Le Forum Social Mondial 2016, qui en est à la dernière étape de ses activités, affirme clairement, dans sa charte et les principes qui la soutienne, que le processus de partage des idées, des pratiques et des expériences s’inscrit dans un espace ouvert à la multiplicité et à la diversité des analyses et des engagements. Cet espace pluriel constitue sa force et sa richesse et contribue à tracer de nouvelles voies de changement. Gaïa Presse a donc porté son attention au courant politique dit du nouveau socialisme, fort actif et présent dans de nombreux pays, afin de mieux savoir comment cette tendance politique envisage le futur et analyse la crise écologique et ainsi donc climatique.
Dans le cadre d’un atelier intitulé Crise écologique : le future e(s)t maintenant, quatre intervenants ont exposé des points de vue convergents portant sur les constats à établir et les actions à poser. Daniel Tanuro, ingénieur agronome belge et auteur, Geneviève Azam, de l’Université de Toulouse et Fred Magdoff, professeur émérite de l’Université de Vermont et militant socialiste se sont penché sur la nature de la crise écologique. Dès lors, selon eux, quel doit être le parcours à suivre pour mettre fin aux crises multiples et à un possible effondrement de la société actuelle ?
Une crise écologique qui témoigne d’un cul-de-sac pour l’humanité
Andréa Levy, animatrice de la rencontre, nous fait part que la nouvelle gauche, le nouveau socialisme, doit s’engager résolument sur les questions environnementales afin de jouer un rôle constructif dans la mobilisation citoyenne. Le capitalisme dit vert est confronté à ses contradictions (surproduction, exploitation sans fin des richesses naturelles).Ainsi donc, selon elle, la décroissance doit être mise à l’ordre du jour.
Dans ce sens, Daniel Tanuro nous soumet que la problématique environnementale doit être considérée comme menant à un cul-de-sac et que, malgré les accords répétés sur les changements climatiques, la trajectoire actuelle peut être qualifiée d’irréversible. Les solutions prioritaires avancées (bioingénérie) et les modèles qui les accompagnent ne peuvent nous assurer que l’objectif de réduction des GES à 1,5°C peut se réaliser. Dans les faits, le budget carbone prévu pour 2040-50 est déjà atteint. Le futur est donc maintenant. La responsabilité doit en être imputée au développement capitaliste et à sa consommation effrénée des hydrocarbures pour satisfaire le marché concurrentiel. Des solutions existent, comme la captation accrue des GES par les sols et les forêts, solution qui se démarque clairement de la fausse transition énergétique et des emplois verts. Finalement, l’avenir politique quant à un basculement souhaitable réside dans l’action directe, à savoir bloquer des projets déterminés du développement capitaliste (usines, barrages) et en misant sur l’élargissement des mouvements sociaux.
Le mode de production actuel des richesses : la source de cette crise écologique
Fred Magdoff, nous rappelle que le mode de production capitaliste est fondé sur un développement continu aiguillonné par la concurrence. Les entreprises veulent sans cesse croître, les pays étendre leur poids économique en se déresponsabilisant des problèmes causés par ce développement sans fin. A ce titre, ce sont pour eux des externalités qui sont nécessaires .D’ailleurs, selon lui, le concept de croissance zéro, dans l’état actuel des choses, est inconséquent. Il importe donc que le nouveau socialisme s’investisse dans les actions locales et les mouvements sociaux car la politique partisane ne permet pas de conduire à renversement du système dominant.
Un défi inédit : les crises multiples nous invitent au dépassement
Geneviève Azam situe la présente crise écologique comme partie prenante d’un écheveau de crises que connait l’humanité, à savoir crise climatique, crise financière, crise sociale. Cette situation demeure inédite car elle affecte notre vie même (climat) et se présente à toute l’humanité. Une première historique, il faut le dire. On peut même la qualifier d’effondrement.
Il faut s’éloigner du paradigme en parlant d’un avenir radieux qui suivra ces crises et cesser les promesses irréfléchies. Nous sommes confrontés à une civilisation qui postule que l’humain est un être souverain et qu’il peut s’approprier la nature pour satisfaire ses besoins sans cesse grandissants. Chose certaine, selon elle, l’économie verte et le développement technologique ne représentent pas la voie à suivre.
À cet égard, le nouveau socialisme doit promouvoir que la décroissance soit envisagée et qu’il ne s’agit plus de corriger les défaillances du dit système mais d’accepter la fragilité de l’être humain, de reconnaître ses limites quant à la consommation et au développement.
Source : GaïaPresse
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