Les enjeux liés à la protection et à l’exploitation des ressources hydriques ont continué de mobiliser l’attention de l’Instance permanente sur les questions autochtones, au quatrième jour des travaux de sa session 2017.
Qu’il s’agisse du problème de la privatisation de l’eau, du traitement des protecteurs de l’eau à Standing Rock, ou le forage sous-marin dans les territoires autochtones du Pacifique, ces situations, a estimé M. Dmitrii Kharakka-Zaitsev, un des experts de l’Instance, méritent d’aborder la Déclaration sur les droits des peuples autochtones dans un contexte plus vaste pour tenir compte des enjeux liés à la protection des ressources hydriques et des océans.
Au préalable, la représentante de « Land is Life » avait parlé des problèmes que rencontrent les peuples autochtones dans la région désertique du Chili où ils ont acquis une expérience unique en matière de préservation de l’eau, une ressource qui, a-t-elle dénoncée, est maintenant privatisée au profit de grandes industries.
De son côté, à la lumière du traitement subit par les militants de Standing Rock, le représentant de Pahtamawiiken n’a rien demandé de moins que le déploiement d’une mission de maintien de la paix des Nations Unies aux États-Unis pour protéger les peuples autochtones ainsi que les ressources et terres ancestrales.
Ce dernier a justifié sa demande en affirmant avoir été le témoin, à Standing Rock, d’arrestations dégradantes, de surveillances déplorables et d’intimidations psychologiques inacceptables.
Autre source de préoccupation, la situation en Colombie où, selon le représentant de « National Colombian Indigenous Organization » les peuples autochtones continuent de voir leurs droits violés en dépit de la signature de l’Accord de paix, et en l’absence de toute législation pour les protéger. Il a lui aussi demandé l’envoi d’une mission sur place pour enquêter sur le meurtre, la semaine dernière, de quatre membres des communautés autochtones.
De son côté, le représentant de la « Society for Threatened People » a dénoncé la répression commise par le Gouvernement chinois contre les Ouigours, précisant que celle-ci s’était accrue en 2016 et 2017. Ce dernier s’est notamment inquiété du risque de voir cette communauté réprimée sous prétexte de lutte contre le terrorisme.
Suite à cette intervention, le représentant de la Chine a accusé l’organisation d’appuyer des activités terroristes, assurant par ailleurs que le Gouvernement chinois respecte la liberté religieuse et les coutumes des « ethnies » en Chine, y compris dans la région de Xinjiang.
Cet échange a valu à plusieurs experts de l’Instance, dont M. Les Malezer et Mme Tarcila Rivera Zea, de souligner qu’il ne faut pas faire d’amalgames entre l’appel des communautés autochtones pour le respect de leurs droits et les revendications des groupes terroristes.
La question du terrorisme a également été abordée dans l’après-midi lors de l’examen de la suite donnée aux recommandations de l’Instance sur l’autonomisation des femmes autochtones et les jeunes autochtones.
Ainsi, la représentante du « Congrès mondial amazigh » a indiqué que la politique menée par les pays du Maghreb maintient les jeunes amazighs dans l’ignorance de leur langue, culture et histoire, et que de ce fait, nombre d’entre eux décident de rejoindre Daech, tandis que d’autres sont poussés au suicide ou sombrent dans la toxicomanie.
Le débat de la matinée était consacré à l’examen des activités menées dans les six domaines d’action de l’Instance en relation avec la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, à savoir la santé, l’éducation, les droits de l’homme, le développement socioéconomique, l’environnement et la culture.
L’Instance poursuivra ses travaux demain, à partir de 10 heures, avec l’examen du suivi du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.
(5e séance) Instance permanente sur les questions autochtones - 16e session
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01/10/24 à 07h35 GMT