Un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé et du Groupe de la Banque mondiale montre que 400 millions de personnes n’ont pas accès aux services de santé essentiels et que 6% des habitants des pays à revenu faible ou intermédiaire basculent ou sombrent davantage dans l’extrême pauvreté du fait des dépenses de santé.
«Ce rapport est un signal d’alarme: il montre que nous sommes loin d’avoir atteint la couverture sanitaire universelle. Nous devons élargir l’accès à la santé et protéger les plus pauvres des dépenses de santé qui les plongent dans de graves difficultés financières», déclare le Dr Tim Evans, Directeur principal du Département Santé, nutrition et population du Groupe de la Banque mondiale.
Le rapport, intitulé Tracking Universal Health Coverage «Le suivi des progrès sur la voie de la couverture sanitaire universelle», est le premier du genre à mesurer le degré de couverture par les services de santé et la protection financière afin d’évaluer les progrès accomplis par les pays sur la voie de la couverture sanitaire universelle.
Le rapport s’est penché sur l’accès aux services de santé essentiels dans le monde – notamment la planification familiale, les soins prénatals, la présence de personnel qualifié lors de l’accouchement, la vaccination de l’enfant, la thérapie antirétrovirale, le traitement de la tuberculose, et l’accès à l’eau potable et à l’assainissement – en 2013, et a constaté qu’au moins 400 millions de personnes n’avaient pas accès à l’un au moins de ces services.
«Pour les personnes les plus défavorisées au monde, même les plus essentiels des services font défaut», précise le Dr Marie-Paule Kieny, Sous-Directeur général du Groupe Systèmes de santé et innovation, à l’Organisation mondiale de la Santé. «L’engagement en faveur de l’équité est au cœur de la couverture sanitaire universelle. Les politiques et les programmes de santé doivent s’attacher à fournir des services de santé de qualité aux plus pauvres, aux femmes et aux enfants, aux habitants des zones rurales, et aux minorités.»
Le rapport a également constaté que dans 37 pays, 6% de la population mondiale basculait ou sombrait davantage dans l’extrême pauvreté ((US $)1,25/jour) parce qu’elle devait payer de sa propre poche les services de santé. En utilisant (US $)2/jour comme indicateur de pauvreté, l’étude a conclu que 17% des habitants de ces pays se trouvaient appauvris, ou davantage appauvris, du fait des dépenses de santé.
«Ces niveaux d’appauvrissement élevés, qui se produisent lorsque les personnes défavorisées doivent payer directement les soins de santé d’urgence, mettent gravement en péril l’objectif d’élimination de l’extrême pauvreté», indique le Dr Kaushik Basu, Premier Vice Président et économiste en chef au sein du Groupe de la Banque mondiale. «Alors que nous entrons pour ce qui est du développement dans l’ère de l’après-2015, ces constatations doivent nous faire réagir, ou les populations défavorisées du monde risquent de rester sur le bord du chemin.»
L’OMS et le Groupe de la Banque mondiale recommandent aux pays qui s’efforcent de parvenir à la couverture sanitaire universelle de viser à obtenir une couverture minimale par les services de santé essentiels de 80% de la population, et de faire en sorte que tout un chacun, où qu’il se trouve, soit protégé des dépenses de santé catastrophiques synonymes d’appauvrissement.
«Tandis que davantage de pays s’engagent en faveur de la couverture sanitaire universelle, l’un des principaux défis auxquels ils se trouvent confrontés réside dans la manière de suivre les progrès accomplis», estime le Dr Ties Borma, Directeur du Département Statistiques sanitaires et systèmes d’information à l’Organisation mondiale de la Santé. «Le rapport démontre qu’il est possible de quantifier la couverture sanitaire universelle et de suivre les progrès accomplis pour parvenir aux principaux objectifs que l’on s’est fixés, à la fois en termes de services de santé et de protection financière.»
Il s’agit du premier d’une série de rapports annuels que l’OMS et le Groupe de la Banque mondiale produiront sur le suivi des progrès sur la voie de la couverture sanitaire universelle dans les pays.
«Comme le veut la formule: «ce qui peut se mesurer, peut se réaliser». Alors que les pays du monde entier prennent des mesures pour parvenir à la couverture sanitaire universelle, la capacité à recenser les lacunes et à mesurer efficacement les progrès donnera une impulsion essentielle à ce mouvement mondial», déclare Michael Myers, Directeur à la Fondation Rockefeller. «C’est un outil important pour permettre aux pays de parvenir à une couverture sanitaire universelle et de construire des systèmes de santé plus résilients.»
La Fondation Rockefeller et le ministère japonais de la Santé ont soutenu ce rapport, qui sort six mois avant la deuxième Journée internationale de la couverture sanitaire universelle, célébrée le 12 décembre.
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20/08/22 à 08h30 GMT