Reconnaissant la 57e CSW comme un moment stratégique pour alimenter ces processus, une table ronde multipartite a été organisée avec les objectifs de mettre en évidence la nécessité de placer l'égalité de genre et l'autonomisation des femmes au coeur du nouveau cadre post 2015 et d'envisager des moyens concrets pour s'assurer que les engagements se traduisent en actions.
New York, 7 mars 2013
Alors que nous approchons de la fin des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), le travail d'élaboration d'une nouvelle architecture mondiale post 2015 pour orienter les objectifs et mesurer les progrès du développement est déjà en cours. Reconnaissant la 57e session de la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme (CSW) à New York comme un moment stratégique pour alimenter ces processus, une table ronde multipartite a été organisée, co-organisée par BRIDGE / Institute of Development Studies, la Suisse et l'Afrique du Sud. La table ronde a réuni un groupe diversifié d'acteurs et d'actrices de délégations des pays, des missions des Nations Unies (ONU), de la société civile, des agences des Nations Unies et des institutions de recherche. Les objectifs étaient de mettre en évidence la nécessité de placer l'égalité de genre et l'autonomisation (empowerment) des femmes au coeur du nouveau cadre post 2015 et d'envisager des moyens concrets pour s'assurer que les engagements se traduisent en actions. Les messages clés de la réunion ont été les suivants:
Une double approche de l'égalité de genre est nécessaire
Il est essentiel que le nouveau cadre reconnaisse à la fois l'égalité des sexes comme une question distincte et aborde les dimensions sexospécifiques des autres objectifs sur des questions telles que le changement climatique, l'agriculture, la croissance économique et la sécurité alimentaire. Le nouveau cadre doit donc inclure:
Un objectif autonome sur l'égalité de genre
Les données indiquent que l'existence de l'OMD 3 sur l'égalité de genre a galvanisé les efforts vers la mise en oeuvre des politiques et programmes sensibles au genre, ce qui a attiré l'attention sur le traitement des femmes et les besoins des filles et sur la réduction de l'écart entre les sexes, en particulier dans l'éducation et la gouvernance. Il est impératif que le cadre post 2015 continue sur cette lancée et comprenne un objectif spécifique sur l'égalité de genre. Le nouvel objectif doit promouvoir l'égalité de genre, les droits des femmes et l'autonomisation des filles en tant que droits humains et s'attaquer aux causes structurelles sous-jacentes de l'inégalité des sexes.
Des objectifs précis devraient se concentrer sur:
- Mettre fin à toutes les formes de violence contre les femmes et les filles
- Garantir que les femmes et des filles ont la capacité de faire des choix, y compris concernant leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs
- S'assurer que les femmes participent aux décisions et les influencent - pas seulement qu'elles soient présentes au sein des gouvernements, mais qu'elles aient un pouvoir décisionnel partout, du ménage au niveau mondial
- S'assurer que les femmes ont accès à un travail décent avec des salaires et des conditions de travail équitables
- Diminuer la charge supplémentaire de travail non rémunérée qui revient souvent aux femmes et aux filles
- Assurer aux femmes un accès égal à la terre et à d'autres actifs
- Garantir aux filles un accès égal à l'éducation primaire et secondaire
- Remettre en question les normes sociales qui créent et perpétuent la discrimination et les inégalités entre les sexes
L'intégration effective de l'égalité de genre dans tous les autres objectifs%u2028Il ne suffit pas à "d'ajouter des femmes" aux politiques et programmes une fois qu'ils ont été conçus. Au contraire, les politiques et programmes doivent être sensibles au genre dès le début et comprendre un nombre égal d'hommes et de femmes dans leur développement. Au minimum : Chaque objectif post 2015 doit inclure au moins une cible pertinente sur l'égalité des sexes. Tous les objectifs doivent exiger des données ventilées par sexe et par âge et doivent prendre en compte le handicap.
Le nouveau cadre doit être ancré dans les droits humains
Les buts et objectifs n'ont de sens que s'ils sont soutenus par la reconnaissance fondamentale des droits de l'Homme des femmes, des filles, des hommes et des garçons. Il existe de nombreux instruments et cadres internationaux - y compris la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF), la Déclaration et le Programme d'action de Beijing, et la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Ceux-ci doivent être renforcés par le nouveau cadre et à travers sa mise en oeuvre.
