Corridor appalachien est fier d’avoir contribué, en partenariat avec le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports (MTMDET) et le ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs (MFFP), à la mise en place d’un passage pour les tortues et autres petits animaux dans la portion de la route 245 qui traverse qui traverse l’étang Peasley à Bolton-Est. Il s’agit du premier passage du genre aménagé par le MTMDET au Québec.
Cette zone avait été documentée par Corridor appalachien comme un site névralgique (hotspot) de collision avec les tortues dont certaines espèces sont menacées. « Comme communauté, nous pouvons être fiers d’être les premiers au Québec à mettre en place des passages fauniques comme ceux-ci. L’installation de ce passage constitue une avancée majeure pour le rétablissement des populations de tortues. Nous remercions chaleureusement le MTMDET d’avoir accepté de collaborer à ce projet innovateur remarquable », a déclaré Mélanie Lelièvre, directrice générale de Corridor appalachien. Des clôtures ont été installées de part et d’autre de la route pour diriger les tortues vers le passage. Le MTMDET a profité d’une réfection de ponceau pour intégrer ce passage à l’infrastructure routière.
Un site névralgique
L’étang Peasley constitue un habitat de choix pour les tortues : on trouve à proximité la rivière Missisquoi Nord, des milieux humides, ainsi que des milieux terrestres utilisés comme sites de ponte. C’est durant la période de la ponte que la situation est spécialement problématique pour les tortues. Les femelles se déplacent davantage, à la recherche d’un endroit sablonneux ou graveleux pour enfouir leurs œufs. Les abords de la route sont des endroits très prisés des femelles qui cherchent à y pondre. Malheureusement, ce faisant, elles sont souvent écrasées ou blessées par les véhicules. « On retrouve principalement deux espèces de tortues dans les milieux humides et aquatiques de part et d’autre de la route à la hauteur de l’étang Peasley : la tortue peinte et la tortue serpentine. Les tortues mettent de nombreuses années à atteindre la maturité sexuelle et ne pondent qu’une seule fois par année. La mort de chaque femelle adulte représente donc une importante menace pour les populations de tortues. Un déclin significatif peut survenir chez les populations affectées, voire même une extinction locale. », a expliqué Clément Robidoux, biologiste et coordonnateur à la conservation chez Corridor appalachien. Clément Robidoux est aussi membre de l’équipe de rétablissement des tortues du Québec, un groupe qui travaille à mettre en œuvre un plan pour rétablir les populations de tortues sur le territoire québécois, il est donc bien au fait de la situation des différentes espèces de tortues.
Les passages pour animaux, de plus en plus répandus
L’utilisation de passages pour aider les animaux à traverser les routes est courante en Europe et de plus en plus répandue aux États-Unis et au Canada. Dans ce cas précis, il y a deux passages : un passage aquatique et un passage terrestre. Le passage aquatique (2,5 m X 2,5 m) est constitué d’un ponceau de béton préfabriqué, tandis que le passage terrestre est constitué d’un tunnel de béton polymère de 50 cm X 32 cm dont la partie supérieure est ajourée, permettant ainsi à la lumière d’entrer.
Les deux passages sont ceinturés d’une clôture permettant de guider les tortues et autres petits animaux vers les passages. L’utilisation des passages par les poissons, les grenouilles, le vison d’Amérique, le rat musqué, la loutre de rivière, le raton laveur et le castor du Canada est déjà confirmée.
Les passages pourraient également être utilisés par toutes les espèces d’amphibiens et reptiles présentes dans ce secteur. De plus, Corridor appalachien prévoit, au besoin, ajouter une tablette à l’intérieur du ponceau aquatique pour faciliter le passage de petits et moyens mammifères comme le renard, le vison d’Amérique ou le raton laveur. « Les infrastructures de transport, essentielles à nos déplacements et à l’économie, peuvent avoir un impact significatif sur la faune terrestre et aquatique. Partout, les ministères des transports reconnaissent l’importance d’assurer des passages sécuritaires pour les animaux qui traversent les routes. Nous félicitons le MTMDET et Corridor Appalachien pour leur leadership et leur collaboration dans la conception de ce passage pour les tortues et plusieurs autres espèces. Avec ce projet exemplaire, ils offrent une solution rentable et reproductibles pour d’autres régions du Québec et au-delà, » a déclaré Jessica Levine, Coordonnatrice du partenariat international « Staying Connected » qui vise à maintenir et restaurer la connectivité écologique dans les Appalaches.
Un projet bien documenté, un partenariat gagnant
Depuis ses tout débuts, Corridor appalachien s’intéresse à la protection des populations de tortues sur son territoire d’action. Or, depuis plusieurs années, des membres du personnel, mais aussi des visiteurs et des résidents locaux ont rapporté des tortues mortes aux abords de la route 245. Corridor appalachien a donc commencé à documenter ces observations et a fait part de la situation au MTMDET. Par la suite, le MTMDET nous a informés qu’il prévoyait, à court terme, remplacer un ponceau présent dans une zone accidentogène pour les tortues, identifiée par Corridor appalachien, et qu’il désirait prendre compte de la problématique concernant les mortalités des tortues. Corridor appalachien a accompagné et conseillé le MTMDET notamment en matière d’aménagement et s’est engagé à faire le suivi et à documenter l’utilisation du nouveau passage par la faune, en partenariat avec le MFFP. Cette démarche de suivi vise à obtenir des données tangibles qui pourront éventuellement être utilisées ailleurs au Québec. Corridor appalachien collecte des données depuis 2012; les biologistes et techniciens en écologie entament donc leur 7e année de suivi sur cette route, afin de quantifier la mortalité des tortues suite aux collisions avec les véhicules. « Dans ce cas précis, la reconstruction du ponceau était requise; il était donc essentiel de faire des travaux à cet endroit. C’était l’occasion idéale pour intégrer le passage faunique à la structure routière afin de faciliter les déplacements des animaux et d’accroître la sécurité routière des usagers en diminuant les risques de collisions », explique Yves Poulin, coordonnateur en environnement au MTMDET.
À propos
Corridor appalachien est un organisme de conservation à but non lucratif créé en 2002, qui a pour mission de protéger les milieux naturels de la région des Appalaches du sud du Québec. Par la mise en œuvre de sa stratégie de conservation transfrontalière, Corridor appalachien procure aux collectivités locales les moyens de maintenir et de restaurer un cadre de vie qui respecte l’écologie de la région, dans une perspective de développement durable. www.corridorappalachien.ca
L’initiative Staying Connected est une collaboration internationale visionnaire, qui œuvre à la préservation de la connectivité forestière à l’échelle du paysage dans cette région transfrontalière, pour le bénéfice de la nature et des gens qui la peuplent. Notre travail ignore les frontières et vise à conserver la connectivité des habitats ainsi que les nombreux bénéfices écologiques, sociaux et économiques associés à des milieux naturels sains et interconnectés. www.stayingconnectedinitiative.org
Source: Corridor appalachien
Crédit photos: Corridor appalachien