Une espèce d’arbre sur deux pourrait être menacée en Amazonie. Le consortium international Amazon Tree Diversity Network, incluant l’IRD, vient en effet de révéler dans la revue Science Advances que, selon les scénarios de déforestation envisagés, de 36 à 57 % des essences amazoniennes risquent de disparaître. Soit jusqu’à 8 700 espèces, sur les 15 000 estimées lors du premier inventaire du bassin amazonien publié il y a deux ans.
Etendus à l’échelle de la planète, ces résultats laissent craindre que 40 000 espèces d’arbres tropicaux soient exposées à ce même risque d’extinction et élèvent à un cinquième la proportion de végétaux menacés sur la planète.
Une espèce d’arbres sur deux pourrait disparaître du fait de la déforestation en Amazonie. C’est ce que vient de révéler une vaste étude internationale parue dans la revue Science Advances, réunissant près de 160 scientifiques, dont des chercheurs de l’IRD, regroupés sous la bannière du réseau Amazon Tree Diversity Network.
Alerte rouge pour 8 700 espèces d’arbres
Selon les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – les plus couramment utilisés pour déterminer le statut de conservation des espèces –, l’équipe de recherche estime qu’entre 36 et 57 % des espèces d’arbres amazoniennes seraient menacées d’extinction. Soit jusqu’à 8 700 essences, dont le fameux noyer du Brésil, qui représente d’importants enjeux économiques pour les pays de la région. A ce jour, seule une infime partie d’entre elles figure sur la liste rouge de l’ONG. Certaines risquent de disparaître avant même d’avoir été observées et décrites…
S’ils se confirment, ces résultats élèveraient à 22 % le nombre de végétaux menacés sur la planète.
Simuler l’évolution des effectifs de chaque espèce
L’équipe de recherche avait préalablement publié en 2013, dans la revue Science, le premier inventaire des arbres du bassin amazonien. Par un calcul statistique, elle avait alors estimé à 15 000 leur nombre total d’espèces – à comparer aux 12 000 connues à ce jour sur la planète. Ce premier recensement avait également permis d’évaluer l’aire de répartition et le nombre d’individus par espèce. Dans la nouvelle étude, les chercheurs ont alors modélisé l’évolution des effectifs de chaque espèce, en fonction des différents scénarios de déforestation connus.
Jusqu’à un tiers de forêt en moins d’ici 2050
Construction de barrages et de mines, feux de forêt et sécheresses intensifiés par le changement climatique... : la forêt amazonienne doit faire face à un front de menaces. Les spécialistes estiment que près de 20 % de la forêt ont ainsi disparu depuis les années 1970. D’ici 2050, selon les scénarios de déforestation envisagés, elle en perdra encore jusqu’à 30 %.Dans le meilleur des cas, où les zones protégées (parc nationaux, réserves indigènes mises en place pour renforcer les droits territoriaux des peuples autochtones) permettraient de conserver la végétation, l’étendue de la forêt diminuera tout de même de 10%.
Cette tendance s’observe dans toute la zone intertropicale. La nouvelle étude avance ainsi que quelque 40 000 espèces d’arbres tropicaux dans le monde pourraient être confrontés à ce même risque d’extinction.
Bon à savoir
Avec près de 6 millions de km2 s’étendant sur 9 pays (majoritairement le Brésil, mais aussi la Bolivie, le Pérou, l’Equateur, la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Suriname et la Guyane française), l’Amazonie est la plus grande forêt tropicale humide au monde. Elle est aussi la plus riche en biodiversité. Mais elle est menacée par la déforestation et les changements climatiques. Un cinquième de la forêt amazonienne a disparu depuis 1970.
Partenaires
Organismes du réseau Amazon Tree Diversity Network issus d’une vingtaine de pays différents.
Références
Hans ter Steege et al. Estimating the global conservation status of more than 15,000 Amazonian tree species. Science Advances, 2015, Vol. 1, no. 10, e1500936. DOI: 10.1126/sciadv.1500936
Contacts scientifiques
Jean-François Molino, chercheur à l’IRD
T. 33 (0)4 67 61 75 47 ; jean-francois.molino@ird.fr
Daniel Sabatier, chercheur à l’IRD
T. 33 (0)4 67 61 65 83 ; daniel.sabatier@ird.fr
UMR Botanique et modélisation de l’architecture des plantes et des végétations - AMAP (IRD / Cirad / CNRS / Inra / Université Montpellier)
Lire l'article de l'IRD (525 hits)
Télécharger le communiqué (648 hits)
01/10/24 à 07h35 GMT