Les satellites et autres technologies modernes pourraient être mises à
contribution pour améliorer la prévision des flambées épidémiques, ce
qui nous laisserait plus de temps pour réfléchir à des stratégies
d'endiguement, suggère le nouveau
rapport
du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
(GIEC), qui cite des exemples d'exploitation des données météorologiques
pour lutter contre certains agents pathogènes mortels.
Au Botswana, un système d'alerte précoce fondé sur les données
pluviométriques permet d'annoncer les épidémies de paludisme - liées aux
variations enregistrées d'une saison et d'une année sur l'autre -
jusqu'à quatre mois à l'avance. À Singapour, un modèle météorologique de
pronostic de la dengue permet de prévoir les épidémies jusqu'à 13 mois
avant leur climax, ce qui laisse le temps aux autorités de renforcer les
mesures de contrôle.
Le rapport du GIEC s'intéresse aux impacts, à l'adaptation et à la vulnérabilité au changement climatique.
Les scientifiques de la NASA affirment qu'il est possible de pronostiquer les épidémies de type
Ébola,
par exemple. Ils ont découvert que les épidémies survenaient lorsqu'une
période particulièrement sèche était aussitôt suivie d'une saison très
humide.
Selon eux,
les données satellites du modèle d'émergence du virus pourraient servir
d'instrument d'alerte précoce pour de futures flambées épidémiques.
Le rapport du GIEC ne mentionne pas les découvertes de la NASA, et il
n'existe pas de données d'observation suggérant que le changement
climatique puisse engendrer une hausse des risques d'épidémie d'Ébola, a
dit Diarmid Campbell-Lendrum, l'un des auteurs principaux du chapitre
du rapport consacré à la santé humaine. Mais il y a lieu d'étudier " des
approches novatrices telles qu'une exploitation de l'imagerie
satellitaire pour mieux anticiper les conditions propices à la
transmission. Cela nous permettrait de réduire considérablement les
risques sanitaires liés au changement climatique ".
M. Campbell-Lendrum, qui est également le responsable de l'équipe en
charge du changement climatique et de la santé humaine au sein du
département Santé publique et environnement de l'Organisation mondiale
de la santé (OMS), se félicite de l'accent mis sur la santé humaine dans
le dernier rapport du GIEC.
Les risques sanitaires directement associés à la variabilité du climat,
notamment une incidence plus élevée de dengue, de paludisme, de choléra
et de diarrhée, ont été clairement établis. Mais il est également temps
que les gouvernements réinventent leur schéma de pensée, disent les
scientifiques, car tout impact sur la santé humaine s'accompagne
d'importantes répercussions.
De nouveaux concepts
De nouveaux concepts font leur apparition dans le rapport du GIEC.
Dans le contexte de la santé, l'" adaptation transitionnelle "
s'intéresse, au-delà des problèmes d'adaptation actuels, à la manière
dont les fardeaux pour la santé publique et les interventions existantes
pourraient être affectés par le changement climatique. Le rapport
souligne l'exemple du maintien des normes de sécurité alimentaires dans
un contexte de hausse des températures et d'importante pluviométrie, ce
qui demanderait une meilleure interaction entre autorités sanitaires et
vétérinaires, et un suivi des maladies d'origine alimentaire et des
ressources pour détecter les agents pathogènes et les contaminants
présents dans la nourriture.
L'" adaptation progressive " prévoit une amélioration de la santé
publique et des services de santé pour les impacts liés au climat.
Ainsi, aux États-Unis, l'introduction de programmes de vaccination
contre les rotavirus, un " agent pathogène répandu sensible au climat ",
a permis d'en retarder et d'en réduire considérablement l'incidence.
Le changement climatique, a dit M. Campbell-Lendrum, s'accompagne de
lourdes conséquences sur tous les aspects de la vie : la nourriture,
l'eau, l'air et la gouvernance. La hausse des températures a pesé sur la
santé, l'éducation, la production alimentaire et l'approvisionnement en
eau ou en énergie, mais tous ces domaines et d'autres se sont également
affectés entre eux. Les interventions en matière de santé devraient
tenir compte de ces impacts intersectoriels...