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L'appui et la mise à disposition de moyens aux petits exploitants agricoles peut conduire à une nouvelle révolution agricole durable



  • Soutenir les petits exploitants agricoles à jouer un rôle plus important dans la production alimentaire et la gestion des ressources naturelles est l'une des façons les plus rapides pour sortir plus d'un milliard de personnes de la pauvreté et nourrir de façon durable une population mondiale croissante, selon un nouveau rapport des Nations Unies lancé aujourd'hui.

    Une grande majorité des 1,4 milliards de personnes vivant avec moins de 1,25 dollars par jour vivent en milieu rural et dépendent largement de l'agriculture pour leur subsistance, tandis qu'il est estimé que 2,5 milliards de personnes sont engagés à temps plein ou partiel dans  l'exploitation agricole à petite échelle.

    Ces petits exploitants gèrent environ 500 millions petites exploitations et fournissent plus de 80 pour cent de la nourriture consommée dans de larges franges du monde en développement, en particulier en Asie du Sud et en Afrique sub-saharienne, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté.

    Une étude antérieure a montré qu'une augmentation d'un pour cent du PIB  par habitant était en mesure de réduire l'écart de pauvreté cinq fois plus qu'une augmentation similaire dans d'autres secteurs, en particulier parmi les populations les plus pauvres. Une autre étude a démontré que pour chaque augmentation de dix pour cent des rendements agricoles, il y avait une réduction de sept pour cent de pauvreté en Afrique, et une réduction de plus de cinq pour cent en Asie.

    Cependant avec la fragmentation des terres, la réduction du soutien à l'investissement et la marginalisation des petites exploitations dans les politiques économiques et de développement ont entravé le développement de cette contribution vitale et ont rendu de nombreux petits exploitants vulnérables.

    Avec de bonnes conditions d'exploitation et un soutien ciblé, ces agriculteurs souvent négligés peuvent transformer le paysage rural et déclencher une nouvelle révolution agricole durable, selon le rapport Smallholders, Food Security and the Environment (Petits exploitants, sécurité alimentaire et Environnement) un rapport commissionné par le Centre de suivi mondial pour la conservation (UNEP-WCMC) et le Fonds international de développement agricole (FIDA).

    "Deux décennies de sous-investissement dans l'agriculture, de concurrence croissante pour la terre et l'eau, de hausse des prix du  carburant et de l'engrais, et de changement climatique ont conduit les petits exploitants à être moins en mesure d'échapper à la pauvreté", a déclaré Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des NU et Directeur exécutif du PNUE.

     "À la suite du Sommet de Rio 20 et dans le cadre de l'agenda de développement post-2015 durable, y compris l'élaboration d'un ensemble d'objectifs de développement durable, il y a un intérêt croissant et puissant %u200Bdes  systèmes alimentaires durables. Cela comprend le défi Faim Zéro du Secrétaire général des NU et la campagne Pensez Mangez Préservez: Réduisez votre empreinte ", a-t-il ajouté.

     " Les petits exploitants agricoles peuvent continuer à être marginalisés ou reconnus comme catalyseurs pour une transformation des processus de gestion de l'approvisionnement en nourriture au niveau mondial  et des services environnementaux qui soutiennent l'agriculture", a déclaré M. Steiner. "Surtout, ce rapport indique clairement que l'investissement dans ce secteur offre le plus haut taux de rendement pour ceux qui s'intéressent à lutter contre la pauvreté et réaliser et construire les objectifs de développement du Millénaire, y compris l'OMD 7 sur la durabilité environnementale."

    La "révolution verte" agricole dans une grande partie du monde en développement au cours des années 1960 et 1970 a considérablement augmenté la productivité agricole et la réduction de la pauvreté. En outre les petits exploitants agricoles bénéficiaient de nombreux avantages. Toutefois, ces réalisations ont également amoindri la base axée sur les ressources qui ont rendu la révolution possible.

    Alors que la petite exploitation agricole dépend des services fournis par des écosystèmes fonctionnant correctement, parallèlement, les pratiques agricoles peuvent  avoir, et ont eu des impacts sur ces écosystèmes en raison de la pauvreté qui incite les petits exploitants à modifier les habitats. Par conséquent, ils nuisent à la biodiversité en surexploitant  l'eau et les nutriments  et en polluant l'eau et le sol.

