"Il y a tout juste un an, le corps sans vie d'un enfant de trois ans échouait sur les plages d'une station balnéaire Turque. Le monde se réveilla ce jour-là, comme électrocuté par l'image du jeune syrien Aylan Kurdi, couché sur le ventre, le nez dans le sable.
Le même jour naissait aux Philippines une fille pleine de vie. Appelons la Sarah. Ses parents sont partagés entre la joie d'avoir, enfin, un enfant et l'angoisse de sauver Sarah des vagues monstrueuses de typhons à répétition.
Quant à Aylan, son frère Galeb de 4 ans et leur mère de 27 ans, ils n'ont même pu se faire enregistrer comme réfugiés. En revanche, un nombre record de 65 millions de personnes déracinées l'ont été, en 2016, par le Haut-Commissariat de l'ONU pour les Réfugiés. 65 millions de personnes, soit quasiment le double de la population marocaine, déplacés contre leur gré.
Les guerres, bien sûr. Mais aussi les catastrophes naturelles. Chaque année, les dérèglements climatiques provoquent le déplacement forcé de plusieurs dizaines de millions de personnes.
Chaque année, un nombre croissant de personnes, jeunes et enfants, entreprennent des voyages périlleux, à la recherche d'un monde meilleur.
Chaque année, l'on enregistre des conflits de plus en plus sanglants entre usagers, dans une compétition jamais aussi féroce, pour l'accès à des ressources naturelles jamais aussi rares.
D'année en année, les forces armées sont sollicitées, qui pour des missions humanitaires ponctuelles suite à une catastrophe naturelle, qui pour tenter de restaurer la paix dans des zones de conflits, ou pour intervenir en force d'interposition pour prévenir des situations conflictuelles.
C'est à ce titre que le Programme des Nations Unies pour l'Environnement salue la remarquable initiative du Maroc d'abriter cette Conférence sur le rôle des armées dans la lutte contre les changements climatiques, comme contribution à la COP22 de la Convention Climat qui se tiendra dans tout juste deux mois à Marrakech.
Les Nations Unies se félicitent aussi de la prise de conscience croissante des forces armées de plusieurs pays qui considèrent désormais les changements climatiques comme le plus grand risque sécuritaire auquel elles font face.
En effet, au-delà des réponses émotionnelles au cas du jeune Aylan, il faut examiner les causes profondes des conflits et de l'immigration. Il faut traiter le mal à la source.
Ce faisant, nous pourrions limiter le nombre de familles disloquées dans les pays d'origine, diminuer le nombre de morts sur les routes périlleuses, et réduire les cas d'immigrés clandestins. Examinons les causes profondes des conflits, et consacrons davantage de ressources au développement local, comme mesures de prévention dans les pays de départ.
Nos études ont démontré qu'au cours des soixante dernières années, plus de 40% des conflits inter-états ont eu des liens avec l'accès aux ressources naturelles. En revanche, les accords de paix signées au cours de la même période n'ont guère intégrés les ressources naturelles que dans un quart des cas ; preuve que les politiques n'ont pas traité le mal à la source.
L'on se bat pour l'accès à la terre ; pour le contrôle des sources d'eau, des cours d'eau ou des nappes phréatiques. Les zones minières, les sites pétroliers et les pipelines font l'objet de convoitises, partout dans le monde. Avec une population en hausse et des modes de consommation de plus en plus gourmands, la demande augmente alors que les ressources se raréfient.
La compétition pour l'accès et le contrôle des ressources naturelles devient un enjeu mondial. Les satellites ayant fini de scanner la terre, l'on rentre dans les entrailles des océans et l'on lève la tête vers d'autres planètes, alors que les solutions demeurent essentiellement sur terre. Largement à notre portée.
La réponse à long terme réside dans une grande mesure, dans la promotion des modes de production et de consommation durables, la bonne gouvernance des ressources naturelles et la redistribution des revenus."
Communiqué du PNUE (826 hits)
01/10/24 à 07h35 GMT