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Elaboration d'un Programme National de Transfert des Technologies au Burkina Faso: Contexte de l'Etude



  • Généralités

    A l'instar de nombreux pays africains, le Burkina Faso est confronté depuis des décennies, à des problèmes de dégradation et de gestion de ses ressources naturelles et de son environnement. En dépit des efforts qu'il a consentis, l'impact de ceux-ci reste en deçà des attentes et force est de constater la persistance de ces fléaux.

    Prenant conscience de la nécessité d'accroître la qualité des ressources humaines pour élever la productivité globale des ressources naturelles, le Burkina Faso, avec l'appui des partenaires au développement a engagé une politique de développement humain durable pour une période allant de 1998 à 2005.

    Face au déséquilibre écologique, une volonté politique de protection et de sauvegarde de l'environnement a été affirmée et définie dans la Lettre d'Intention de Politique de Développement Humaine Durable. De même, le pays a élaboré un Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) dont les priorités sont de s'attaquer d'abord au défi social, à la sécurité alimentaire et à l'accès des pauvres à l'eau potable. Pour réduire de façon significative l'incidence de la pauvreté, une forte croissance économique devant s'appuyer entre autres, sur une gestion rationnelle des ressources naturelles est nécessaire. Ce cadre stratégique a été retenu par le Burkina Faso pour être l'ossature de la future Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD).

    Il convient également de noter que le Burkina Faso a entrepris un exercice ambitieux, de réaliser une étude prospective à l'horizon d'une génération, c'est à dire 2025. Cet instrument appelé Etude nationale prospective "Burkina 2025", a pour objectif de renforcer les capacités de gestion et de développement par la création d'un cadre de dialogue social sur les problèmes majeurs de développement en vue de définir une vision consensuelle future du pays.

    En vue de concrétiser tous ces efforts de planification, le pays a formulé et adopté plusieurs plans et programmes dont notamment le PANE, le PNGT, la SPADB, la SNMOCCC et le PAN – LCD qui ont entre autres objectifs, le renforcement des capacités institutionnelles et humaines ainsi que le transfert de technologies. Force est de reconnaître que les besoins en technologies demeurent toujours croissants ; ces besoins couvrent aussi bien les aspects liés aux technologies existantes et à leur adaptation aux différents contextes, aux connaissances techniques, ainsi qu'à leurs modalités de transfert et à leur accès.

    Parallèlement aux différents efforts nationaux en matière de politiques et législations environnementales, le Burkina a souscrit, en partenariat avec la communauté internationale, à plusieurs conventions dont notamment celles relatives à la lutte contre la désertification, à la conservation de la diversité biologique et aux changements climatiques

    La convention communément appelée Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) a été élaborée par la communauté internationale suite à des faits scientifiques qui ont indiqué une élévation moyenne de la température de la terre d'environ 0,5 degré Celsius par décennie (2ème rapport d'évaluation, GIEC 1996), l'extension des zones sahéliennes et désertiques, l'émigration des populations due à la baisse des productions agricoles et des ressources en eau. Elle a été ratifiée par le Burkina Faso le 02 septembre 1993,et est entrée en vigueur le 21 mars 1994. Elle assigne aux pays signataires des obligations à honorer en vertu de certaines dispositions qu'elle contient.

    Au titre de cette Convention, le Burkina a élaboré et adopté en 2001 une stratégie nationale de mise en œuvre, devant servir de cadre de référence et de planification des actions en cours et à venir en matière de changements climatiques et une communication nationale sur les changements climatiques. Il a également élaboré en juillet 2002, une stratégie de mise en œuvre concertée des trois conventions de Rio.

    Le Protocole de Kyoto qui découle de la CCNUCC a été adopté par le gouvernement du Burkina Faso en décembre 1997 et accepté par l'Assemblée Nationale en 2002 ; il exige d'une part que les gouvernements des pays réalisent des études scientifiques, qu'ils mettent en place des mesures destinées à réduire les répercussions et à faciliter l'adaptation aux changements climatiques, qu'ils participent au Mécanisme de Développement Propre, et d'autre part, qu'ils fassent des rapports sur ces mesures.

