La perception socioculturelle du handicap au Burkina n’est pas très favorable à l’intégration sociale et à l’épanouissement de l’enfant handicapé.
Des cas d’infanticide étaient jadis constatés sur des enfants qui naissaient avec une malformation. Ces derniers étaient abandonnés, déposés vivants dans les fourmilières, dans les bois sacrés ou éliminés discrètement par le système d’étouffement, de gavage, de lavement (purge) avec des décoctions toxiques. Ces forfaitures étaient attribuées par la suite à la punition des ancêtres, aux génies et autres dieux.
Des enfants « encéphalopathes » sont considérés dans certaines familles comme des enfants serpents, "porte-malheur", génies ou comme des animaux pour des familles de chasseurs.
Dans d’autres milieux, ils sont souvent abandonnés à leurs mères sans aucun soutien sous prétexte qu’elles auraient enfreint aux coutumes ou qu’elles auraient traversé un bois sacré, une rivière ou une grotte aux serpents (cas de Séguénéga dans la province du Yatenga) pendant la grossesse.
Ailleurs, la femme épileptique est isolée, puis remise à ses parents une fois son épilepsie découverte. La société juge que l’épileptique contamine en temps de crise par ses gaz et sa bave.
Quant aux albinos, ils ont des difficultés pour se marier, parce que dit-on, leur corps sécrète des liquides qui sentiraient mauvais. Ils sont aussi vus comme des êtres qui se déplacent la nuit au cours de leur sommeil.
Toutefois, ces perceptions n’ont pas toujours été négatives dans toutes les communautés. En effet, une étude anthropologique menée au Burkina Faso mentionne qu’en pays bissa, les personnes aveugles étaient considérées comme des êtres ayant certains pouvoirs. « En bisa, le terme « bou » signifie à la fois le « devin » et l’« aveugle ». Auparavant, il fallait être aveugle pour être devin : ne voyant pas ce que les autres voient, il était censé voir ce que les autres ne voyaient pas. »
Aujourd’hui, ces préjugés tendent à s’estomper et font place à une meilleure acceptation de la personne en situation de handicap grâce à l’évolution de la science, des mentalités et par le biais des actions de sensibilisation.
Cependant, il reste un travail important à faire pour que les lois, les conventions soient intégralement mises en pratiques et que les croyances et les pratiques traditionnelles irrespectueuses des personne en situation de handicap (PSH), cessent.
17/10/24 à 09h35 GMT