Après trente jours de jeûne, les musulmans se sont retrouvés au complexe islamique de Tsinga le 15 juin dernier pour la grande prière. L’invité surprise aura été l’hymne national « Ô Cameroun, berceau de nos ancêtres » chanté en ces lieux saints.
Le ramadan est un mois de jeûne pour tous les musulmans pratiquants. C’est un moment de sévère privation où les repas ne se prennent pas comme pendant les temps ordinaires. Le repas du matin doit se prendre avant le lever du jour. Il faut se rassurer qu’on en a pris assez pour pouvoir tenir pour toute la journée jusqu’à dix-huit heures où l’on pourra alors rompre le jeûne en prenant son deuxième repas du jour.
La fête de fin de ramadan appelée barka da sala est chez les musulmans un moment très important qu’ils préparent d’ailleurs pendant tout le mois du jeûne. On commence dès le vingt- huitième jour à scruter le ciel pour voir poindre le soleil. Si le soleil n’est pas aperçu jusqu’au trentième jour, d’office ce dernier est déclaré jour de fête de fin de ramadan. Les musulmans se parent alors de leurs plus beaux vêtements, vont à la mosquée louer Allah et invitent autant que possible tous leurs amis pour partager avec eux. Il faut préciser que pendant le jeûne, ce n’est pas le moment pour eux de faire des économies. C’est plutôt le moment où, sous la forme de la zakat(l’aumône), ils offrent aux démunis.
Ce qui a surpris cette année, c’est que l’on se mette à chanter l’hymne national du Cameroun au complexe islamique de Tsinga sous le prétexte de la présence de certains ministres à la prière. En approchant certains fidèles pour leur demander comment ils expliquent cette confusion, ils nous font croire que c’est une manière de reconnaître l’autorité de l’Etat. Est-ce partout où l’on rencontre les ministres de la République qu’il faut entonner l’hymne national ? Allah serait-il le seul qui admet d’autre divinité que lui ?
Quelle que soit l’explication qu’on pourrait nous donner, il est à constater qu’il y a là une confusion de statut et de rôle.
La même confusion se rencontre dans certaines structures publiques où lors des réunions administratives ou officielles la prière se discute la préséance avec l’hymne national dans un Etat qui se veut laïc.
Sur la laïcité de l’Etat
La laïcité se définie comme ce qui est indépendant de toute confession religieuse. Cela signifie qu’il n’y a aucune confusion entre les affaires publiques avec la religion. Dans un Etat comme le nôtre, chacun est libre de pratiquer sa foi ou d’adhérer à une obédience religieuse de son choix. Cela exclu radicalement lors des cérémonies publiques ou des manifestations administratives toutes formes de prière.
En réalité, la laïcité de l’Etat est un athéisme qui ne dit pas son nom. Cela veut dire en d’autres termes que l’Etat n’admet rien au-dessus de lui. Il se donne d’ailleurs le droit de vie ou de mort sur ses citoyens. C’est pour cela que l’on évoque souvent la raison d’Etat pour expliquer certains actes qu’il se donne à lui et à lui seul le droit de poser.
Vivement que ces confusions cessent, que chacun joue le rôle lié à son statut afin que l’homme puisse s’épanouir partout et en tout temps.
11/12/24 à 13h46 GMT