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En route vers une nouvelle politique agricole UE: Plate-forme suite 2



  • Constat : Une politique agricole en crise

    L’agriculture traverse actuellement une crise profonde. Le développement des dernières décennies l’a entraîné dans une impasse d’un point de vue écologique, social, éthique et économique.

    La politique agricole de l'UE prône toujours, même au regard de la réforme de 1992 et de l’Agenda 2000, l’augmentation de la production et de la productivité, donc la restructuration du secteur agricole. Les excédents qui en résultent doivent être résorbés grâce à des subventions spécifiques à l’exportation : les restitutions et, de plus en plus subtilement, les aides directes afférentes aux produits exportés mais non considérées par l'Accord sur l'agriculture (AsA) de l'OMC comme ayant un effet de dumping. Les prix mondiaux des produits agricoles, en baisse constante, ne sont pas uniquement le résultat de meilleures conditions de production, mais aussi de subventions élevées et de faibles standards sociaux et écologiques de certains pays producteurs (Union Européenne inclus). La surproduction et la structuration des marchés mondiaux aboutissent à une chute constante des prix payés aux producteurs y compris pour les paysans des pays les plus pauvres. Cette situation menace leur existence. Les crises sanitaires se multiplient en même temps que l’intensification des productions, entraînant par « mesure de précaution » des destructions massives d’animaux alors que la véritable raison est le désengorgement du marché, en excluant le respect de toute éthique du vivant… On produit pour détruire !

    Au sein de l'UE, on constate une intensification, une concentration géographique et une spécialisation croissante des « exploitations agricoles », qui en augmentant leurs achats d’intrants accroissent leur dépendance vis à vis des industries de l’agro-chimie.

    Le métier d’agriculteur se limite de plus en plus à la production de matières premières à bas prix à destination de l’industrie agricole et agroalimentaire. D’autres services, tels que la protection, la création de paysages, le maintien de la biodiversité, ne sont pas valorisés. Les systèmes de production plus naturels ou nécessitant davantage de main-d’œuvre se trouvent de plus en plus marginalisés du fait, entre autre, de leurs coûts répercutés au seul consommateur. Les effets catastrophiques de notre dumping, notamment celui camouflé sous des aides directes légales vis-à-vis de l'OMC, sur les pays pauvres ne sont pas pris en compte. Les animaux, qui ne sont plus considérés comme des êtres vivants, mais seulement comme des marchandises, subissent l'univers concentrationnaire des élevages industriels.

    En dix ans, près de 1 million d’emplois agricoles ont disparu au sein de l’Union européenne (soit plus de 230 chaque jour!) et la tendance ne paraît pas vouloir s’inverser. La taille des fermes augmentant sans cesse, les installations de nouveaux agriculteurs est rendue difficile, voire impossible.

    Les territoires naturellement défavorisés, qui offrent souvent les paysages les plus riches et la biodiversité la plus importante, se vident et perdent quelquefois leur intérêt écologique. Les territoires plus fertiles et « mécanisables » se transforment en steppe agraire sans intérêt écologique et s’érodent rapidement.

    Les budgets agricoles des Etats ne tiennent pas compte des services écologiques et sociaux que la société civile attend de l’agriculture. La société, qui accepte de moins en moins de payer pour une agriculture en voie d’industrialisation, risque de condamner globalement toute forme de soutien à l’agriculture, ce qui engendrerait de graves conséquences sociales et environnementales.

    Il est urgent d’agir. La politique agricole doit changer profondément pour aller vers la défense du bien commun.

    Une réorientation de la politique agricole européenne s’impose donc en vue :

    - de l’élargissement de l’UE ;
    - de l’application de traités internationaux sur le maintien de la biodiversité, de la lutte contre l’effet de serre ;
    - de l’application de l’agenda 21 et du programme d’action du 21°siècle pour un développement durable.

    Il importe aujourd’hui de prendre des décisions courageuses, qui tiennent compte des demandes de la société, de la nécessité de protéger l’environnement, et qui offrent des perspectives durables aux agriculteurs et au monde rural en pleine mutation.

    Les consommateurs, les associations de protection de l'environnement et les organisations citoyennes attendent et soutiennent aujourd’hui de telles démarches et souhaitent un partenariat constructif avec le monde paysan.
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