Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, attend de la Conférence de Paris sur le climat (COP21), qui s'ouvre lundi dans la capitale française, un plan à long terme qui permette de maintenir en-deçà de 2 degrés Celsius la hausse de la température planétaire et de ne laisser aucun doute sur l'inévitabilité d'une transformation de l'économie mondiale fondée sur le passage à des modes de fonctionnement sobres en carbone.
Dans une tribune publiée par le journal français Le Monde, M. Ban explique que la question du changement climatique lui tient à cœur parce qu'en tant que grand-père, il souhaite que ses petits-enfants « puissent profiter de la beauté et de la générosité d'une planète en bonne santé », et qu'en tant qu'être humain, il est « peiné de constater que les inondations, les périodes de sécheresse et les incendies se multiplient, que les nations insulaires vont être rayées de la carte et que d'innombrables espèces sont vouées à disparaître ».
« Nous avons le devoir moral de nous montrer solidaires des pauvres et des plus vulnérables qui, bien qu'ils n'aient que très peu contribué aux changements climatiques, sont les premières victimes de leurs effets », ajoute-t-il.
Le Secrétaire général déclare avoir fait de la lutte contre les changements climatiques une priorité car « aucun pays du monde ne peut relever seul un tel défi ». « Les changements climatiques n'ont pas de nationalité, les émissions, d'où qu'elles proviennent, aggravent le problème partout dans le monde et menacent les moyens de subsistance et la vie de tous. La stabilité économique et la sécurité des nations sont elles aussi menacées. Nous ne pouvons lutter contre ce phénomène, mondial par nature, que par une action collective coordonnée par l'Organisation des Nations Unies », affirme-t-il.
Les négociations, poursuit-il, ont été lentes et fastidieuses mais ont porté leurs fruits. En réponse à l'appel lancé par l'ONU, plus de 166 pays, collectivement responsables de plus de 90 % des rejets dans l'atmosphère, se sont dotés de plans nationaux de lutte contre les changements climatiques, assortis de cibles claires. Si ces plans sont menés à bien, ils permettront de ralentir l'augmentation des émissions et de limiter la hausse de la température mondiale à environ 3 degrés Celsius d'ici à la fin du siècle, selon les prévisions.
« C'est un progrès considérable mais insuffisant », ajoute M. Ban. « Il nous faut à présent aller plus loin, et plus vite, pour réduire les émissions mondiales de manière à maintenir la hausse des températures en-dessous de la barre des 2 degrés Celsius, tout en aidant les pays à s'adapter aux conséquences inévitables des changements climatiques, auxquelles nous devons d'ores et déjà faire face ».
« Plus vite nous agirons, plus les bénéfices seront, pour nous tous, importants : plus de stabilité et de sécurité, une croissance économique plus forte et plus durable, une meilleure résistance aux chocs, un air et une eau plus purs, une santé améliorée », poursuit-il. « Nous n'y parviendrons pas du jour au lendemain. La Conférence de Paris n'est pas la ligne d'arrivée, mais la ligne de départ de notre ambitieuse course contre les changements climatiques. Elle doit marquer un tournant décisif vers un monde moins pollué et moins vulnérable face aux changements climatiques ».
Soulignant que partout dans le monde, le mouvement s'accélère, avec des villes, des entreprises, des investisseurs, des chefs religieux et des citoyens qui agissent pour réduire les émissions et renforcer la résilience, M. Ban affirme qu'il incombe désormais aux gouvernements de conclure à Paris « un accord substantiel et contraignant, qui pose clairement les jalons pour une action mondiale plus ambitieuse ».
« Il faudra pour ce faire que les dirigeants donnent aux négociateurs des orientations claires. Je pense que ce sera le cas », affirme M. Ban, rappelant que les dirigeants des pays du G20, qui se sont réunis ce mois-ci à Antalya, en Turquie, se sont montrés « très déterminés à agir ». Et plus de 120 chefs d'État et de gouvernement ont confirmé qu'ils seraient présents à Paris, malgré les préoccupations que suscitent les conditions de sécurité depuis les attentats.
Pour porter des fruits, l'accord de Paris devra « s'inscrire dans la durée, être souple, reposer sur la solidarité et être crédible », ajoute-t-il.
« Premièrement, il doit offrir un plan à long terme qui permette de maintenir en-deçà de 2 degrés la hausse de la température planétaire, et ne laisser aucun doute sur le fait qu'une transformation de l'économie mondiale fondée sur le passage à des modes de fonctionnement sobres en carbone est inévitable, bénéfique, et déjà en cours ».
« Deuxièmement, il doit être suffisamment souple pour ne pas devoir être constamment renégocié au gré de l'évolution de l'économie mondiale. Et il doit refléter un juste équilibre entre le rôle moteur des pays développés et les responsabilités croissantes des pays en développement ».
« Troisièmement, il doit reposer sur la solidarité, c'est-à-dire, notamment prévoir des transferts de fonds et de technologies aux pays en développement. Les pays développés doivent tenir l'engagement qu'ils ont pris de dégager 100 milliards de dollars par an, d'ici à 2020, pour les mesures d'adaptation aux changements climatiques et de réduction des effets de ces changements ».
« Quatrièmement, il doit prévoir des mesures crédibles pour parer aux effets de plus en plus marqués des changements climatiques. Il doit instituer des cycles quinquennaux pour que les États soient amenés à évaluer régulièrement leurs plans d'action et à les renforcer en fonction des dernières données scientifiques. Et il doit établir des mécanismes transparents et robustes de suivi et de mesure des progrès, ainsi que de communication de l'information s'y rapportant ».
Communiqué de l'ONU (520 hits)
09/08/24 à 08h48 GMT