Lancé le 10 octobre à la FAO, un programme impliquant plusieurs partenaires et estimé à 45 millions d’euros vise à aider les pays des régions Pacifique, Afrique et Caraïbes à mettre un terme à la chasse non durable des animaux sauvages, à protéger leur héritage naturel et à renforcer les moyens d’existence des populations, ainsi que la sécurité alimentaire.
Financé par la Commission européenne, le programme qui s’étalera sur sept ans, est une initiative du Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Porté par la FAO, le programme s’appuiera sur l’expertise du Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), du Centre français de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et de la Société pour la conservation de la vie sauvage (CWS).
Le programme contribuera à la protection de la faune et à son utilisation durable dans les forêts, savanes et zones humides, en règlementant la chasse des animaux sauvages, en renforçant la gestion des capacités des communautés autochtones et rurales et en améliorant l’offre de denrées à base de viande produites de manière durable et de poissons d’élevage. Cela permettra de faire face à un déficit en protéines chez les familles pauvres vivant en milieu rural et de répondre à la demande alimentaire croissante en provenance des zones urbaines et rurales.
S’exprimant lors du lancement du programme aujourd’hui, M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, a déclaré : « La faune revêt une valeur écologique, sociale et économique. Elle est indispensable au développement rural, à la planification de l’utilisation des terres, à l’approvisionnement alimentaire, au tourisme, à la recherche scientifique et à l’héritage culturel.
Ce programme contribuera à protéger les animaux sauvages, à protéger la biodiversité et à maintenir le rôle essentiel écologique joué par la faune. Cela contribuera également à protéger les stocks et les services écosystémiques qui sont essentiels aux moyens d’existence de certaines des communautés rurales les plus pauvres de la planète».
«C’est la première fois que nous combattons ces deux problèmes en même temps – conservation et sécurité alimentaire – a déclaré M. Neven Mimica, Commissaire européen pour la coopération internationale et le développement, lors de la cérémonie d’ouverture. «Il s’agit d’un effort collectif et d’une approche globale essentiels afin d’atteindre notre double objectif qui est de protéger la biodiversité des forêts et des savanes, tout en s’assurant de la sécurité alimentaire de quelques-unes des populations les plus vulnérables et politiquement marginalisées de la planète», a -t-il ajouté.
«Les défis que cette initiative cherche à relever sont nombreux et importants avec notamment la santé et la nutrition, le développement économique et la biodiversité», a rappelé M. Patrick I. Gomes, Secrétaire général du Groupe des Etats de l’ACP. «Aucun de ces défis ne peut être résolu par une seule intervention, c’est pourquoi ce nouveau partenariat entre la FAO, le CIFOR, le CIRAD et le CWS est idéalement structuré pour apporter les solutions multisectorielles dont nous avons désespérément besoin», a-t-il indiqué.
Le Tchad, la République démocratique du Congo, le Gabon, le Guyana, Madagascar, le Mali, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la République du Congo, le Sénégal, le Soudan, la Zambie et le Zimbabwe comptent parmi les pays participants.
Le niveau de chasse et de pêche dans les pays ciblés n’est souvent pas durable et affecte les populations animales sauvages dans les forêts et savanes.
De nombreux pays font déjà face à une «crise de la viande de brousse» a indiqué M. Graziano da Silva. Par exemple, le programme estime que dans le Bassin du Congo, près de 4,6 millions de tonnes de viande de brousse sont consommées chaque année, soit l’équivalent de près de la moitié du bœuf produit dans l’Union européenne.
Si on ne parvient pas à réduire la chasse de la faune à des fins alimentaires pour faire en sorte qu’elle atteigne des niveaux durables, nous perdrons en biodiversité et de nombreuses familles (dont les moyens d’existence dépendent des ressources naturelles) souffriront des niveaux croissants d’insécurité alimentaire et de malnutrition infantile.
Le Programme de gestion durable de la faune travaillera en étroite collaboration avec les autorités nationales en vue de fournir aux communautés rurales des sources de protéines alternatives à l’image du poulet, du bétail ou encore du poisson d’élevage. Cela permettra ainsi de dissuader les populations de chasser des espèces menacées et de contribuer à leur reconstitution, tout en réduisant les risques liés à la sécurité alimentaire pouvant être associés à la consommation de viande sauvage.
Dans des endroits où la production de bétail est limitée en raison de conditions climatiques défavorables, où il est difficile d’importer la viande ou qu’elle est financièrement inabordable, les gens continueront de compter sur les animaux sauvages pour nourrir leurs familles. Prendre des mesures afin de reconnaître les droits fonciers coutumiers des populations peut les encourager à s’impliquer davantage dans la protection de la faune sur leurs terres et éviter une chasse inutile.
A l’inverse, dans les grandes zones urbaines, la viande de brousse est vendue mais n’est pas considérée comme une nécessité alimentaire, plus comme un article de luxe. Bien que la proportion de citadins consommant de la viande sauvage soit souvent faible, la demande nette peut atteindre des sommets. Dans de tels cas, des restrictions sur la consommation de viande de brousse doivent être mises en place.
Le programme vise à aider les gouvernements à développer des politiques proactives et à renforcer les cadres de travail juridiques afin de réduire la consommation de viande de brousse pour lui faire atteindre des niveaux durables, et ce, sans compromettre la sécurité alimentaire des populations qui dépendent de la chasse de la faune pour leurs moyens d’existence et leurs besoins nutritionnels.
L’initiative se focalise également sur la création d’emplois dans le secteur agricole, sur l’autonomisation des femmes et sur la protection des droits des populations autochtones et traditionnels, en vue de leur garantir un accès aux ressources naturelles dont ils dépendent pour leurs moyens d’existence et sur lesquelles est basée leur culture.
Le programme contribue à la réalisation de plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) liés à la sécurité alimentaire, à la gestion durable des terres et à la protection de la biodiversité, et en particulier à l’ODD 15, selon lequel cette année «le braconnage et le trafic d’animaux sauvages restent de vives sources d’inquiétude».
Source : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture