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TECHNIQUES = La pollution des eaux : un vaste sujet



  • Cet article a été co-rédigé avec Monique Henry du CEGEP de St-Laurent (Québec).

    La pollution des eaux est un vaste sujet, tout simplement parce qu'elle est multiple, complexe et a diverses facettes. Dans cet article, nous allons essayer d'y voir plus clair.

     La pollution, telle que définie par la Directive-Cadre Européenne sur l'Eau (DCE), est l'introduction directe ou indirecte, par suite de l'activité humaine, de substances ou de chaleur dans l'air, l'eau ou le sol, susceptibles de porter atteinte à la santé humaine ou à la qualité des écosystèmes aquatiques ou des écosystèmes terrestres dépendant directement des écosystèmes aquatiques, qui entraînent des détériorations aux biens matériels, une détérioration ou une entrave à l'agrément de l'environnement ou à d'autres utilisations légitimes de ce dernier.

     En première approche, les pollutions peuvent se différencier suivant leur nature. Elles sont physiques, chimiques ou biologiques. Ramade, dans son livre " introduction à l'écotoxicologie ", nous livre des exemples de ces pollutions. Par exemple, la pollution thermique est une pollution physique. Pour les pollutions chimiques, on a l'embarras du choix : les pesticides en sont un exemple. Quant à la pollution biologique, on pense d'emblée aux bactéries et virus présents dans les effluents d'eaux usées domestiques même s'il y en a d'autres types.

      On peut aussi différencier les pollutions ponctuelles des pollutions diffuses. Un émissaire urbain est une source ponctuelle, tandis que l'épandage de pesticides dans un champ génère une pollution diffuse, par essence difficilement contrôlable.

     On peut s'attacher à l'origine des pollutions. Elle peut ainsi être industrielle, variant d'un rejet à l'autre en fonction des procédés utilisés dans les usines. On connaît aussi la pollution agricole qui est souvent diffuse, si on excepte les rejets des bâtiments et ceux des élevages confinés.

     Les eaux résiduaires urbaines ont un faciès qui évolue en fonction de l'urbanisation et de l'industrialisation des villes. Leur contenu est influencé par les eaux usées domestiques, sortant de nos maisons, qui combinent les eaux ménagères ou grises et les eaux vannes ou noires. Elles incluent les eaux pluviales si le réseau d'assainissement est un système unitaire. Quand le réseau est séparatif, les eaux pluviales sont véhiculées et traitées à part. Et on y retrouve des eaux rejetées par les industries, généralement prétraitées pour être conformes à la réglementation en vigueur.

     Au-delà des pollutions urbaines, agricoles ou industrielles, il ya d'autres pollutions comme celles qui se produisent lors d'accidents, celles qui ont lieu par négligence et celles par malveillance.

     Enfin, on peut parler de pollution naturelle quand la pollution n'est pas provoquée par l'Homme. Ainsi, une forte pluie sur des sols à couverture végétale faible, comme c'est souvent le cas au Sahel, peut amener de grandes quantités de matières qui peuvent perturber les écosystèmes aquatiques.

    On peut affiner notre vision des pollutions en s'intéressant à la taille des matières polluantes. On parle alors de pollution particulaire et on distingue les matières en suspension, les matières colloïdales et les matières dissoutes. Les matières en suspension (MES) sont la plupart du temps présentes dans les eaux usées et les mesurer nous permet de les caractériser. Les colloïdes, présents en plus ou moins grande quantité dans les eaux naturelles, sont mesurés via la turbidité, paramètre de contrôle des stations de production d'eau potable. Pour les matières dissoutes ou en solution, elles sont tellement fines qu'on ne les voit pas...

     Quant à la pollution chimique, de toute taille, on peut faire la différence entre les polluants organiques, plus ou moins biodégradables, parfois pas du tout ou presque (exemple : les polychlorobiphényles ou PCB), et les polluants inorganiques (ou minéraux) tels que les nitrates en agriculture, les chlorures très présents dans les eaux vannes ou l'arsenic pouvant être présent naturellement, comme dans certains coins du massif central en France.

    Restent les micropolluants, inorganiques ou organiques, qui, comme leur nom l'indique, sont nuisibles même en très faible quantité. On pense ainsi aux pesticides, aux métaux lourds ou aux HAP. Beaucoup sont extrêmement nocifs et leur contrôle est primordial.

     

    Ainsi, les POP (Polluants organiques Persistants) sont jugés préoccupants dans le monde entier et soumis à des normes strictes ou carrément interdits. Enfin, s'ajoutent maintenant les polluants "émergeants" comme les hormones ou les résidus de médicament qui passent au travers des systèmes classiques d'épuration et se retrouvent donc dans le milieu naturel.

     

    Puisque les pollutions et les polluants sont très nombreux, il est difficile de tous les mesurer. Pour la pollution par les microorganismes, on utilise des organismes témoins, dont l'absence présuppose que les organismes pathogènes ont disparu.

     

    Pour caractériser la pollution chimique, on a eu recours historiquement à des paramètres globaux, englobant un ensemble de substances. On a aussi recours à des bio-essais pour déterminer les effets toxiques combinés directement sur des organismes vivants. Nous verrons cela dans de prochaines dépêches.

     

    [TECHEAUA]

     

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