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Rapport sur l’État de la population mondiale 2005



  • Selon le rapport sur l’État de la population mondiale 2005, rendu public aujourd’hui par l’UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population, les efforts conduits dans le monde entier pour “reléguer la pauvreté dans le passé” échoueront à moins que les dirigeants du monde n’agissent dès maintenant pour mettre fin à la discrimination sexuelle.

    Le rapport, intitulé La promesse d’égalité : égalité des sexes, santé en matière de procréation et Objectifs du Millénaire pour le développement, demande aux dirigeants du monde de tenir les promesses faites aux femmes et aux jeunes du monde entier afin d’atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté convenus au Sommet du Millénaire en 2000 et réaffirmés par le Sommet mondial tenu le mois dernier à New York. Investir dans les femmes et les jeunes – qui constituent la majorité de la population mondiale – accélérera le développement à long terme. Ne pas le faire risque d’affermir l’emprise de la pauvreté pour des générations à venir.

    “Je suis ici aujourd’hui pour dire que les dirigeants du monde ne pourront reléguer la pauvreté dans le passé avant de reléguer la discrimination sexuelle dans le passé”, a déclaré la Directrice exécutive de l’UNFPA, Thoraya Ahmed Obaid, en présentant aujourd’hui le rapport. “Nous ne pouvons reléguer la pauvreté dans le passé tant que nous n’arrêterons pas la violence à l’égard des femmes et des filles. Nous ne pouvons reléguer la pauvreté dans le passé avant que les femmes ne jouissent de la plénitude de leurs droits sociaux, culturels, économiques et politiques.”

    Le rapport – dont la publication coïncide avec le soixantième anniversaire de la Charte des Nations Unies, qui a proclamé l’égalité de droits des femmes et des hommes – affirme qu’investir dans les femmes et les filles constitue une démarche pleine de sens sur les plans économique et social. La raison en est que la discrimination débouche sur une productivité plus faible et des coûts de santé plus élevés. Elle entraîne aussi des taux de mortalité plus élevés chez les mères et les enfants et menace sérieusement les efforts faits pour réduire la pauvreté dans le monde entier.

    Au niveau mondial, les problèmes de santé en matière de procréation – dont le VIH/sida – constituent la cause majeure de mortalité et de morbidité chez les femmes âgées de 15 à 44 ans. En fait, ils entraînent la perte de plus de 250 millions d’années de vie productive par an au niveau mondial.

    Chaque année, environ 529 000 femmes meurent de causes liées à la grossesse qui sont presque entièrement évitables. Le manque d’accès aux contraceptifs modernes est la cause principale d’environ 76 millions de grossesses non recherchées dans le seul monde en développement et d’environ 19 millions d’avortements pratiqués dans des conditions dangereuses au niveau mondial, cela chaque année. Dans beaucoup de cas, le résultat en est une infirmité permanente ou la mort.

    D’autre part, l’investissement dans les perspectives offertes aux femmes et aux filles sur les plans politique, économique et éducatif produit des gains rapides et d’importants bénéfices qui se traduisent par une amélioration des perspectives économiques, des familles moins nombreuses, des enfants en meilleure santé et plus instruits, la baisse des taux de prévalence du VIH et une moindre incidence des pratiques traditionnelles nuisibles. De plus, les études montrent que les femmes qui contrôlent les ressources familiales tendent à investir un pourcentage plus élevé de leurs gains que les hommes dans la satisfaction des besoins de leur famille.

    Néanmoins, en dépit de nouvelles lois et de nouveaux programmes conçus pour améliorer la condition des femmes les plus pauvres du monde, le rythme du changement est beaucoup trop lent. Si de nombreux pays travaillent à éliminer l’écart entre les sexes dans l’éducation et à améliorer l’accès aux soins de santé des femmes, des enfants et des autres groupes de population marginalisés, les statistiques continuent de rapporter des faits troublants.

    Le manque d’accès à la planification familiale et à la santé en matière de procréation est intimement lié à la pauvreté. Aujourd’hui, la population mondiale est voisine de 6,5 milliards et, selon les prévisions, atteindra 9,1 milliards en 2050. Ce dernier chiffre suppose qu’hommes et femmes continueront à avoir les moyens de décider du nombre de leurs enfants et du moment de leur naissance.

    Le rapport avertit que la violence – qui est peut-être la forme de violation des droits humains la plus systématique et la plus répandue – continue de terroriser des millions de femmes et de filles, indépendamment du lieu de résidence, de la race ou de la situation socioéconomique. Au niveau mondial, une femme sur trois est victime à un moment quelconque de sa vie de sévices physiques, sexuels ou autres – généralement du fait d’un membre de la famille ou d’une personne de connaissance. Les adolescentes sont particulièrement vulnérables : près de 50 % des agressions sexuelles commises dans le monde entier frappent des filles âgées de 15 ans ou encore plus jeunes. Beaucoup trop souvent, celles qui y survivent ne se voient guère offrir voies de recours, réparation judiciaire ou aide.

    Au niveau mondial, les femmes n’occupent que 16 % des sièges parlementaires – soit une augmentation de 4 points de pourcentage depuis 1990. Ce sont les pays en développement qui ont fait certains des pas en avant les plus remarquables. Par exemple, le Rwanda est désormais, avant la Suède, le pays du monde où les femmes détiennent la proportion la plus importante de sièges parlementaires.

    “De nombreux dirigeants demandent la liberté des échanges aux fins de stimuler la croissance économique”, a déclaré Mme Obaid. ”Il est temps de demander que des mesures soient prises pour libérer les femmes de la discrimination, de la violence et de la mauvaise santé qu’elles affrontent dans leur vie quotidienne.”

    “Et je peux vous assurer que les femmes du monde entier sont lasses d’entendre des promesses, encore des promesses et toujours des promesses”, a-t-elle ajouté. “Le moment est venu. Les moyens existent; l’engagement formel existe. Il ne faut plus maintenant qu’agir. “
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