L’océan Pacifique sud-ouest et les forts courants qui le parcourent jouent un rôle majeur dans le climat mondial. Mené depuis 2008, le programme de recherche SPICE a permis de collecter de très nombreuses observations in situ, qui faisaient jusque-là défaut. En parallèle, les scientifiques, issus d’une quinzaine de laboratoires internationaux, ont développé des modèles numériques à haute résolution. Ces travaux ont permis d’importantes avancées dans la compréhension de la dynamique de cet océan et de son influence sur le climat. Les chercheurs en publient une première synthèse dans la revue Journal of Geophysical Research.
© IRD / S. Cravatte
Jouant un rôle déterminant dans le climat de la région mais aussi de la planète,l’océan Pacifique sud-ouest restait pourtant peu exploré. Ce n’est que tout récemment, sous l’égide du programme de recherche SPICE (Southwest Pacific circulation and climate experiment) piloté par des chercheurs de l’IRD, qu’une partie du voile se lève sur les courants qui le parcourent. Les scientifiques français, américains, australiens, néo-zélandais et des pays insulaires du Pacifique, viennent de publier une description inédite de la circulation de cet océan et de sa variabilité.
L’océan passé au crible
Pendant sept ans, d’importants moyens scientifiques ont été déployés et ont permis de collecter de nombreuses observations in situ. A partir de 2008, une série de campagnes en mer, des planeurs sous-marins et des mouillages courantométriques ont assuré le suivi continu de variables essentielles, comme la température et la salinité des eaux, la direction et la vitesse des courants, etc. Les océanographes ont alors combiné leurs mesures et leurs analyses à des simulations numériques à très haute résolution, pour mieux caractériser la circulation régionale dans cette zone de forts courants, encore très peu documentée.
Une circulation complexe
Par un cheminement océanique original, le Pacifique sud-ouest alimente les eaux équatoriales. En effet, le « gyre subtropical » du Pacifique Sud génère un courant d’est en ouest en provenance de Polynésie, circulant à une profondeur de 100 à 200 mètres sous la surface. Lorsqu’il rencontre les nombreux obstacles naturels que forment la Nouvelle-Calédonie, le Vanuatu, les Fidji et leurs chapelets d’îles, ce « courant équatorial sud » se scinde en différents « jets », qui traversent la mer de Corail avant de rencontrer la côte australienne. Les eaux bifurquent alors. Une partie alimente la Mer de Tasman plus au sud, entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, tandis que l’autre remonte vers le nord, le long de la Grande Barrière de corail, rejoignant la Papouasie-Nouvelle-Guinée puis la zone équatoriale.
© IRD / L. Corsini
Un impact mondial
Les propriétés physico-chimiques et les mouvements des masses d’eau océaniques influencent fortement le climat. Constituant une zone de transit et de modification des eaux du gyre subtropical avant qu’elles n’atteignent l’équateur, le Pacifique sud-ouest joue un rôle fondamental dans la dynamique des phénomènes de type El Niño et la production biologique en zone équatoriale. La valse des courants de cet océan, leur variabilité, tant en intensité qu’en température, sont ainsi de première importance pour mieux comprendre les processus de déclenchement et l’ampleur des événements El Niño, ainsi que les conséquences sur la productivité océanique.
Le programme SPICE a ainsi permis des avancées significatives dans notre compréhension de la dynamique océanique dans le Pacifique sud-ouest. Les instruments déployés dans cette région du monde continuent à assurer le suivi de la dynamique océanique, sous l’égide du programme CLIVAR (Climate variability and prediction).
Glossaire
Gyre océanique : gigantesque tourbillon dans les grands bassins océaniques, provoqué par le vent et la rotation de la Terre.
El Niño : phénomène climatique qui prend naissance tous les deux à sept ans dans le Pacifique équatorial et sème le désordre dans le climat mondial pendant plusieurs mois –sécheresses ou fortes précipitations selon les régions. El Niño impacte aussi les écosystèmes terrestres et marins, et modifie les zones de formation des cyclones.
Partenaires
University of Hawaii, Scripps Institution of Oceanography et National Oceanic and Atmospheric Administration (Etats-Unis), CSIRO, University of Tasmania, Australian Institute of Marine Science et Bureau of Meteorology (Australie), University of Auckland et National Institute of Water and Atmospheric Research Limited (Nouvelle-Zélande), CNRS (France), Pacific Island Global Ocean Observing System (Samoa),Japan Agency for Marine-Earth Science and Technology et Instituto Geofisico del Perù.
Références
Ganachaud Alexandre, Cravatte Sophie, Melet A., Schiller A., Holbrook N.J., Sloyan B.M., Widlansky M.J., Bowen M., Verron J., Wiles P., Ridgway K., Sutton P., Sprintall J., Steinberg C., Brassington G., Cai W., Davis R., Gasparin F., Gourdeau Lionel, Hasegawa T., Kessler W., Maes Christophe, Takahashi K., Richards K.J., Send U. The Southwest Pacific Ocean circulation and climate experiment (SPICE). Journal of Geophysical Research : Oceans, 2014, 119 (11), p. 7660-7686.
Contacts
Alexandre Ganachaud, chercheur à l’IRD
T. 33 (0)5 61 33 29 66
Sophie Cravatte, chercheur à l’IRD
T. (687) 26 07 28
Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales – LEGOS (IRD / CNES / CNRS / université Paul Sabatier)
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09/08/24 à 08h48 GMT