La préservation du milieu marin fait partie des objectifs de développement durable (ODD) qui visent à atteindre un monde plus juste et plus équitable pour tout le monde et pour la planète d’ici à 2030.
L’ODD 14, ‘La vie sous l’eau’, et la Conférence mondiale sur les océans, qui se déroulera du 5 au 9 juin, ont une résonance particulière pour des pays tels que Trinité-et-Tobago, dans les Caraïbes, estime Rissa Edoo, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à Port of Spain, la capitale.
« L’océan est vital pour nous parce que nous sommes un petit État insulaire en développement. La plupart de nos ressources se situent le long de notre côte et la plus grande partie de notre industrie est également le long de notre côte, il est donc très important pour nous de comprendre le lien entre la vie sur terre et la vie sous l’eau », ajoute-t-elle.
Mme Edoo est la Coordonnatrice nationale du programme de micro-financement du Fonds mondial pour l’environnement, qui a financé plus de 100 projets depuis 1995. Parmi les bénéficiaires, Nature Seekers est une organisation à but non lucratif qui est devenue un modèle de préservation marine dans les Caraïbes au cours des 27 dernières années.
L’organisation est basée à Matura, un village de pêcheurs sur la côte nord-est de Trinité, où les tortues luth étaient autrefois tuées pour leur chair. Aujourd’hui, les 2.000 habitants protègent fièrement les tortues marines qui viennent sur la plage locale, de mars à août, pour pondre leurs œufs.
« La principale source de nourriture des tortues luth est la méduse. Elles préservent la population de méduses en contrôlant leur poids. Et les méduses se nourrissent de petits poissons ou d’œufs de poisson. Donc en contrôlant la population de méduses à travers les tortues luth, nous avons un secteur de la pêche prospère, ce qui permet aux pêcheurs qui en vivent, aux personnes qui aiment manger les produits de la mer, et à toutes les industries et les personnes qui sont affectées par l’utilisation des poissons d’en bénéficier », explique Esther Vidale, directrice de projet à Nature Seekers.
Lorsque Nature Seekers a commencé en 1990, près de 30% des tortues luth qui arrivaient à Matura Beach étaient mutilées ou tuées par des braconniers.
Suzan Lakhan Baptiste, Directrice générale et force motrice de l’organisation, se souvient que la plage ressemblait autrefois à un « cimetière ». « Je vis au sein de la communauté et quand j’allais à la plage, je voyais ces immenses tortues avec tous ces œufs dans l’estomac et avec des kilos de chair manquants. Je me souviens d’avoir vu des tortues avec des parties coupées partout. Je me suis dit que je devais faire quelque chose », déclare-t-elle.
Depuis lors, Nature Seekers éduque les résidents du village de Matura sur l’importance de la préservation et montre comment les tortues sont une ressource qui peut améliorer les moyens de subsistance. Les résidents ont été formés pour patrouiller sur la plage et surveiller les espèces. Matura est devenue une destination écotouristique et l’organisation travaille également sur des questions telles que la gestion forestière et les moyens de subsistance durables.
Aujourd’hui, la plus grande menace pour les tortues luths se trouve dans l’eau, car elles peuvent être prises par inadvertance dans des filets de pêche.
Par l’entremise du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Nature Seekers étudie des méthodes de pêche alternatives telles que l’utilisation de dispositifs qui permettent aux tortues piégées de s’échapper des filets.
Pendant ce temps, les habitants de l’île voisine de Tobago travaillent également à préserver leur environnement.
Neila Bobb Prescott de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) est le conseiller technique en chef pour un projet national financé par le Fonds mondial pour l’environnement couvrant six sites dans tout le pays.
À Tobago, « le site sur lequel nous essayons d’améliorer la gestion est la région marine du nord-est de Tobago, qui abrite le plus grand corail du cerveau dans cette partie du monde », explique-t-elle. « Nous venons de conclure des études montrant qu’il y a deux espèces de requins en voie d’extinction ».
Au cours des trois dernières années, l’Institut de recherche sur l’environnement de Charlotteville (ERIC) a aidé les résidents à prendre des décisions éclairées au sujet de leur avenir en jouant un rôle actif dans la préservation des ressources naturelles.
ERIC est un autre bénéficiaire du programme de subventions du Fonds mondial pour l’environnement. Ses activités incluent la formation de pêcheurs locaux à l’éco-plongée ce qui leur permet de contrôler et surveiller les récifs et les requins.
Welldon Mapp est un exemple de cette approche. Ce pêcheur âgé de 25 ans engage des discussions avec ses collègues et voisins sur l’impact du changement climatique sur leurs moyens de subsistance.
Il estime que le message passe.
« Vous avez des opérateurs de bateaux de plongée qui ont changé leur manière d’utiliser les moteurs. Au lieu de les faire tourner toute la journée, ils les éteignent quand ils ont des clients. Vous avez l’entraîneur de football demandant aux étudiants qui arrivent en retard d’apporter une plante à planter autour du terrain de football pour améliorer la communauté. Les gens changent au fur et à mesure », souligne-t-il.
[ODD2030-14]
Communiqué de l'ONU (883 hits)
01/10/24 à 07h35 GMT