    En 1994, un inventaire des gaz à effet de serre (GES) indique que les sources d'émission sont essentiellement dues au secteur agricole (agriculture, élevage, forêts) suivi de celui de l'énergie à travers le sous secteur des transports, et enfin des déchets. Il révèle par ailleurs une capacité de séquestration du gaz carbonique par les formations végétales du pays.

    De même, une étude préliminaire de vulnérabilité qui a couvert les trois secteurs prioritaires d'activité que sont l'agriculture, la foresterie et les ressources en eau a été menée. Ces secteurs ont été jugés très sensibles sur les plans environnemental, économique et socioculturel en cas de changement climatique. L'étude préliminaire de vulnérabilité du pays aux changements climatiques a porté sur trois unités qui sont :
     le coton dans le secteur de l'agriculture dans la région Ouest du pays ;
     les ressources forestières dans la partie Ouest du pays ;
     l'approvisionnement en eau potable de la ville de Ouagadougou.

    La démarche utilisée pour cette étude part de l'établissement de la situation de base de ces unités dont les éléments les plus importants sont la pluviométrie et la température, pour opérer des projections à l'horizon 2025 afin de cerner les incidences qui découleraient de l'évolution probable du climat sur leur devenir. La tendance naturelle pour ces deux éléments à l'horizon 2025 est à une hausse de la température et à une baisse de la pluviométrie ; ceci pourrait engendrer des conséquences néfastes sur le développement des unités concernées si aucune action n'est engagée pour renverser la tendance.

    Des études d'atténuation ont été conduites dans les secteurs de l'énergie et de la foresterie, compte tenu du fort potentiel d'émission de GES du premier et de la forte dégradation du second sous le triple effet des pratiques culturales, de l'exploitation et de la désertification.

    Aussi, dans le domaine de l'énergie, les actions envisagées portent sur la promotion (i) des économies d'énergie par la diffusion de techniques / technologies efficaces et économes, (ii) de l'application de mesures d'efficacité énergétique dans différents secteurs (industriel, tertiaire, bâtiment, ménages) et (iii) des énergies renouvelables, pour une réduction des émissions de ce secteur.

    Dans le domaine de la foresterie, les actions envisagées concernent la protection forestière, la reforestation et la régénération des massifs forestiers.

    Partant de ces résultats, des études complémentaires en vue de faciliter la mise en œuvre des options d'adaptation et mesures d'atténuation des GES ont été conduites. Elles ont porté sur l'inventaire, les besoins, les procédures de transfert et d'importation des technologies écologiquement rationnelles dans les secteurs de l'eau, de la foresterie, de l'agriculture et de l'élevage, de l'énergie et de l'observation systématique.

    2.2.Caractéristiques sommaires des secteurs prioritaires concernés par les changements climatiques au Burkina Faso

    Le secteur des ressources en eau très dépendant des variations temporelles et spatiales du climat présente des traits caractéristiques identiques à ceux de l'agriculture. Il est noté une baisse de 15 % de l'écoulement des eaux par rapport aux valeurs normales observées, (0,5 litre/s/km2). En vue de diminuer l'impact de la diminution continuelle de la ressource, il est envisagé la mise en œuvre de techniques pour réduire les pertes diverses (par évaporation et infiltration) des lacs et retenues d'eau et augmenter les capacités de stockage.

    L'agriculture, par son caractère extensif, est au sens large du terme, le premier émetteur de gaz à effet de serre (4708 Gg équivalent de CO2 sur 100 ans ; Cf. Communication nationale, page 73). En effet, le besoin en nouvelles terres et les méthodes de production (brûlis, utilisation peu rationnelle des engrais chimiques…) se font au détriment des formations naturelles, ce qui dégrade fortement le potentiel de production, engendre des émissions de GES et diminue la capacité de séquestration. A cela s'ajoutent la faiblesse du système de transfert de technologies propres vers les producteurs ainsi que les facteurs climatiques, socio-économiques et institutionnels. défavorables.

