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Rodrigues : le tourisme est-il la solution au développement ?



  • Réflexions d’un visiteur, de passage sur l’île…

    Située dans l’archipel des Mascareignes au cœur de l’Océan Indien à 600 km au nord est de l’île Maurice dont elle fait partie, l’île Rodrigues a préservé, par la force des choses, une nature sauvage, authentique et des coutumes garantes de l’âme créole. Toutefois, l’île évolue au sein d’un milieu naturel vulnérable : fréquents cyclones, fragilité de l’écosystème renforcée par les activités humaines – déboisement pour l’agriculture, pâturage pour l’élevage, et pêche (qui sont aussi les principales ressources des habitants) et par dessus tout, un grave problème d’approvisionnement en eau.

    Cette petite île (110km2) de 38000 habitants, isolée, connaît un développement économique très lent, pour ne pas dire inexistant. Aujourd’hui, il est important que les habitants de Rodrigues trouvent des pistes alternatives et celles-ci existent : l’option d’un tourisme vert et durable est sérieusement envisagée et serait probablement bienvenue mais attention ! Sa grande sœur, l’île Maurice, doit servir d’exemple quant aux erreurs à ne pas reproduire. Dans un contexte national de développement touristique intensif et de pression économique accrue, où l’on parle d’atteindre 2 millions de touristes d’ici 2015, il est important d’être attentif à l’évolution de l’industrie touristique à Rodrigues : un développement touristique maîtrisé, planifié est capital pour éviter l’impact négatif que celui ci peut engendré sur la population et l’environnement ! Beaucoup s’accordent à dire qu’il ne faut pas de nouvelles grosses structures touristiques sur l’île. Un tourisme adapté à l’île et ses habitants, mettant en valeur l’artisanat, le cadre naturel et l’accueil chaleureux des rodriguais tout en préservant leur écosystème et leurs valeurs doit être mis en avant et soutenu par les autorités concernées.

    Tout d’abord, un réel effort doit être fait par le gouvernement mauricien, l’Assemblée Régionale de Rodrigues et d’autres partenaires sur place, comme par exemple l’Union Européenne représentée par une délégation de coopération décentralisée, pour que les problèmes concernant l’eau, soient résolus : travaux d’aménagement d’infrastructures de distribution d’eau, de systèmes de récupération d’eau de pluie, d’irrigation etc.…. Le secteur privé, dans le cadre de la ‘Corporate Social Responsabiliy’ doit également être impliqué dans ces aménagements.

    Ensuite, dans le cadre des programmes de réduction de la pauvreté et de préservation de l’environnement mis en place actuellement par le gouvernement et relayés par la société civile, il existe des moyens pour accompagner des projets de développement locaux qui, avec l’activité touristique, de façon directe ou indirecte, pourraient être générateurs de revenus pour la population : on pense par exemple à la création de coopératives d’agriculteurs et de pécheurs mettant en commun leurs ressources et leurs moyens pour approvisionner les hôtels et les restaurants de l’île, évitant ainsi que ces derniers se fournissent à l’extérieur. La possibilité également de créer des gîtes ou des tables d’hôtes, des boutiques ou des coopératives d’artisanat ou de produits locaux grâce à des structures de micro crédits, encore trop peu répandues à Maurice et qui permettraient pourtant, avec peu de moyens de mettre en route des activités rémunératrices permettant à court ou moyen terme de rembourser les sommes empruntées puis d’acquérir par la suite une indépendance financière améliorant radicalement les conditions de vie de la population. Ces mêmes micros crédits permettraient également aux artisans, qui se font de plus en plus rare à Rodrigues, de monter leurs affaires (ferrailleurs, peintres, couvreurs, etc.…..) faisant ainsi tourner une petite économie locales de proximité.

    Dans beaucoup de pays, comme par exemple en Amérique Latine ou en Inde, de telles initiatives réussies ont permi aux populations d’avoir de nouvelles perspectives allant parfois au-delà de leurs espérances (comme par exemple, la commercialisation à l’échelle internationale d’articles locaux produits artisanalement…). En adaptant ces solutions qui fonctionnent ailleurs, avec la volonté des partenaires, une réelle collaboration avec l’île Maurice et la motivation des habitants, l’île Rodrigues pourrait inventer le développement qui lui convient le mieux, durable et solidaire.
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