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Interdiction du commerce de l'ivoire : encore un pas à franchir en France



  • Le commerce existant de l’ivoire conduit actuellement les derniers éléphants de la planète au bord de l’extinction. En Afrique, un éléphant meurt toutes les 26 minutes, victime des braconniers dans le but d’alimenter une demande mondiale pour des objets de décoration, des bijoux et des bibelots en ivoire.

    En 2016, un grand recensement des éléphants de savane effectué dans 18 pays d’Afrique a révélé un effondrement de 30% de leur population entre 2007 et 2014, notamment au profit d’un braconnage d’ampleur orchestré principalement par la criminalité organisée et des groupes rebelles régionaux. Cette situation alarmante condamne des vies animales mais aussi de nombreuses vies humaines, et entraîne une instabilité économique, sociale et politique là où elle s’enracine.

    Si c’est en Europe que se concentre près d’un tiers des saisies d’ivoire réalisées dans le monde, la France est l’un des principaux pays de transit et conserve donc sa part de responsabilité dans le maintien de la demande, notamment asiatique, pour cet ‘or blanc’.

    Le gouvernement français n’est pas resté impassible face à ce constat : les efforts de Madame Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, pour lutter contre le braconnage des éléphants et le trafic de l’ivoire, se sont révélés extrêmement positifs et sont par là-même louables.

    Du lancement, en décembre 2013, par le Président de la République, d’un plan d’action national de lutte contre le trafic et le braconnage des espèces sauvages menacées, à des dispositions renforçant les sanctions appliquées aux trafiquants d’espèces sauvages au sein de la loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, tout en passant par l’arrêté du 16 août 2016 interdisant la vente d’ivoire brut et restreignant la vente d’ivoire travaillé, la Ministre de l’Ecologie a su montrer une véritable volonté politique pour faire avancer le combat contre la criminalité en matière d’espèces menacées et garantir la survie des populations actuelles d’éléphants.

    Néanmoins, la France dont le leadership sur cette question a été reconnu, ne doit pas rester sur ses acquis. Une quantité non négligeable d’ivoire travaillé peut encore être commercialisée grâce au système dérogatoire permis par l’arrêté du 16 août 20161. L’existence même de ce commerce menace la survie des derniers éléphants. Il est donc crucial de renforcer le cadre réglementaire actuel pour les protéger. Les Etats-Unis et la Chine qui œuvrent à une interdiction du commerce de l’ivoire sur leur territoire ont ouvert la voie, et le Parlement européen a reconnu le besoin urgent de combattre le trafic illégal d’espèces sauvages au niveau européen le 24 novembre 20162. Il revient désormais à la France et à l’Union européenne de poursuivre leurs efforts pour obtenir une interdiction totale du commerce de l’ivoire au sein de l’UE et encourager la destruction régulière des stocks d’ivoire saisis.

    L’ivoire n’est en rien vital pour l’homme, il l’est pour les éléphants.

    (1) Ces dérogations concernent le commerce d’objets travaillés dont l’ancienneté antérieure au 1er juillet 1975 est établie. Il s’agit de spécimens dont l’état brut naturel a été largement modifié pour en faire des bijoux, des objets décoratifs artistiques ou utilitaires.

    (2) A cette date, le Parlement européen a voté en faveur du plan d’action de la Commission européenne contre le trafic d’espèces sauvages de la Commission européenne lancé en février 2016 et approuvé par le Conseil en juin 2016.

    Céline Sissler-Bienvenu

    Communiqué de l'IFAW

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