Ce livre devrait être sur la table de chevet de ceux qui, à l’approche du printemps, voudront un peu de mise en contexte ; nous ne serons par les premiers à aller voir dehors. Cette synthèse historique de l’écologie au Québec est le premier livre publié sur le sujet.

L’ouvrage de Yves Hébert n’est pas un livre que la plupart liront d’une traite. Riche en informations, il se prêtera bien à la consultation même si conçu sans index. L’auteur est d’abord historien et derrière ce livre bien écrit, il y a 15 ans de recherche.

Essentiellement construit de manière chronologique mais structuré par sous thèmes qui ne se suivent pas nécessairement à travers les époques survolées, le livre s’ouvre avec un chapitre sur les «Merveilles et richesses de la Nouvelle-France» (l’auteur exclu consciemment la période précoloniale) et se termine avec «L’État et l’environnement, la genèse et les premières années du ministère de l’Environnement du Québec». L’Environnement, bien que relevant d’un ministère – celui des affaires municipales - en 1973, il y a 35 ans, est devenu un ministère à part entière il y a seulement 28 ans.

Parmi les thèmes abordés : l’évolution de la notion de paysage ou des mouvements de conservation, notre rapport à la chasse ou encore les balbutiements de la recherche scientifique en environnement. Il faut saluer ce survol historique en notant le caractère réducteur inhérent d’une telle démarche en 477 pages. Faire un survol de 7 siècles oblige à sauter certains détails. Le livre qui est pertinemment illustré est riche d’anecdotes et de détails historiques ; le tout sous forme d’encadrés sur des sujets tels que «La morue de l’Atlantique», «L’influence de la Hudson River School sur la conscience environnementale nord-américaine» ou «Slogans des clubs 4-H en 1961».

Premier au Québec qui aborde dans son ensemble et pour un auditoire grand public l’histoire des mouvements ou action écologistes et des différents facteurs ayant influencés notre rapport avec la nature, le livre décrit en fait les rapports entre l'histoire de l'écologie scientifique et la pensée écologiste dans la province.

Le livre nous aura surtout marqué parce qu’il dresse un portrait remarquable d’individus qui se sont préoccupées de la conservation de la nature dans la province. Puisque ceux-ci sont souvent oubliés par l’histoire, le livre doit être complimenté pour sa contribution à faire sortir de l’ombre ces individus à qui l’on doit tant.

À la lecture du livre, on ne peut que constater la vitesse effarante de la dégradation de l’environnement sur notre territoire. Notre manière de résoudre les problèmes connexes ne peut qu’être influencée par cette rapidité. Entre la perception des « richesses inépuisables » des premiers colons et les plans de développement durable des années 1990 il y a un écart important dans notre rapport à la nature ou dans notre détachement de celle-ci. Une coupure d’avec la nature qui est au cœur des préoccupations des éducateurs environnementaux.
HÉBERT, Yves, Une histoire de l’écologie au Québec, Éditions GID, Thèmes Québec, Québec, 2006, 477 pages.