La notion d’éducation inclusive est fondée sur le droit de tous à une éducation de qualité qui réponde aux besoins d’apprentissage essentiels et qui enrichisse l’existence des apprenants. Axée en particulier sur les groupes vulnérables et défavorisés, elle s’efforce de développer pleinement le potentiel de chaque individu. Au Burkina, malgré des efforts consentis, « la réalisation du droit à l’éducation des personnes vivant avec un handicap souffre encore », fait savoir Rasmata Ouédraogo, Directrice de la promotion de l’éducation inclusive, des filles et du genre. Elle en dit plus dans cette interview accordée à Burkina 24 le 23 décembre 2016.
Burkina 24 (B24) : Présentez-nous la Direction dont vous avez la charge.
Rasmata Ouédraogo (RO) : La Direction de la promotion de l’éducation inclusive, des filles et du genre est une direction technique de la Direction générale de l’éducation formelle. Elle a pour mission principale la définition et la promotion de la politique en matière d’éducation inclusive, d’éducation des filles et la promotion du genre.
Elle a aussi pour mission de développer des stratégies, actions et mesures pour assurer l’accès, le maintien et la réussite des filles, des personnes en situation de handicap, de vulnérabilité et la promotion du genre.
Qu’entend-on par éducation inclusive ?
RO : L’éducation inclusive est une approche éducative qui vise l’amélioration ou encore la valorisation de toute la diversité au sein de la population. La diversité est vue comme un élément qui va favoriser et améliorer le processus enseignement-apprentissage.
L’éducation inclusive ne concerne pas uniquement les personnes vivant avec un handicap. Il y a aussi l’éducation des filles, l’éducation des enfants en situation difficile, en situation de vulnérabilité de façon générale.
B24 : Comment se porte l’éducation inclusive au Burkina Faso ?
RO : L’éducation inclusive, en termes d’état des lieux, il faut dire que c’est au début des années 2000 que l’Etat à travers le MENA s’est résolument engagé à l’éducation inclusive avec des projets notamment à Tanghin Dassouri, dans des CEB, etc. Dès lors, une Direction a été créée pour prendre en charge cette préoccupation. Et les moyens sont mis pour justement développer l’éducation inclusive. Donc, il y a l’élaboration des modules, la formation des enseignants, le suivi sur le terrain.
Ce qui nous a permis d’avoir des enfants déficients visuels dans nos classes, des enfants déficients auditifs dans des classes avec les autres enfants. Nous sommes aujourd’hui à environ 15.000 enfants selon la collecte des données faite par la Direction technique au cours de l’année 2015. Tous les types de handicap ont été recensés dans des classes du MENA dans 10 provinces du Burkina.
Quels sont les obstacles fréquents auxquels vous faites face ?
RO : Les obstacles sont d’ordre social d’abord. Parce que la question du handicap surtout lorsqu’il s’agit des handicaps lourds, cela fait qu’au sein de la population, il y a de l’ignorance, une certaine stigmatisation, une marginalisation. Certains mêmes ne savent pas qu’il faut les scolariser. Mais il faudrait que nous arrivions à avoir des expertises pour la prise en charge des handicaps lourds. Nous y travaillons. Mais, c’est une approche très très coûteuse.
Et donc, il faut vraiment réunir les moyens financiers, matériels et humains pour arriver à ce que l’éducation inclusive soit une réalité dans toute sa dimension. Mais au Burkina, la réalisation du droit à l’éducation des personnes vivant avec un handicap souffre encore.
C’est ce qui a amené le MENA avec l’aide de ses partenaires notamment l’UNICEF à élaborer une stratégie nationale de développement de l’éducation inclusive pour booster l’éducation inclusive, l’éducation des personnes vivant avec un handicap pour que l’éducation pour tous soit une réalité.
B24 : Justement, selon vous, qu’est-ce qu’il faudrait faire ?
RO : C’est ce que nous faisons déjà mais qu’il faudrait poursuivre notamment les sensibilisations. C’est aussi continuer dans les actions terrain et les généraliser davantage. Parce que jusqu’à présent, nous n’avons pas pu mettre le dispositif d’inclusion scolaire dans toutes les CEB par exemple. Il faut également continuer dans les formations généralistes, la formation initiale des enseignements, les autres actions terrain, etc.
B24 : Quid du rôle des leaders coutumiers et religieux ?
RO : Les leaders coutumiers et religieux doivent continuer à jouer pleinement leurs rôles de leaders, de conseils. Cela, c’est notamment à travers le Comité d’inclusion mis en place qu’ils peuvent participer et aider à la sensibilisation, être réceptifs eux aussi à la sensibilisation et la porter auprès de la population.
B24 : Votre cri de cœur.
RO : Que toute la population reçoive l’information et la partage aussi avec les autres. L’éducation est un droit fondamental au même titre que le droit à la vie. Chacun doit se dire « j’ai le droit pour moi, mais aussi je dois assurer le droit de mon prochain ». Il faut que chacun de nous se sente impliqué et faire de son mieux pour que l’éducation inclusive soit une réalité.
Propos recueillis par Noufou KINDO
Burkina 24
06/05/24 à 12h32 GMT