"Les femmes dans les PMA (Pays les moins avancés) souffrent le plus des difficultés économiques et sociales", a déclaré Wubitu Hailu, directrice générale de 'Kulich Youth Reproductive Health and Development Organisation', une organisation non gouvernementale (ONG) en Ethiopie.
L’incapacité des pays à fournir l’accès aux services de base comme l’eau et l’électricité est un grand facteur empêchant les femmes de mettre en valeur tout leur potentiel.
"En Ethiopie, par exemple, les femmes parcourent de longues distances à la recherche de l’eau et elles risquent d’être violées, de subir des sévices et d’être enlevées. Elles finissent par être impliquées dans des mariages précoces, des grossesses précoces et par avoir des enfants non désirés".
Elle a dit qu’un cycle de pauvreté continue d’être créé à cause de cela. "Ces corvées entravent le développement social et économique des femmes à travers le monde et particulièrement dans les PMA".
Hailu a affirmé que l’accès à l’eau et à l’énergie devraient être des droits humains fondamentaux. Elle a indiqué que les populations des PMA sont en train d’être privées de ces services.
Jusqu’à 2,5 milliards de personnes à travers le monde trouvent des travaux quotidiens de base comme l’électrification de leurs maisons, la préparation du repas ou le chauffage de l’eau comme un défi, selon des délégués au forum de la société civile au cours de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA-IV) cours à Istanbul, en Turquie.
Un approvisionnement en eau potable doit être garanti à tout le monde et non conditionné par la capacité de payer, selon Maria Lourdes Tabios Nuera, militante pour le 'Jubilee South-Asia/Pacific Movement on Debt and Development' (Mouvement du jubilé de l’Asie du sud/Pacifique sur la dette et le développement).
"Les sources d’eau doivent être équitablement partagées par tous et ont besoin d’être bien protégées et gérées, démocratiquement et durablement. Le contrôle des ressources et services de l’eau doit être du domaine public et ne devrait pas être privatisé", a observé Nuera.
Au cours des deux dernières décennies, il y a eu un mouvement vigoureux visant à privatiser l’eau, avec quelques sociétés internationales de l’eau dominant le contrôle des ressources et services de l’eau.
Mais Nuera a dit que la privatisation a entraîné la réduction de l’accès des communautés marginalisées et appauvries ainsi que la violation du droit humain à l’eau.
"Nous luttons pour la transformation des Etats et l’établissement de gouvernements démocratiques afin qu’ils deviennent de vrais instruments de pouvoir du peuple. Ce sont des exigences vitales vers une gestion démocratique et durable des ressources et services de l’eau".
Elle a appelé les gouvernements, à travers le monde, à réparer les injustices faites en matière d’eau et à s’opposer aux politiques qui profitent des crises de l’eau pour justifier et inciter à la privatisation et pour transformer l’eau en une matière première.
"Nous exigeons que la déclaration des Nations Unies sur le droit à l’eau soit incorporée dans la législation nationale", a indiqué Nuera.
La demande pour l’électricité est aussi urgente. La conférence sur les PMA devrait soutenir le droit des personnes à une énergie qui est adéquate, fiable, abordable, sans danger, propre et durable, indique Nuera.
"Nous demandons la restructuration de l’appropriation des ressources, de la production, la consommation et la transformation du système économique et financier mondial", a-t-elle déclaré. "Cela, pour reconnaître que c’est la seule solution stratégique pour s’assurer que l’industrie de l’énergie est bien gérée, partagée équitablement et démocratiquement".
Uma Chowdhury, directrice de 'Sushasoner Jonny Procharavizan', une ONG locale pour la bonne gouvernance au Bangladesh, a indiqué à IPS que l’électrification a d’importants impacts positifs sur la dépense du revenu des ménages et les résultats scolaires.
"Le gain sous forme de revenu total grâce à l’électrification, peut atteindre 30 pour cent", a affirmé Chowdhury.
Elle était préoccupée que la rareté de l’énergie soit l’une des raisons principales pour la pauvreté et les catastrophes environnementales qui ont suivi au Bangladesh et dans d’autres PMA.
Plus de 8.000 personnes – des représentants des gouvernements, des agences internationales, des partenaires au développement et de la société civile – participent à la PMA-IV. Elles devraient élaborer, d’ici au 13 mai, un plan pour réduire le poids de la pauvreté, de la famine et des maladies sur les personnes les plus vulnérables au monde.
Les représentantes des femmes espèrent voir les questions de l’accès à l’eau et à l’énergie prises en compte dans le plan d’action d’Istanbul.
article écrit par Claire Ngozo, Agence IPS.
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06/05/24 à 12h32 GMT