"Par Marie-Josée HOUENOU, Consultante projets développement durable, juriste environnement, membre de JFDD
Après 2015, année de l’adoption de l’Accord de Paris lors de la COP 21, Paris remet le couvert. Etats, entreprises, investisseurs, syndicalistes, jeunes, vieux et célébrités, se sont réunis ce 12 décembre 2017 au nom de la lutte contre les changements climatiques. Alors que la COP 23 en Allemagne vient à peine de fermer ses portes, les 2 bougies de l’Accord de Paris sont allumées.
Une autre conférence : retour vers le passé ?
3 objectifs, 1 même engagement : agir ensemble, titre le site officiel gouv.fr . « Adaptation, atténuation, mobilisation. Le One Planet Summit est l’alliance de centaines de leaders internationaux, tous secteurs confondus, déterminés à montrer la force du collectif face à un enjeu aussi global que la lutte contre le changement climatique. Il s’agit de trouver de nouveaux moyens de financer l’adaptation de nos modes de vies aux transformations inéluctables, d’accélérer encore la réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’ancrer les problématiques climat au cœur de la finance. »
« Le 31 octobre 2017, l’ONU nous alertait solennellement sur l’écart « catastrophique » qui existe entre les engagements des Etats et les réductions des émissions de gaz à effet de serre qu’il faudrait opérer pour maintenir le réchauffement au-dessous de 2 °C." Monsieur Jean Jouzel (Climatologue, ancien vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et Pierre Larrouturou (Economiste), auteurs de l’article sur le site du journal le Monde, reprennent les propos de Erik Solheim, directeur du Programme des Nations unies pour l’environnement : « Les engagements actuels des Etats couvrent à peine un tiers des réductions nécessaires. Gouvernements, secteur privé, société civile doivent combler cet écart catastrophique. Un an après l’entrée en vigueur de l’accord de Paris, nous sommes loin de faire ce qu’il faudrait pour préserver des centaines de millions de personnes (…). Monsieur Macron l'a d'ailleurs rappelé à l'occasion du sommet.
On se souvient que les pays s'étaient pourtant largement manifestés en 2015 . En effet, dans le cadre de l’Accord de Paris, les pays avaient soumis un document, dans lequel, chacun d’eux expliquait comment il comptait contribuer à la baisse du réchauffement climatique. Ce document appelé les CPDN pour contributions prévues déterminées au niveau national est désormais appelé CDN pour contributions déterminées nationales. Il contient un ensemble de projets, stratégies étatiques, publics, privées touchant à plusieurs domaines et présentant pour chaque pays, la stratégie de limite des gaz à effet de serre. Reste que pour mettre en œuvre ces projets, bien souvent les acteurs climatiques manquent de financements. Un des enjeux de cette rencontre anniversaire a donc été la mobilisation pour des financements.
Le financement : le nerf de la guerre climatique ?
On peut facilement comprendre qu’un accord, bien que signé par 175 pays, s’il n’est pas mis en œuvre n’a pas grande utilité. Or si la mise en œuvre nécessite une volonté politique, elle reste largement tributaire des ressources financières. 2 ans après la COP 21, sommes-nous dans la phase de mise en action ou dans celle de l’action elle-même ? Les pays en voie de développement réclament des financements. Ils rappellent d’ailleurs que « les pays riches tardent à respecter leur engagement datant de 2009, de leur fournir environ 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 - de sources publiques et privées - pour les aider à passer des énergies fossiles à des sources d'énergie plus vertes et s'adapter aux effets du changement climatique ». D’ailleurs, si on s’intéresse au secteur de la transition énergétique, toujours, selon le site reuteurs, la Banque mondiale aurait déclaré qu'elle ne financerait plus les projets pétroliers et gaziers en amont après 2019, à l'exception de certains projets gaziers dans les pays les plus pauvres dans des circonstances exceptionnelles. Tous les projets n’ont donc pas les mêmes priorités. Les auteurs de l’article cité plus haut réclament eux 1 000 milliards d’euros pour le financement de la transition énergétique , celle qui est censée nous faire passer de moins, voir pas d’énergies fossiles (pétrole, charbon ect), à plus d’énergies renouvelables (solaire, éolien ect).
