Le Premier Ministre du Royaume du Bhoutan, M. Jigmi Y. Thinley,
a annoncé aujourd'hui, au cours d'une conférence de presse, que son
pays convoque, le 2 avril prochain au Siège de l'ONU à New York, la
toute première Réunion de haut niveau sur le thème " Le bonheur et le
bien-être: définir un nouveau paradigme économique ".
La Réunion s'appuie sur
une résolution* de l'Assemblée générale intitulée " Le bonheur: vers une
approche globale du développement ". Dans ce texte, l'Assemblée
considèreque, de par sa nature même, le produit intérieur brut (PIB) est
un indicateur qui ne donne pas une image exacte du bien-être de la
population d'un pays. Elle invite donc les États Membres à tenir mieux
compte de l'importance du bien-être pour le développement afin
d'orienter leurs politiques nationales.
En la matière, le Bhoutan
est un précurseur. Il a remplacé, il y a déjà 40 ans, le PIB par le
" Bonheur national brut " (BNB), somme des quatre indicateurs que sont
la croissance et le développement économiques; la conservation et la
promotion de la culture; la sauvegarde de l'environnement et
l'utilisation durable des ressources; et la bonne gouvernance
responsable.
À la veille de la
Conférence internationale sur le développement durable dont les trois
piliers sont la croissance économique, la protection de l'environnement
et le développement humain, le Premier Ministre du Bhoutan a vu dans la
Réunion de haut niveau une occasion de faire une contribution
déterminante.
La Réunion de haut niveau
devrait réunir 600 représentants des États Membres, des organisations
internationales, de la société civile, des milieux universitaire,
économique et des médias, dont le Président du Costa Rica, dirigeant de
" l'économie la plus verte de la planète ", le Secrétaire général de
l'ONU et plusieurs lauréats du prix Nobel.
Les participants
devraient, selon le Premier Ministre du Bhoutan, rivaliser de
suggestions, d'idées et de recommandations que les gouvernements
pourraient volontairement appliquer pour avancer vers un nouveau
paradigme économique. Les spécialistes devraient parler des nouveaux
indicateurs en matière de développement, y compris pour accélérer la
réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Le Premier Ministre a
donné quelques exemples comme celui de la Thaïlande qui travaille au
concept " d'économie suffisante " et celui de l'Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) qui s'efforce de
définir de nouveaux indicateurs qui tiennent mieux compte de " la
qualité de vie ".
M. Jigmi Y. Thinley
a expliqué que pour un pays comme le sien qui a adopté le BNB comme
indicateur, l'idée est de trouver l'équilibre entre les besoins du corps
et ceux de l'esprit et de renoncer à la fausse croyance selon laquelle
" plus on consomme, plus on est heureux ".
Quant aux moyens pratiques
de promouvoir l'accès au bonheur et au bien-être, le Premier Ministre a
estimé que la première étape est de mettre en oeuvre la bonne
gouvernance dans un environnement démocratique.
Avec la multiplication des
catastrophes naturelles et des épidémies liées aux changements
climatiques ou à la frénésie de consommer, nous sommes arrivés, a dit le
Premier Ministre, à une étape où chaque être humain doit faire de son
mieux pour éviter la destruction de la planète.