La 17ème édition de la Journée mondiale de la Philosophie (JMP) s’est célébrée au Cameroun avec faste. Madame le ministre des enseignements secondaires s’est rendue à Foumban pour la commémorer sur le plan national tandis que la Région du centre l’a célébrée au Lycée Bilingue de Mbalmayo.

La JMP : Contexte et justification.

La JMP a été instituée par l’UNESCO après les attentats des tours jumelles de 2001 aux Etats Unis. Ces attentats ont pu montrer que personne n’était à l’abri de la violence et du terrorisme. Le diagnostic posé par l’UNESCO était que c’est l’ignorance qui est à l’origine de cette violence et pour l’éradiquer, il fallait faire appel à la philosophie pour qu’elle vienne propager le savoir, repousser les limites de l’ignorance. L’esprit de l’UNESCO, en instituant cette journée, était clairement de sortir la philosophie des salles de classe et des amphithéâtres pour la mettre à la disposition de tous ; pour sortir le plus grand nombre de l’ignorance. Est-il besoin de préciser que l’objectif ultime est ici la réalisation du projet de paix perpétuelle qui anime la totalité de l’humanité !

La célébration

La méthodologie de célébration de cette journée au Cameroun ne cadre pas avec l’esprit de l’UNESCO. Pendant que l’UNESCO demande de sortir la philosophie des salles de classe et des amphithéâtres, on continue à les y confiner. Tout commence souvent par un concours national de la meilleure dissertation philosophique réservé aux seuls élèves des classes de Terminale. Ce concours est inopportun pour deux raisons : d’abord il est fait exclusivement dans les salles de classe et ouvert aux seuls élèves des classes de  Terminal ; ensuite, la date à laquelle ce concours se passe (au mois d’octobre), alors que les élèves n’ont pas encore appris et maîtrisé la méthodologie de dissertation (à moins qu’on reconnaisse que ce concours est réservé aux élèves qui reprennent la classe de terminale).

Plus encore, toutes les cérémonies se passent dans les enceintes des établissements scolaires. Toutes choses qui vont à l’encontre de l’esprit de l’institution de cette journée.

Célébrer autrement

Nous proposons qu’au lieu de se confiner dans les salles de classe, que les conférences et les débats aillent se tenir dans des lieux publics tels que les marchés, les stades ou les complexes sportifs… Et comment ? Il ne coute rien d’aller au marché central de Yaoundé ou de Douala, d’y implanter un stand, de mener des débats à partir de là et grâce aux hauts parler qu’on aura préalablement disposé partout pour que le plus grand nombre puisse écouter et participer le cas échéant.

On sort le plus grand nombre de l’ignorance non pas en restant dans les milieux clos, mais en allant dans la rue, vers lui, à sa rencontre. Si la philosophie ne peut pas être banalisée, il faut tout autant cesser de la mystifier.