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Bibliothèques scolaires : Des structures à revitaliser



  • Face à la promotion de l’informatique et à l’affirmation des Centres de Ressources Multimédia(CRM), les bibliothèques scolaires sont menacées de désuétude. Reportage sur leur fonctionnement dans certains établissements.

    C’est avec le Décret présidentiel de 2001/041 que les bibliothèques scolaires ont été transformées en Centre de Documentation et d’Information (CDI) qui est chargé, entre autres, de recenser les besoins exprimés, rechercher les moyens complémentaires hors de l’établissement, classer et indexer la documentation existante, produire et reproduire les documents didactiques…

    C’est, théoriquement, le lieu où les élèves vont consulter les documents dont ils ont besoin. L’on peut constater cependant que ces CDI ne sont pas beaucoup visités pour plusieurs raisons. Dans certains établissements des zones reculées, ils n’existent simplement pas.

    Certains chefs d’établissements ne désarment pas pour autant. M. Laurent Nkama, Proviseur au Lycée de Ngoulemekong, une bourgade au sud du pays à cent kilomètres de Yaoundé, explique son fonctionnement : «Faute d’un local approprié, je confie la garde des livres à certains de mes collaborateurs, responsables administratifs, qui les sécurisent dans leurs bureaux. Les élèves viennent les chercher pour une consultation à domicile de deux jours ou même d’une semaine avant de les leurs rapporter. C’est la formule que j’ai choisie pour les encourager à lire ».

    Dans les grandes métropoles où des structures existent, le fonctionnement n’est pas pour autant ce qu’il devrait être.

    Au Lycée Bilingue de Yaoundé (LBY), par exemple, nous avons rencontré le chef du CDI qui s’exprime en ces termes : « Les élèves ne consultent pas du tout les livres puisqu’ils ne leur sont pas toujours bénéfiques pour leurs études immédiates. Ce n’est que cette année que le nouveau proviseur a acheté quelques livres qui les intéressent. Ceux des élèves de la section francophone n’y viennent même pas. Ceux de la section anglophone viennent, mais beaucoup plus pour trouver le calme et lire leurs propres livres et cahiers. Lorsqu’il arrive qu’un d’entre eux s’intéresse à un livre du CDI, on l’amène au rayon de la discipline concernée, on cherche ensemble, si on le trouve, il le prend, va l’exploiter dans la salle de lecture et nous le laisse à la sortie ». A-t-on besoin d’insister plus pour comprendre que ce fonctionnement est artisanal.

    C’est le lieu pour nous de constater qu’il se pose d’énormes problèmes quant à la gestion de cette structure scolaire.

    Le personnel qu’on y rencontre n’est aucunement qualifié. Il s’agit généralement d’enseignants qui estiment qu’ils sont fatigués ou alors atteints d’une maladie ne leur permettant plus de continuer à exercer efficacement leur métier. Lorsqu’ils sollicitent d’être déchargés des enseignements, l’expédient consiste à les envoyer au CDI ou dans d’autres services scolaires comme la scolarité ou les archives. Ce qui signifie que les CDI sont mal organisés car ces personnels ne savent pas comment coter et classer les documents. Ce qui porte bien évidemment un coup sérieux au bon fonctionnement de cette structure.

    Les programmes scolaires sont trop touffus. Il y a tellement de matières dans le sous système éducatif francophone qu’il n’y a plus d’heure de permanence permettant eux élèves d’aller lire ou consulter au CDI.

    C’est donc une interpellation à l’endroit des pouvoirs publics pour qu’ils forment et affectent un personnel qualifié dans ces structures scolaires ; que les programmes soient réaménagés afin d’initier, d’inciter et d’encourager les jeunes à la lecture qui est un des vecteurs d’une éducation de qualité, gage du développement durable.

    Par : Agnès Béatrice BIKOKO et Paul OMBIONO

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