    Il est estimé que les pressions exercées sur les terres et les autres ressources augmenteront au cours des 40 prochaines étant donné que l'agriculture devra nourrir une population mondiale plus importante et plus urbanisée.

    Les pratiques actuelles amoindrissent les bases écologiques du système alimentaire mondial à travers la surexploitation et les effets de la pollution agricole, aggravant ainsi la dégradation en réduisant les capacités des écosystèmes à générer des rendements durables. Ils représentent une menace à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté.

    L'intensification d'une agriculture durable et des pratiques agricoles qui préservent la base de ressources dont dépendent les petits exploitants afin qu'elle continue de soutenir la sécurité alimentaire et le développement rural peut être la réponse pour renforcer la sécurité alimentaire, la protection de l'environnement et la réduction de la pauvreté. Les petits producteurs ont un rôle clé à jouer dans ce processus.

    " Les petits exploitants agricoles détiennent des sources d'expérience et de connaissances locales qui peuvent fournir les solutions concrètes nécessaires pour placer l'agriculture sur une position plus équitable et durable", a déclaré Elwyn Grainger Jones, Directeur de la Division Environnement et climat du FIDA. " Pour placer ces petits exploitants à la pointe de la transformation de l'agriculture mondiale, ils ont besoin d'un soutien approprié pour surmonter les nombreux défis auxquels ils sont confrontés. "

    Le rapport, qui vise à améliorer la compréhension entre les décideurs et les praticiens des relations entre les petits exploitants, la sécurité alimentaire et l'environnement, a fait une série de recommandations, notamment:

    • La promotion de l'agriculture durable a mis l'accent sur %u200B%u200Bla réduction des impacts de l'agriculture sur l'environnement et de nombreux petits exploitants sentent  que cela les prive des possibilités limitées de croissance.  Les mécanismes au niveau communautaire et des exploitations  qui prennent en compte ces préoccupations tout en intensifiant l'approche durable des terres  ont besoin d'être développées.

    • Éliminer les obstacles politiques nécessaire à une croissance agricole durable nécessite des mécanismes fondés sur le marché qui fournissent aux petits exploitants des aides pour investir dans la  durabilité, tels que: la suppression des subventions sur les engrais non durables; subventionner les pratiques qui encouragent la conservation des sols et de l'eau, et l'expansion des systèmes de certification équitables ou écologiques qui permettent aux petits exploitants de s'exposer à la concurrence sur de nouvelles niche de marchés au niveau local et international.

    • Afin de fournir  aux petits exploitants les informations dont ils ont besoin,  il est essentiel d'investir dans des lieux d'apprentissage axés sur l'exploitation agricole au niveau local, l'utilisation des radios communautaires et d'autres méthodes de télécommunications.

    • Des recherches additionnelles sont nécessaires pour modifier les pratiques à la fois négatives (par exemple les subventions et politiques agricoles) et positives (par exemple des droits à la terre sécurisés, les institutions collectives et les valeurs culturelles).

    Le rapport a été lancé dans le cadre des célébrations de la Journée mondiale de l'environnement (JME), dont l'hôte  global cette année est le gouvernement et le peuple de Mongolie. Le thème de la JME est étroitement liée à la sécurité alimentaire, en mettant l'accent sur la réduction des 1/3 de tous les aliments produits- un chiffre étonnant de 1,3 milliard de tonnes  représentant une valeur d'environ 1 trillion de dollars perdue ou gaspillée  chaque année.

    Plus tôt cette année, le PNUE et l'Organisation des Nations pour  l'alimentation et l'agriculture (FAO) a lancé une campagne intitulée Pensez. Mangez. Preservez- Dites Non au gaspillage alimentaire  qui vise à lutter contre ce gaspillage.

    Mises à part les implications morales d'un tel  gaspillage dans un monde où près de 900 millions de personnes souffrent de faim chaque jour, la nourriture non consommée gaspille à la fois l'énergie investie pour sa production et le carburant dépensé pour  le transport des produits sur de grandes distances.
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