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Comment rendre naturellement durable, un bois qui ne l’est pas ?



  • Les normes actuelles incitent les fabricants de panneaux de bois à utiliser le moins possible de produits non naturels. C’est dans ce sens que le Cirad travaille à la conception de panneaux biodégradables et résistant aux agresseurs, sans adjonction de produits synthétiques.

    Le traitement des bois à l’aide de produits d’origine synthétique est la solution la plus souvent utilisée contre les agresseurs biologiques – champignons et insectes. Cependant, la prise de conscience de la nécessité de protéger notre environnement et la mise en place de directives européennes* ont mené les industriels et les utilisateurs à s’orienter vers des alternatives plus respectueuses de la santé humaine et de l’environnement.

    A cette fin, l’une des voies explorées par le laboratoire de préservation des bois du Cirad consiste à étudier les essences naturellement résistantes aux agents de dégradation du bois. L’équipe s’intéresse notamment à l’amélioration de la durabilité de panneaux à base de bois tels que l’Osb, pour Oriented strand board, panneaux constitués de trois couches de lamelles, et les contreplaqués qui comportent, eux, plusieurs couches de feuilles de bois. Objectif : obtenir des panneaux résistant à l’attaque de champignons et d’insectes sans adjonction de produits de traitement.

    Deux projets sont en cours : Plybiotest, depuis 2002, et Osb Biotermicides, depuis 2004. Les premiers résultats montrent qu’il est possible d’améliorer la résistance des panneaux aux agresseurs à partir d’un mélange adéquat d’espèces durables (cèdre, cyprès, châtaignier) et d’espèces non durables (pin, peuplier, hêtre).

    L’étude des contreplaqués a permis de mettre en évidence que la résistance à l’égard des champignons lignivores est d’autant plus grande que le nombre de couches constituées d’essences durables est élevé. La résistance est également améliorée si ces couches sont situées vers l’extérieur des panneaux. Ce procédé permet, en outre, de valoriser les bois d’éclaircie ou de moindre qualité sous la forme de copeaux pour la fabrication du panneau.

    La conception du panneau dépend du mélange sélectionné mais aussi de la résine qui assure la cohésion entre les lamelles de bois ou les placages. Le Cirad et ses partenaires travaillent à la fabrication de colles d’origine végétale, et plus particulièrement à base de tannins issus de pin ou de lignine. Le choix de ce type de colle permet en effet de s’affranchir des contraintes environnementales liées aux rejets de substances toxiques.

    Des essais en cours, avec la participation de partenaires industriels, dont la société Isoroy, permettront à terme de valider le concept tout en lui assurant un débouché commercial. La consommation française de panneaux de bois tel que l’Osb n’est aujourd’hui que de 300 000 m3/an. Elle était de 7 millions de m3 pour le Canada et les Etats-Unis en l’an 2000. L'élargissement du champ d'utilisation du matériau, couplé à la mise en place d'une nouvelle stratégie commerciale permet néanmoins de croire aux possibilités de développement de l'Osb en France.



    * La directive Biocide 98/8/CE est une initiative européenne de 1998 qui introduit les notions de sûreté relatives aux produits mis en œuvre avec la notion de reconnaissance mutuelle entre Etats.
    Elle encourage par ailleurs le développement et l'usage de substances actives les moins polluantes.
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