    Dans le domaine de la foresterie, les pratiques d'exploitation peu rationnelles sont néfastes à la pérennité des forêts et ont une incidence directe sur leur capacité résiduelle à demeurer des puits d'absorption de GES (-1388,7 Gg équivalent de CO2 ; Cf. Communication nationale, page 73).

    En matière d'élevage, les sécheresses successives et le surpâturage localisé, ont entraîné une diminution tant qualitative que quantitative des ressources fourragères disponibles dans les zones pastorales. En zone agropastorale, l'extension des terres cultivées au détriment des aires pastorales, la dégradation poussée des pâturages, l'envahissement des parcours par des espèces non appétées et le problème foncier sont autant de contraintes qui militent pour une optimisation de l'élevage par des aménagements conséquents en faveur de ce secteur.

    Dans le secteur de l'énergie, le bilan énergétique national montre la prédominance des énergies traditionnelles (constituées essentiellement par la biomasse) à hauteur de 84%. La demande de plus en plus croissante dans ce secteur nécessite une exploitation rationnelle des ressources ligneuses pour assurer un approvisionnement régulier en énergies domestique, une extension de la couverture forestière pour renforcer sa capacité de séquestration et la valorisation d'autres formes et sources d'énergie (énergie solaire, éolienne, hydroélectricité, inter-connexions électriques, résidus agricoles et industriels).

    Ce secteur à travers le volet transport motorisé est la deuxième source d'émission de GES dans le pays après celui de l'agriculture (902 Gg équivalent de CO2 ; Cf. communication nationale).

    2.3.Justification

    Le présent programme intégré sur les besoins technologiques, les modalités de transfert de technologies écologiquement rationnelles et les besoins institutionnels offre l'opportunité d'une synergie entre les trois conventions de Rio. Il propose des actions et mesures qui pourront certainement contribuer à créer les conditions indispensables à la réussite de leur mise en œuvre.

    Il est formulé pour également tenir compte des engagements du Burkina par rapport à la convention sur les changements climatiques et au Protocole de Kyoto, à savoir, l'établissement d'un programme national pour le renforcement des capacités, le transfert de technologies, la recherche et l'observation systématique, la protection des zones sujettes à la désertification, l'éducation et la sensibilisation du public.

    Venant en appui à la mise en œuvre de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le présent programme a pour objectif de satisfaire les besoins technologiques et modalités de transfert de technologies propres. Sa mise en oeuvre permettra à terme de (i) réduire la vulnérabilité du pays, (ii) renforcer la capacité d'adaptation des populations et (iii) renforcer les systèmes d’information et d’observation systématique, face aux effets néfastes des changements climatiques. En effet, les différentes études réalisées en matière de technologies propres dans les domaines de l'eau, de la foresterie, de l'agriculture et l'élevage, de l'énergie et de l'observation systématique ont permis de dégager un réel besoin d'information et d'accès en technologies performantes.

    2.4.Acteurs principaux

    Au regard du caractère transversal de la question des changements climatiques, les différents intervenants actuels peuvent être classés selon leur niveau de contribution : implication directe, facilitation, consultation.

    2.4.1. Intervenants directs

    • Les ministères chargés de l'Environnement, de la Santé, de l'Eau, de l'Industrie, des Transports, de l'Agriculture et l'Elevage, de l'Energie, etc..
    • Les collectivités locales et les populations ;
    • Les ONG.

    2.4.2. Partenaires de facilitation

    • Les ministères chargés des Finances, des Infrastructures, des Enseignements et de la Recherche Scientifique, de l'Information, etc..
    • Le Comité Inter-ministériel pour la Mise en œuvre des Actions de la Convention (CIMAC) créé le 1er janvier 1995 pour assurer le suivi technique des dossiers relatifs aux changements climatiques et au protocole de Kyoto et ainsi mieux répondre aux engagements du Burkina ;
    • Les partenaires de financement et de coopération technique.

    2.4.3. Partenaires de consultation

    • Le ministère chargé du Commerce ;
    • Les ONG.
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