Dans cette course au financement, la France s'engage donc à hauteur de 1.5 milliard de dollars : c’est le nouvel objectif français en matière de financements pour l’adaptation au dérèglement climatique dans les pays en développement. Les grands groupes EDF, AXA etc multiplient les annonces financières et stratégiques afin de soutenir la mise en oeuvre de l'Accord de 2015. Les plus jeunes en parlent aussi à travers le monde. Mardi 11 décembre 2017, au siège de l’UNESCO Paris, un évènement organisé par CliMates ; UNESCO/MOST ; IAAI, s’est intéressé à comment on pourrait améliorer le financement climatique à travers les jeunes et l'éducation.
Ainsi, en tout état de cause, et pour tous les protagonnistes, la lutte continue. Un des slogans de la France durant la COP 23 était d’ailleurs Make Paris Great Again, slogan qui rappellant le Make America great again du Président américain. Ce dernier avait manifesté sa volonté de quitter l’Accord de Paris le qualifiant de "unfair at the highest level." Cependant, certains acteurs climatiques américains ont démontré leur volonté de poursuivre leurs efforts pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris, notamment le « United states climates alliance » et les collectivités locales à travers « Climate Mayors ». Outre la présence remarquée de Mr Arnold Schwarzenegger à Bonn ainsi qu’à Paris via ses bicyclette et cravate vertes pour ce One planet summit parisien, ils ont d’ailleurs manifesté cette volonté durant la COP 23 à Bonn, en aménageant un pavillon entier en dehors de la zone des négociations officielles, afin de promouvoir leur mouvement : We are still in.
Les 12 engagements du One planet Summit
Les institutions, gouvernements et coalitions ont donc annoncé des financements à travers le soutien à certaines problématiques. Pour les pays de la zone caraibe par exemple, 10 milliards de dollars sont prévus pour faire face à la menace de la montée des eaux. Par ailleurs, un fonds de 130 millions d'euros destiné à la protection des terres, a été lancé par les Nations unies et le WWF . Il sera géré par Mirova, une filiale de Natixis. 30 agences de développement auraient également annoncé que leurs engagements financiers auraient désormais un impact positif sur le climat. Une série d'engagements sont donc issus de ce sommet dont les points principaux sont les suivants :
Amplifier le financement de l’adaptation et de la résilience au changement climatique
1 – faire face aux évènements extrêmes dans les états insulaires
2 – protéger les terres et les ressources en eau face aux effets du dereglement climatique
3 – mobiliser la recherche et la jeunesse en faveur du climat
4 – marchés publics et accès des collectivités aux financements climat
Accélérer la transition vers une économie décarbonée
5 – objectif zero émission
6 – révolutions sectorielles vers une économie décarbonée
7 – des transports sans pollution
8 – vers un prix du carbone compatible avec l’accord de paris
Ancrer les enjeux climatiques au cœur de la finance et des décisions de ses acteurs
9 – actions des banques centrales et entreprises
10 – mobilisation internationale des banques de développement
11 – engagement des fonds souverains
12 – mobilisation des investisseurs institutionnels
Sources :
Crédit photos prises sur le twitter Ministère de Bercy
Site officiel economie.gouv.fr : https://www.economie.gouv.fr/one-planet-summit-2017
Twitter : https://twitter.com/_Bercy_/status/940488621844549632
Site la Croix et service de presse de l'Elysée: https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Environnement/douze-engagements-sommet-climat-2017-12-12-1200898944
À propos de l'initiative jeunesse
l'’Initiative Jeunesse de lutte contre les changements climatiques’’. a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles.
[IJLCC]
01/10/24 à 07h35 GMT