Le cadre doit reposer sur des indicateurs et des données fiables sur l'égalité de genre
Un travail essentiel est maintenant nécessaire pour construire des indicateurs représentatifs solides, capables de capter des changements complexes dans la vie des femmes, des filles, des hommes et des garçons aux niveaux international et national. Ces indicateurs doivent être élaborés de façon participative et refléter les réalités des personnes qui sont souvent marginalisées en raison de l'âge, du handicap, de l'orientation sexuelle et d'autres facteurs. Il y a un besoin pressant de preuves qualitatives et quantitatives pour mesurer les progrès par rapport aux indicateurs. Il est vital de se saisir d'informations qui nuancent, au-delà des chiffres, des changements dans les attitudes des femmes et des hommes, dans les normes sociales et dans la qualité de la participation des femmes au processus décisionnel.
Le processus de l'après 2015 est l'occasion de repenser le modèle de développement actuel
Le moment est opportun pour regarder en arrière et aller de l'avant. Le modèle économique néo-libéral actuel qui anime la politique de développement n'est pas durable et est en grande partie fondé sur le travail peu rémunéré des femmes pauvres. Les insuffisances du modèle de développement actuel sont devenues de plus en plus évidentes au cours des dernières années, avec l'augmentation des écarts entre les riches et les pauvres dans les pays en développement, l'insécurité alimentaire croissante en Asie du Sud et en Afrique sub-saharienne, l'escalade des changements climatiques et le problème croissant de la violence contre les femmes et les filles et l'exploitation continue des femmes dans le monde du travail. Il est essentiel pour les gouvernements de travailler avec la société civile, y compris le mouvement des femmes, afin d'identifier des solutions efficaces qui permettent aux femmes et aux filles d'intégrer les questions d'égalité de genre dans une démarche de développement durable qui tienne compte des questions plus larges liées au commerce, à l'agriculture, aux enjeux alimentaires et aux changements climatiques.
Un financement suffisant et une capacité d'action adéquate doivent soutenir les engagements pour l'égalité de genre
Les engagements envers l'égalité de genre, les droits des femmes et l'empowerment des filles dans le cadre post 2015 ne peuvent aboutir que s'ils sont correctement financés. Les donateurs et les gouvernements des pays doivent donc s'engager dans des processus de budgétisation sensible au genre qui allouent des fonds nécessaires aux politiques et programmes qui faciliteront des changements réels et durables. En outre, les institutions doivent veiller à renforcer les capacités internes et la volonté politique pour soutenir leurs engagements en matière d'égalité de genre. Elles doivent mettre en place des mécanismes clairs de redevabilité pour évaluer les progrès.
Les organisations représentées à la table ronde comprenaient:
Organisations de la société civile et réseaux : Action Aid, le Forum Asie-Pacifique des Femmes, Droit et Développement (APWLD), l'Association des droits de la femme et le développement (AWID), Association des Femmes Africaines pour la Recherche et le Développement (AFARD / AFARD), BRIDGE, Development Alternatives avec les femmes pour une nouvelle ère (DAWN), FEMNET Mali, Gender Links Afrique du Sud, Genre en Action, Handicap International, Des filles pas des épouses (Girls not Bride), Help Age International, I am Woman Initiative, Internationale de l'Éducation Région Afrique (IERAF) - Le Ghana, Oxfam, Planning Alternatives for Change, PLAN du Royaume-Uni, Reso-Femmes International, Fonds Social-Eco - Kazakhstan, Swiss Peace, Sustain États-Unis, réseau GAD du Royaume-Uni (Genre et Développement), Femmes pour l'environnement et Organisation pour le développement (WEDO), Womankind Worldwide, Union libanaise culturelle mondiale, World YWCA.
Les organisations gouvernementales : Irish Aid, la Mission permanente des Pays-Bas auprès de l'ONU, la Mission permanente d'observation du Saint-Siège à l'ONU, le ministère des Affaires étrangères de Mongolie, la Commission néo-zélandaise pour l'égalité des sexes, le ministère russe des Affaires étrangères, le gouvernement de l'Afrique du Sud, la Mission suédoise permanent auprès de l'ONU, la Mission permanente de la Suisse auprès de l'ONU, l'Agence suisse pour la coopération au développement, la Mission permanente de la Turquie auprès de l'ONU, le Département britannique pour le développement international (DFID), la Mission permanente britannique aux Nations Unies.
Les organisations multilatérales : le Réseau GenderNet du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE, le Secrétariat du Groupe de haut Niveau sur l'égalité 2015, Programme de développement des Nations Unies (PNUD), ONU Femmes, la Banque mondiale, l'Institut pour la coopération et le développement économique (ODI).
Les institutions de recherche : Columbian Law School, Institute of Development Studies, International Institute for Democracy and Electoral Assistance (IDEA), New York University, the Overseas Development Institute, Université de Berne, Suisse.
Traduction Genre en Action (coordination@genreenaction.net)
[POST2015G][PROCESSODD]
12/12/24 à 10h17 GMT