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Les pays du G8 veulent financer des médicaments pour les pays pauvres



  • Malgré le manque de consensus au Sommet du G8, les programmes pilotes vont se poursuivre.

    Par Elizabeth Kelleher
    Rédactrice du « Washington File »

    Passant en revue le récent Sommet du Groupe des Huit (G8), la sous-secrétaire d'État aux affaires économiques, commerciales et agricoles, Mme Josette Shiner, a souligné que la déclaration officielle issue du sommet ne contenait aucune recommandation de mécanisme financier permettant de payer des vaccins et des médicaments pour les pays pauvres.

    Si les pays donateurs sont d'accord pour trouver les moyens d'obtenir de meilleurs résultats de leur aide financière aux pays en développement, les responsables des États-Unis, du Japon, de l'Allemagne, de l'Italie, de la France, du Royaume-Uni, de la Russie et de l'Union européenne n'ont pas réussi à s'entendre sur diverses propositions avancées à Saint-Pétersbourg (Russie). Mme Shiner a tenu ces propos le 20 juillet, au Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) de Washington.

    Adopté le 16 juillet, le communiqué du G8 intitulé « La lutte contre les maladies infectieuses » préconise l'augmentation des investissements dans la recherche, la mise au point et la production de médicaments et de vaccins contre les pandémies qui entravent le développement et réclame des stratégies novatrices pour promouvoir ces objectifs. « La capacité limitée des systèmes de santé est un obstacle majeur à l'accès aussi universel que possible aux traitements d'ici à 2010 », souligne le communiqué.

    Citant un article publié en juillet dans la revue médicale « The Lancet », une autre participante au débat organisé au CSIS, Mme Jennifer Kates, de la Kaiser Family Foundation, a déclaré que le financement du secteur de la santé augmentait, mais pas assez rapidement pour répondre aux besoins des pauvres du monde. Selon l'article du « Lancet », il faudra 22 milliards de dollars supplémentaires d'ici à 2007, et 31 milliards de dollars d'ici à 2015, pour couvrir ces besoins.

    Plusieurs propositions de mécanismes de financement visant à mieux utiliser les fonds des donateurs ont été étudiées lors du Sommet du G8, mais au bout du compte aucun de ces mécanismes n'a été retenu. Les participants se sont contentés de mentionner leur soutien à diverses propositions en annexe du document principal.

    Les États-Unis sont favorables à un système par lequel les pays donateurs s'engageraient à acheter les vaccins mis au point par les grands laboratoires pharmaceutiques. Ce mécanisme de garantie d'achats futurs encouragerait les laboratoires pharmaceutiques à mettre au point des vaccins contre des maladies épidémiques dans les pays pauvres. Selon les partisans de ce mécanisme - à savoir l'Italie, le Canada et la Russie - il garantirait des bénéfices aux fabricants.

    Dans les conditions actuelles du marché, le fait que les pays pauvres sont incapables d'acheter d'importantes quantités de vaccins et de médicaments contre des maladies qui touchent leur population n'encourage pas les laboratoires pharmaceutiques à investir dans la recherche et le développement de ces médicaments. Les États-Unis sont donc favorables au lancement d'un projet pilote dans ce domaine d'ici à la fin de 2006.

    Un autre mécanisme, mis en avant par les Britanniques, consisterait à émettre des bons pour payer pour les vaccins existants, ce qui permettrait d'aider les pays pauvres dès maintenant. L'objectif est d'inciter les donateurs à participer à ce programme de bons pendant quinze ans et de permettre ainsi aux pays pauvres d'organiser des campagnes sanitaires à grande échelle sans avoir à se préoccuper du renouvellement annuel de leur financement.

    Un troisième mécanisme, préféré par la France, consiste à prélever une taxe sur les billets d'avion et à utiliser le produit de cette taxe afin d'acheter des médicaments pour les gens atteints du sida, de la tuberculose ou du paludisme. La France a mis cette taxe en place sur son territoire le 1er juillet, et cette idée est soutenue par d'autres pays.

    La presse a beaucoup souligné le fait que les pays du G8 ne s'étaient pas entendus sur un mécanisme au point de le faire figurer dans leur déclaration, mais, a affirmé Mme Kates, tous ces systèmes peuvent fonctionner en complément les uns des autres.

    Le G8 fait toujours de grandes déclarations, mais il n'a pas de budget, de personnel ou de mécanismes pour les appliquer, a fait remarquer M. Owen Barder, du Center for Global Development, un centre de recherche sur l'éradication de la pauvreté.

    Ce centre s'attend à ce que plusieurs pays lancent un programme pilote de garantie d'achats futurs d'ici à la fin de 2006 afin de financer la mise au point d'un vaccin contre les infections à pneumocoques. Il existe bien une version de ce vaccin aux États-Unis, mais il doit être adapté afin d'aider les enfants africains.

    M. Barder a précisé que ce programme pilote serait vraisemblablement financé par l'Italie, le Canada, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Russie et, peut-être, la France. Il sera aussi fait appel à des donateurs qui ne sont pas membres du G8 - l'Australie, la Suède, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, l'Irlande et la Suisse - et à de grandes fondations.

    (Les articles du "Washington File" sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/francais/)
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