La très grande majorité des Québécois (83 %) sont non seulement favorables au développement de grands projets de transport en commun mais y investir constitue le premier choix de société à prioriser selon eux pour favoriser la mobilité durable. Tirés du Baromètre CIRANO 2018, les résultats de cette étude de cas portant sur la mobilité durable ont été dévoilés en primeur [le 31 mai] dans le cadre des Grands Rendez-vous de Polytechnique Montréal à la Grande Bibliothèque de Montréal.
Nos comportements en matière de transport sont en pleine mutation. De nouvelles alternatives voient le jour : véhicules électriques, véhicules autonomes, autopartage, etc. « Cette étude visait à mieux comprendre les perceptions des Québécois face à ces changements, explique Nathalie de Marcellis-Warin, coauteure de l’étude, présidente-directrice générale du CIRANO et professeure à Polytechnique Montréal. De quel œil voient-ils ces différentes options de remplacement à la voiture personnelle ? Leurs aspirations face au transport en commun se traduisent-elle dans leur usage ? »
Faits saillants
La grande majorité des Québécois (86 %) souhaitent qu’il y ait davantage de véhicules électriques. Fait intéressant : 91 % des répondants qui considèrent que les changements climatiques sont occasionnés par l’activité humaine sont favorables aux véhicules électriques alors que ce pourcentage chute à 61 % pour ceux qui croient que les changements climatiques ne sont pas prouvés scientifiquement.
Par ailleurs, 37 % des Québécois aspirent à plus de véhicules autonomes. « Il s’agit d’une part relativement élevée de la population compte tenu que quelques jours précédant la collecte des données, deux accidents mortels mettant en cause des véhicules autonomes sont survenus aux États-Unis », soutient Ingrid Peignier, coauteure de l’étude, directrice de projets et directrice des relations partenaires et des communications au CIRANO. Certains facteurs pourraient expliquer ce manque d’engouement dont le manque de « familiarité avec l’intelligence artificielle (IA)» et plus particulièrement les inquiétudes reliées aux impacts de l’IA et la crainte de risques inhérents aux innovations technologiques.
Un changement de société s’opère
La propriété automobile semble de moins en moins associée à un signe de réussite professionnelle. Aujourd’hui, c’est surtout la mobilité qui compte. Ainsi, de plus en plus de Québécois ne possèdent pas de voitures et optent plutôt pour des services d’autopartage. À ce chapitre, l’étude révèle que 72 % des Québécois aspirent au développement de ce type d’offre. Les célibataires (80 %) y sont davantage en faveur que les couples (67 %). En contrepartie, les Québécois de 75 ans et plus (54 %) s’y montrent plus défavorables que le reste de la population adulte (73 % des 18-74 ans).
Est-ce à dire que le déploiement des services d’autopartage s’effectuerait au détriment du transport en commun? Rien n’est moins sûr car la très grande majorité des Québécois (83 %) aspirent à voir se développer de grands projets de transport en commun. Sans grande surprise, les plus enclins habitent la grande région de Montréal (86 % contre 78 % dans la RMR de Québec) et sont âgés de moins de 35 ans (86 % contre 64 % des plus de 75 ans). Fait intéressant : 82 % des Québécois adhèrent à l’idée d’une tarification sociale du transport en commun telle que la gratuité pour les ainés ou encore une réduction pour les personnes à faible revenu.
REM ou ligne rose?
Et quels grands projets de transport collectif ont davantage la cote auprès des Québécois? Quelque 77 % se disent favorables au Réseau express métropolitain (REM) ; 71 % souhaitent voir se concrétiser le projet de la « ligne rose » au métro de Montréal ; 70 % voient d’un bon œil l’arrivée d’un tramway à Québec et 53 % soutiennent le Grand Déblocage, un plan de transport initié par le Parti Québécois pour accroître la mobilité dans la région métropolitaine.
Enfin, lorsqu’on leur demande de se prononcer sur les trois choix de société que le Québec devrait prioriser pour favoriser la mobilité durable parmi une liste de sept mesures, 58 % des Québécois préconisent des investissements dans de grands projets de transport en commun, 43 % retiennent l’investissement dans l’électrification des transports et 43 % prônent l’instauration de mesures qui favorisent la flexibilité au travail (p. ex. : le télétravail) pour réduire les coûts sociaux associés au transport (p. ex. : la congestion).
À la lumière de cette analyse, un constat s’impose : le développement de grands projets de transport en commun semble faire l’unanimité au Québec. Toutefois, les chercheures ont aussi observé une certaine dichotomie entre les aspirations des Québécois et leur réalité. « Pour l’heure, seulement 29 % d’entre eux disent utiliser les transports en commun plutôt que leur voiture lorsque c’est possible. Cependant, 48 % affirment qu’ils opteraient davantage pour ce mode de déplacement si l’offre était mieux adaptée à leurs besoins. Ces résultats montrent donc clairement l’importance de se doter d’un système de transport collectif mieux adapté à la réalité des citoyens pour susciter son adoption », conclut Nathalie de Marcellis-Warin.
Cette enquête a été réalisée entre le 5 et le 10 avril 2018 auprès de 1013 répondants représentatifs de la population du Québec.
Pour plus d’information sur la mobilité durable, téléchargez cette présentation.
À propos du CIRANO
Le Centre Interuniversitaire de Recherche en Analyse des Organisations (CIRANO) est un centre de recherche multidisciplinaire, de liaison et de transfert, qui a pour mission l’accélération du transfert des savoirs entre le milieu de la recherche et celui de la pratique (www.cirano.qc.ca).
À propos du Baromètre CIRANO : Analyse tirée d’enquêtes annuelles menées auprès d’un échantillon de 1000 répondants représentatif de la population du Québec afin de mieux connaître la perception des risques des Québécois sur 47 enjeux/projets regroupés en sept grands enjeux de société: les enjeux de l’environnement, les enjeux industriels, les enjeux des innovations technologiques, les enjeux de santé, les enjeux de sécurité, les enjeux socio-économiques et les enjeux des infrastructures et des projets publics. Le Baromètre permet d’enrichir la réflexion et surtout de fournir des informations pertinentes dans le processus de prise de décision stratégique en présentant aux décideurs les préoccupations du public sur différents enjeux de société, qui pourront alors être intégrées dans l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques.
Source: CIRANO
Crédit Photo: Art_inthecity sur Flickr
12/12/24 à 10h17 GMT