La COP 21 a été officiellement lancée hier avec le défilé et le discours de près de 150 chefs d’Etats et de gouvernements qui ont présenté chacun les ambitions de leurs nations pour les deux prochaines semaines. Mais ce qui a marqué le plus ce premier jour, c’est la déclaration signée par 43 pays vulnérables en fin de journée.
Cent pour cent d’énergie renouvelable à l’horizon 2050, une complète décarbonisation de l’économie mondiale, zéro émission de gaz à effet de serre d’ici le milieu du siècle, et la limite de la hausse de la température planétaire à 1,5°C. Telles sont les principales exigences formulées dans la déclaration signée par les 43 pays membres du Forum de la Vulnérabilité Climatique (CVF) en fin d’après-midi du 30 novembre 2015 au Bourget.
Le CVF regroupe les pays qui sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, entre autres Madagascar, Maldives, Ethiopie, Rwanda, Tanzanie, Kenya, Ghana, Costa Rica, Barbade, Bangladesh, Philippines, Népal. Dans leur déclaration appelée « Déclaration de Manilles-Paris » les 43 pays se sont également engagés à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre et à établir des objectifs plus ambitieux, ainsi que de rechercher des solutions de financement entre eux mais de ne pas attendre uniquement les financements reçus des pays développés.
« Le changement climatique ne nous affecte pas de la même manière. Ces pays qui ont contribué le moins au problème sont souvent les plus affectés. Nous sommes ici pour coopérer. Nous sommes ici pour partager des expériences. Même si nous contribuons le moins et souffrons le plus, nous ne tournons pas au ralenti », a déclaré Kare Chawicha, Ministre d’Etat de l’Environnement en Ethiopie et nouveau président du CVF pour la période 2016-2017.
L’avènement de cette déclaration après une journée de beaux discours de près de 150 chefs d’Etat et de gouvernement parmi ceux qui ont soumis leurs Contributions prévues déterminées nationales (CPDN) a été une occasion pour la société civile de rappeler l’importance d’avoir un accord de qualité et réellement bénéfique, et non seulement de signer un accord.
Selon Mohamed Adow, conseiller principal sur le changement climatique au sein de Christian Aid, « c’est la souffrance des pays vulnérables qui nous a amenés à être ici à Paris pour lutter contre le changement climatique. Mais la cruelle ironie est que sous sa forme actuelle, l’accord de Paris ne sera pas suffisant pour eux. Les engagements actuels accroitront la température à 2,7 degrés, alors que ces pays ont besoin de 1,5 degré pour survivre. C’est comme une queue de lézard capturée par un prédateur – celui-ci devra la rompre pour s’échapper. Ces pays vulnérables sont en danger de devenir la queue de lézard et d’être sacrifiés alors que le reste du monde échappe aux dangers du changement climatique ».
Engagements de soutien au développement des énergies propres
Outre la déclaration du CVF, des engagements de soutien au développement des technologies sur l’énergie propre, à la réduction des émissions dans les pays les plus pauvres et à la réduction des risques climatiques émanant des secteurs public et privé ont marqué la journée du 30 novembre.
Bill Gates et d'autres investisseurs de technologie ont lancé un fonds d'énergie propre soutenu par 28 des plus riches investisseurs de la planète, qui verra un doublement de l'argent pour le financement de la recherche sur l'énergie propre dans les cinq prochaines années dans 20 pays y compris les Etats-Unis, la France, le Canada, la Grande Bretagne, l'Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud.
L'Inde a officiellement lancé une Alliance internationale solaire hier dans le cadre de ses efforts pour promouvoir une économie sobre en carbone alimentée essentiellement par l'énergie solaire, invitant plus de 100 pays solaires riches pour faciliter la mise en œuvre généralisée de projets et d'infrastructures solaires. Les pays entre les Tropiques du Cancer et du Capricorne ont été invités à se joindre à l'initiative, y compris de nombreux pays africains et asiatiques, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Brésil, la France, la Chine et les États-Unis.
Un nouveau fonds de la Banque mondiale de 500 millions de dollars, soutenu par quatre nations européennes - Allemagne, Norvège, Suède et Suisse - aidera les pays en développement réduisent leurs émissions de carbone.
Enfin, l’ensemble des 150 chefs d’Etat se sont accordés sur l’urgence de trouver un accord pour trouver la planète dans leurs discours. « Ce ne sera pas une promenade dans le Parc pour aboutir à un accord. C’est un temps de crise, et des négociations brutales viennent de commencer, parce que des vies sont en jeu. Nous avons besoin d’un objectif sur le long terme pour éliminer les émissions dues aux combustibles fossiles, car nous avons besoin de savoir où cet accord nous mène », conclut Tim Gore, conseiller international sur la politique en changement climatique d’Oxfam.
09/08/24 à 08h48 GMT