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Biodiversité mondiale : selon WWF, les cinq prochaines années seront déterminantes pour l'avenir de la vie sur terre



  • Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a rendu public la 15e édition du Rapport Planète Vivante qui renseigne sur l’état de santé global des espèces et des écosystèmes de la terre le 10 octobre 2024. Publié tous les deux ans, ledit rapport indique que la terre est un « système en péril », à en croire les points de basculement irréversibles enregistrés au niveau des écosystèmes. D’après l’Indice Planète Vivante utilisé dans le cadre du rapport 2024, il ressort la perte catastrophique de la taille moyenne des populations d’espèces sauvages à hauteur de 76% au cours des 50 dernières années, entre 1970 et 2020. Le niveau du déclin mondial est passé de 69% en 2022 à 73% en 2024. « Nous avons perdu 4% de la nature en deux ans », indique l’étude qui invoque comme principales raisons : le changement d’utilisation des terres, la déforestation et la surpêche. L’incidence est perceptible sur les oiseaux, les amphibiens, les mammifères, les poissons et les reptiles. Les écosystèmes d’eau douce quant à eux ont diminué de 85%, en raison des pressions exercées dans les rivières, les zones humides et lacs avec la récurrence des chantiers engagés comme les barrages, l’extraction d’eau ou encore les activités de surpêche.

    La question du financement figure également parmi les causes du déclin de la biodiversité à l’échelle planétaire. A en croire Jonas Kemajou Syapze, Responsable de financement du paysage TRIDOM au WWF, 55% du PIB mondial (environ 58 milliards de dollars) dépend de la nature et des écosystèmes. Seulement, déplore-t-il, « la nature et les «écosystèmes ne sont pas pris en compte dans les questions de financement ». Sans oublier le fait que près de sept milliards de dollars par an sont dirigés vers des pratiques nuisibles, en l’occurrence les paiements directs, les incitations fiscales et les subventions agricoles dommageables, qui accentuent le changement climatique. De l’autre côté, environ 200 milliards de dollars seulement sont investis dans des solutions basées sur la nature. « La nature et les écosystèmes ne sont, soit pas pris en compte en matière de financement, soit leur valeur est considérée comme nulle. Pour garantir la durabilité de nos écosystèmes et de la nature, nous devons examiner les questions de financement, car elles impactent toutes les activités humaines et ont des effets directs sur la biodiversité et la nature en général », soutient notre interlocuteur.

    Le déséquilibre du système financier mondial est aussi décrié. Alors que les bassins forestiers de l’Amazonie et du Mékong (Asie du Sud-Est) ont chacune reçu un milliard de dollars en 2021, le Bassin du Congo lui, n’a reçu que 40 millions de dollars, soit seulement 4% des aides accordés aux autres, explique WWF. Le responsable des politiques et des partenariats pour l’Afrique au bureau régional du WWF pour l’Afrique, Durrel Halleson, enfonce le clou en faisant savoir que l’Afrique reçoit peu de ressources en matière de finance climatique. Quand bien même des ressources sont disponibles, elles sont plus sous forme de prêts.

    L’urgence de passer à l’action

    Face au challenge du financement, le Rapport Planète Vivante est favorable à un « changement significatif ». D’où l’urgence d’explorer deux chantiers : les financements verts pour mobiliser des fonds pour des pour des initiatives de conservation et de climat à travers des investissements dans des entreprises favorables à la nature. La finance verte est le deuxième chantier, qui vise à aligner les pratiques financières sur les objectifs de soutenabilité/durabilité. M. Jonas Kemajou encourage de passer à l’action, surtout pour la survie du Bassin du Congo, en mobilisant la COMIFAC pour que les pays du deuxième poumon forestier mondial impulsent eux-mêmes la transition vers une économie verte. Dans la même veine, il réitère la disponibilité de WWF à soutenir la COMIFAC dans ses actions et/ou interventions, que ce soit dans les études de faisabilité pour mobiliser davantage de fonds. M. Kemajou annonce un sommet international pour lever les financements en faveur du Bassin du Congo.

    Par ailleurs, le rapport met en garde contre la dégradation continue des écosystèmes africains, qui pourrait faire franchir à la région des seuils critiques sans interventions immédiates. Lorsque les écosystèmes dépassent ces points de bascule, leur capacité à soutenir à la fois la faune et les moyens de subsistance humains est compromise, avec de graves conséquences pour la sécurité alimentaire, la disponibilité en eau et la résilience climatique. « La biodiversité africaine appelle une action urgente. Les crises interdépendantes de la perte de biodiversité et du changement climatique poussent la faune et les écosystèmes africains à leurs limites, avec des points de bascule mondiaux menaçant de déstabiliser des écosystèmes entiers. Les conséquences catastrophiques de la disparition de certaines des espèces les plus précieuses d'Afrique, comme les éléphants de forêt et les gorilles, résonnaient dans le monde entier », souligne le directeur régional pour le Bassin du Congo au WWF, Martin Kabaluapa.

    Des signaux positifs sont tout de même constatés, avec le dossier des gorilles des montagnes dans le Grand Virunga (Ouganda, Rwanda et République démocratique du Congo), dont les populations qui avaient fortement chuté ont vu leur nombre augmenter de 3% entre 2010 et 2016 grâce à des efforts de conservation réussis. Les responsables de WWF sont d’avis que de pareilles initiatives de conservation doivent être vulgarisées.

    Cinq prochaines années à scruter avec une attention particulière

    En perspective, WWF indique que les cinq prochaines années seront déterminantes pour l’avenir de la vie sur terre. D’où la recommandation faite aux Etats de mettre en œuvre des plans nationaux plus ambitieux pour la nature et le climat. Les pays qui se sont engagés à stopper et inverser la perte de la nature d’ici 2030 en lien avec le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal en 2022 sont à un tournant décisif. A l’approche de la COP 16 sur la Diversité biologique, il est attendu d’eux un pragmatisme, à travers des stratégies et plans d’actions nationaux pour la biodiversité (SPANB) ambitieux avec des indicateurs réalisables pour faire face à ces enjeux de la planète.

    Dans cette dynamique, les mesures à prendre vont dans le sens de : réduire la surconsommation mondiale, stopper et à inverser la perte de biodiversité nationale et importée et réduire les émissions, de manière équitable. L’Ong internationale appelle en outre les gouvernements et les entreprises à agir pour d’une part éliminer rapidement les activités ayant un impact négatif sur la biodiversité et le climat et d’autre part réorienter les financements des pratiques néfastes vers des activités qui permettront d’atteindre les objectifs mondiaux.

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