Des experts des droits de l'homme des Nations Unies ont appelé vendredi à une action forte et urgente de la part des États pour lutter contre la pollution atmosphérique et veiller ainsi à ce que les populations du monde entier puissent jouir des droits humains à la vie et à la santé dans des environnements exempts de contamination.
« La pollution de l'air est une préoccupation majeure des droits de l'homme dans le monde », ont déclaré les experts dans un communiqué de presse, soulignant que les polluants atmosphériques toxiques sont associés à un risque accru d'accident vasculaire cérébral (AVC), de maladies cardiaques, de cancer et de maladies respiratoires, y compris l'asthme.
Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ sept millions de décès prématurés sont liés chaque année à l'exposition des êtres humains à la pollution atmosphérique. De plus en plus de preuves scientifiques indiquent que la pollution atmosphérique est devenue la principale cause environnementale de décès prématuré dans le monde.
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l'homme et les substances et déchets dangereux, Baskut Tuncak, ainsi que ses collègues experts des Nations Unies, Dainius Puras, John H Knox et Rosa Kornfeld-Matte, demandent une meilleure réglementation dans le domaine de la pollution atmosphérique. Le groupe de travail de l'ONU sur les droits de l'homme et les sociétés transnationales et autres entreprises commerciales s'est joint aux experts pour exprimer son inquiétude.
« Les enfants et les personnes en situation de vulnérabilité, y compris les femmes en âge de procréer, les personnes âgées, les personnes en mauvaise santé et celles vivant dans des communautés moins riches restent les plus vulnérables », ont averti les experts.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), 300 millions d'enfants, soit près d'un septième de la population mondiale, vivent dans des zones où la pollution atmosphérique est la plus toxique. Et les experts soulignent que les pédiatres qualifient de « pandémie silencieuse » l'impact de cette pollution sur la santé des enfants.
Une responsabilité de protéger qui incombe aux Etats
Pour les experts, « une menace comme celle-ci ne peut plus être ignorée » et les États ont le devoir de prévenir et de contrôler l'exposition à la pollution atmosphérique toxique et de protéger contre les effets néfastes sur les droits de l'homme.
« L'impunité pour les responsables de la pollution atmosphérique est aujourd'hui répandue », ont-ils déploré, soulignant un manque de responsabilité « inacceptable » et dénonçant des rapports récents de ministres de l'environnement niant ses effets malgré des preuves accablantes du contraire. « Une action urgente est désormais nécessaire, conformément aux normes internationales des droits de l'homme ».
Les experts ont souligné qu'une coopération transfrontalière est nécessaire pour promouvoir l'adoption de mesures préventives et de contrôle dans les secteurs de l'énergie, de l'industrie et des transports. « En plus d'une législation solide et pleinement mise en œuvre, nous avons besoin d'investissements dans les infrastructures et d'incitations à long terme pour la réduction de la pollution et l'innovation technologique », ont-ils ajouté.
Les experts ont conclu que l'amélioration de la réglementation des émissions toxiques des véhicules et de sources industriels, le renforcement de la gestion des déchets et des pratiques de recyclage et la promotion des énergies renouvelables sont des étapes essentielles pour traiter efficacement les problèmes de qualité de l'air et de santé publique.
Les experts cités sont Baskut Tuncak, Rapporteur spécial sur les conséquences pour les droits de l'homme de la gestion et de l'élimination écologiquement rationnelles des substances et des déchets dangereux; Dainius Pûras, Rapporteur spécial sur le droit de chacun à jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible; John H. Knox, Rapporteur spécial sur la question des obligations en matière de droits de l'homme relatives à la jouissance d'un environnement sûr, propre, sain et durable; Rosa Kornfeld-Matte, Experte indépendante sur la jouissance de tous les droits de l'homme par les personnes âgées; et Michael K. Addo, Président du Groupe de travail sur la question des droits de l'homme et des sociétés transnationales et autres entreprises commerciales.
Communiqué de l'ONU (852 hits)
01/10/24 à 07h35 GMT