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L’impact de l’exploitation artisanale de l’or (orpaillage) sur la santé et l’environnement :



  • Cas de l’utilisation du mercure dans l’exploitation artisanale de l’or et l’évaluation des impacts sur la santé et l’environnement au Burkina Faso.

    Le secteur de l’exploitation minière artisanale occupe une place importante dans l’économie du Burkina Faso. En effet, le métal jaune (or) est le troisième produit d’exportation et contribue à l’équilibre de la balance de paiement. L’activité d’orpaillage se mène sur plus de 200 sites et procure des revenus à plus de 200 000 personnes vivant principalement en milieu rural. Cette activité constitue un moyen efficace de lutte contre la pauvreté. Toute fois, elle comporte d’énormes inconvénients notamment sur la santé humaine mais également celle de l’environnement et des ressources naturelles. Elle a également des conséquences au plan social.

    Il faut noter en effet que l’exploitation minière artisanale contribue au déboisement et à la déforestation, à la dégradation des sols, à la pollution de l’air par la poussière et le monoxyde de carbonique, du sol et de l’eau par les huiles usagées des moteurs et les produits chimiques (les piles usagées abandonnées au fond des puits contenant du manganèse ou plomb), la perte de la biodiversité, la détérioration du paysage etc…)

    Sur le plan sanitaire, elle peut engendrer des maladies respiratoires (toux, pneumonie, angine…) du fait de l’inhalation de la poussière et des accidents souvent mortels compte tenu des techniques d’extraction du minerai qui s’avèrent archaïques.

    Au plan social, cette activité entraîne la dépravation des mœurs sur les sites d’exploitations, ce qui peut faire accroître le taux des maladies sexuellement transmissibles ; elle contribue à vider les classes de leurs élèves qui doivent aider leurs parents dans l’extraction ; ce qui conduit à une baisse du taux de scolarisation dans les zones d’exploitation.

    Pour mieux illustrer l’impact de l’exploitation artisanale sur l’environnement, la santé humaine et le social, les résultats d’une enquête relative à l’utilisation du mercure dans le traitement du minerai menée sur onze (11) sites d’orpaillage constituent un bon outil.

    Conséquences sur l’environnement

    Il est démontré que pour chaque gramme d’or obtenu par amalgamation, environ deux (02) grammes de mercure s’échappent dans le milieu ambiant, polluant directement les sols, les eaux, sans compter l’inhalation de gaz par les utilisateurs et leur voisinage.

    La majorité des sites visités connaît une pollution et/ou une contamination du milieu. On peut citer deux sources essentielles d’exposition et de contamination associées à l’utilisation et la manipulation du mercure :

    « Les vapeurs de mercure produites lorsque l’amalgame est chauffé à des températures supérieures à 350°C pour la récupération de l’or. Ces vapeurs sont en partie inhalées par les orpailleurs et les personnes vivant sur le site.

    La vapeur de mercure peut être transportée assez loin par les vents. Elles se déposent sur les sols, les végétaux, les plans d’eau et les aliments non protégés ou même être précipitées sous forme de pluie acide, etc.. ;

    Les rejets directs de mercure sous forme liquide au cours des opérations d’amalgamation du concentré d’or dans les sols dont le lessivage par les eaux de ruissellement favorise la mobilisation et la dispersion des métaux lourds dans l’environnement, notamment dans les eaux de surface (fleuves, rivières, lacs, barrages et retenues d’eau), et dans les eaux souterraines par infiltration. La méthylation du mercure est favorisée par les conditions physico-chimiques du milieu aqueux, conduisant ainsi à la forme la plus toxique et dangereuse du mercure pour la santé publique, etc.

