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La reconstitution de la couche d'ozone mettra plus de temps que prévu



  • Le résumé d’un nouveau rapport d'évaluation scientifique rédigé par plus de 250 experts internationaux est publié le 18 août par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations Unies pour l’environnement. Il en ressort, entre autres conclusions, que la couche d'ozone stratosphérique qui protège les organismes vivants des effets nocifs du rayonnement solaire retrouvera son intégrité cinq à 15 ans plus tard que prévu.

    D'après les nouveaux éléments scientifiques sur lesquels repose cette évaluation, la couche d'ozone au-dessus des latitudes moyennes, c'est-à-dire entre les trentième et soixantième parallèles dans les deux hémisphères, devrait se reconstituer d'ici à 2049, soit cinq ans plus tard que ne le laissait entendre la précédente évaluation (2002).

    Au-dessus de l'Antarctique, la reconstitution de la couche d'ozone ne devrait pas intervenir avant 2065, c'est-à-dire 15 ans plus tard que prévu. En raison des conditions particulières qui règnent dans le tourbillon polaire – zone dépressionnaire balayée par des vents extrêmement froids et violents – le «trou d'ozone» dans cette région devrait réapparaître périodiquement pendant encore une vingtaine d'années.

    Aux latitudes moyennes, le retard annoncé s'explique essentiellement par la révision à la hausse des quantités de CFC-11 et CFC-12 que renferment les réfrigérateurs actuels, entre autres appareils, et dont une grande partie finira par rejoindre l'atmosphère, et des futurs niveaux de production du HFCF-22, produit de remplacement des CFC qui, bien que beaucoup moins nocif, attaque quand même la couche d'ozone. Au-dessus de l'Antarctique, le retard est dû essentiellement au fait que les masses d'air présentes dans cette région sont beaucoup plus anciennes. Autrement dit, les concentrations de substances nocives pour l'ozone mettront plus de temps à revenir aux niveaux d'avant 1980, facteur qui a été pris en considération dans la nouvelle évaluation.
    «On ne peut que déplorer ce retard, mais la bonne nouvelle, c’est qu’après avoir atteint un maximum entre 1992 et 1994 dans la troposphère et dans le courant des années 90 dans la stratosphère, les concentrations d'agents destructeurs de l'ozone continuent de baisser», a déclaré M. Michel Jarraud, Secrétaire général de l'OMM. «En raison du changement climatique mondial, les conditions atmosphériques sont différentes de ce qu'elles étaient avant la formation du trou dans la couche d'ozone, ce qui peut avoir une incidence sur la reconstitution de celle-ci. Il est essentiel de renforcer les capacités d'observation et d’évaluation pour pouvoir faire la distinction entre les effets imputables au changement climatique et ceux qui résultent de l'évolution des concentrations de substances qui appauvrissent la couche d'ozone. Il sera ainsi plus facile de vérifier l'efficacité des mesures prises au titre de la Convention de Vienne (1985) ainsi que du Protocole de Montréal (1987) et de ses amendements.»

    Il ressort du nouveau rapport, entre autres conclusions, que l'ozone stratosphérique a cessé de diminuer en dehors des régions polaires. D'après les résultats de modèles, la baisse constatée dans les années 90 est due au fait que les concentrations de gaz destructeurs d'ozone stratosphérique sont demeurées quasiment constantes durant cette période.

    La destruction de l'ozone dans les régions polaires observée au printemps reste très marquée lorsque l'hiver a été caractérisé par des températures stratosphériques très basses. Cette situation perdurera très probablement au-dessus de l'Antarctique pendant au moins dix à vingt ans, les concentrations de gaz destructeurs d'ozone ne diminuant que lentement.

    Les concentrations de substances nocives pour l’ozone, qui ont atteint leur maximum entre 1992 et 1994, commencent maintenant à diminuer dans la stratosphère. Le rapport fait aussi le point sur les agents destructeurs de l’ozone dont la durée de vie est très courte, sur la situation actuelle et les perspectives concernant le rayonnement ultraviolet incident et sur les relations de cause à effet entre le climat et la couche d’ozone.

    Comme l'a indiqué M. Achim Steiner, Directeur exécutif du PNUE, «les premiers signes annonciateurs de la convalescence de l'atmosphère sont à mettre au crédit du Protocole de Montréal, mais la lenteur du processus doit nous mettre en garde: l'affaire n'est pas gagnée et il nous faut redoubler d'efforts pour éliminer les substances chimiques nocives».

    Les valeurs de référence pour juger des progrès accomplis sont les concentrations stratosphériques de chlore, principal agent de raréfaction de l'ozone, d'avant 1980. La diminution de ces valeurs devrait coïncider en principe avec un accroissement des concentrations d'ozone et une moindre pénétration du rayonnement solaire ultraviolet. Des mesures récentes effectuées dans des régions exemptes de pollution révèlent effectivement une diminution du rayonnement ultraviolet incident, mais les changements climatiques, entre autres facteurs, font qu'il est difficile de tirer des conclusions définitives.

    Un certain nombre de solutions qui permettraient d'accélérer la reconstitution de la couche d'ozone sont évaluées dans le rapport en question, qui met aussi l'accent sur les facteurs qui pourraient retarder le processus. Il en ressort que si l'on parvenait à supprimer dès la fin 2006 toutes les émissions provenant de la production et de la consommation des agents destructeurs de l'ozone que sont les CFC, les halons, les HCFC, le bromure de méthyle, le tétrachlorure de carbone et le trichloroéthane – hypothèse qui va au-delà des engagements pris au titre du Protocole – la couche d'ozone devrait être reconstituée dès 2034 aux latitudes moyennes, c'est-à-dire qu'on gagnerait 15 ans.
    À l'opposé, si les gouvernements ne respectaient pas pleinement l'engagement qu'ils ont pris d'éliminer progressivement les substances visées par le Protocole de Montréal, le processus de reconstitution de la couche d'ozone s'en trouverait ralenti. Une telle situation résulterait aussi du maintien voire du renforcement du système de dérogations provisoires aux calendriers d'élimination des substances nocives pour l'ozone ou, dans le cas du bromure de méthyle, des exemptions pour traitement en quarantaine, pour traitement préalable à l'expédition ou pour utilisation essentielle.

    À leur prochaine réunion annuelle, qui se tiendra à New Delhi du 30 octobre au 3 novembre prochains, les Parties au Protocole de Montréal examineront les conséquences, pour l'élaboration des politiques, de l'évaluation scientifique telle qu'elle est libellée dans sa version résumée. La version intégrale du rapport, rédigé et révisé par plus de 250 experts du monde entier, sera publiée début 2007.
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