitume. « La soupe aux légumes, tout le monde sait à quoi ça ressemble, mais celle du restaurant du coin est différente de l'autre restaurant ».
Kildair a placé des gicleurs tous les 40 mètres, le long des rails, et s'est équipée d'un wagon spécial d'intervention en cas d'incendie, en partenariat avec la Ville de Sorel-Tracy. Un protocole est en cours de préparation pour offrir une assistance à d'autres municipalités de la Montérégie en cas d'incident.
« On comprend très bien l'inquiétude des gens, à la suite de l'incident de Lac-Mégantic », dit le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin. « Mais le projet d'entreposage du pétrole chez Kildair, ça fait déjà un an et demi que nos équipes d'intervention d'urgence y travaillent. À Sorel-Tracy, ville d'industrie lourde, la gestion du risque, ça fait partie de notre culture. »
Suncor et Kildair n'ont pas eu besoin de passer par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement pour faire transiter le pétrole albertain par Sorel-Tracy. « Il a été déterminé avec les autorités gouvernementales qu'il n'y avait pas de nécessité de faire [des audiences publiques]. On a travaillé avec le ministère de l'Environnement et la Régie du bâtiment pour avoir tous les permis requis », explique le PDG de Kildair, Daniel Morin.
Le ministère de l'Environnement explique qu'il n'y a des audiences publiques que pour l'implantation d'un installation. Or, dans ce cas, Kildair réutilise des réservoirs qui existaient déjà. La compagnie n'avait donc besoin que d'un certificat d'autorisation, qu'elle a obtenu en décembre 2013 après avoir démontré que les mesures de sécurité avaient été renforcées.
Source: Radio Canada
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