    Les conséquences sanitaires de l’utilisation du mercure

    Sur l’ensemble des onze sites aurifères visités, mille quatre vingt dix (1090) personnes ont été examinées, sept cent soixante sept (767) radiophotographies pulmonaires, quatre vingt treize (93) personnes ont donné des échantillons d’urine pour le dosage du mercure urinaire à l’Institut Universitaire Romand de Santé au Travail (IST) de Lausanne en SUISSE. A l’issu des différents tests, il ressort les constats suivants :

    La valeur moyenne de la concentration en mercure urinaire, parmi les 93 sujets de l’échantillon est de 194,5 micro grammes de mercure par gramme de créatinine ;

    Quatre vingt dix huit virgule neuf pour cent (98,9%) (92 sujets sur 93) ont des concentrations urinaires en mercure au-delà des valeurs de référence de la population générale ;

    Soixante huit virgule huit pour cent (68,8%) des sujets de l’échantillon (64 personnes sur 93) ont des concentrations urinaires en mercure au-delà des valeurs de référence professionnelles de 35 µg Hg/g créatinine et près de la moitié des sujets ayant subi le dosage du mercure urinaire (49,5%) présente des valeurs supérieures à 100 µg Hg/g.

    Face à de tels inconvénients sur l’environnement et la santé, il devient alors nécessaire que des mesures soient prises :

    Les mesures préconisées :

    Pour atténuer et prévenir ces incidences néfastes pour l’homme et l’environnement, les mesures non exhaustives suivantes peuvent être envisagées :
    Les mesures à prendre pour les orpailleurs :

    • Campagnes intenses de sensibilisation des artisans sur les risques et dangers associés à l’utilisation et la manipulation sans protection ni précaution du mercure ;

    • Mise en place effective sur les sites d’orpaillage de petites unités n’utilisant pas de produits chimiques et augmentation de leur capacité de traitement de minerai et de récupération d’or ;

    • Port obligatoire d’équipement de protection (gants, masques, etc.) au niveau des centres de traitement de minerai pendant les opérations d’amalgamation ;


    • Délimitation et aménagement de centres uniques de traitement de minerai sur les sites ;

    • Promotion et vulgarisation de l’utilisation systématique de retors dans l’ensemble des opérations de récupération de l’or sur les sites d’orpaillage ;

    • Implication des bénéficiaires d’autorisation d’exploitation artisanale de l’or ou responsables de site d’orpaillage dans la lutte contre l’utilisation anarchique du mercure et le traitement du minerai en dehors des zones prévues à cet effet sur le site.

    Les mesures à prendre par l’état et ses démembrements

    • Réglementation de la vente, l’achat, le transport et l’utilisation du mercure sur l’ensemble des sites d’orpaillage en activité ;

    • Une attention particulière doit être portée sur la gestion des rejets miniers et des composantes environnementales particulièrement sensibles situées à proximité des opérations minières ;

    • Les sites des centres uniques de traitement doivent être suffisamment grands et choisis en fonction des critères d’étanchéité des sols et de la topographie, des bassins de retentions des boues et des effluents issus du traitement seront aménagés selon les règles de l’art pour endiguer les résidents et les effluents pour leur traitement ultérieur par des méthodes adaptées ;

    • Enfin, tous les sites d’orpaillage importants doivent faire l’objet d’un recensement, d’études de cartographie et de caractérisation physico-chimique dans la perspective d’une meilleure gestion de l’environnement minier.


    Recommandation pour les décideurs

    • Poursuivre la campagne de sensibilisation à une échelle plus grande ;
    • Subventionner le retort ;
    • Prendre en compte le coût d’au moins un retort dans les frais d’octroi des autorisations d’exploitation artisanale ;
    • Promouvoir la commercialisation du retort au Burkina Faso ;
    • Envisager et encourager la fabrication locale du retort.

    En conclusion, nous pouvons affirmer que pour un pays comme le Burkina Faso défavorisé par son climat, l’orpaillage est un puissant moyen de lutte contre la pauvreté après l’agriculture et l’élevage vu le nombre important d’emplois qu’il crée, surtout en période morte ou en période de mauvaise récolte ; Mais ces avantages ne doivent pas nous conduire à perdre de vue, les conséquences graves sur l’environnement, la sécurité et la santé des Burkinabè. A cet effet les décideurs, les techniciens, la société civile, les responsables coutumiers et religieux, les orpailleurs doivent œuvrer chacun pour une bonne organisation de cette activité porteuse.
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