Faisant partie des outils du développement durable, le tourisme durable a vu le jour, en 1993, dans l’ouvrage « Guide à l’intention des Autorités Locales pour un développement durable du tourisme ». Dans ce dernier, l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) le définit comme étant « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil »[1]. En observant la scène internationale, nous pouvons constater que le tourisme durable permet un équilibre entre le progrès économique, la préservation des ressources et la vie des populations locales. Le Cameroun était qualifié d’Afrique en miniature du fait de ses parcs nationaux, ses multiples réserves naturelles, ses belles plages et son Mont Cameroun, peut-il à travers le tourisme durable valoriser l’identité de ses communautés locales ? Autrement dit, quels peuvent être les enjeux et les obstaclesdu tourisme durable sur son patrimoine?
La valorisation du patrimoine naturel : un enjeu du tourisme durable
Lazzarotti[2] définit le patrimoine comme « ce qui est censé mériter d’être transmis du passé, pour trouver une valeur dans le présent », c’est-à-dire qu’il permet de se projeter dans l’avenir à travers les projets de valorisation qu’il sous-entend. Ainsi, le tourisme durable au Cameroun pourrait donner la primauté au patrimoine naturel car porteur d’homogénéité paysagère d’une région telle que les forêts sacrées etles plantations agricoles dans la région de l’ouest Cameroun.
De plus, grâce au tourisme durable, le beau paysage est valorisé à savoir : les plateaux, les collines,les montagnes. Une telle patrimonialisation conduit à la notion de géosite/géotope débouchant également sur la dévotion et la culture de nos peuples.
La valorisation du patrimoine religieux et culturel : un enjeu du tourisme durable
Le patrimoine religieux renvoie aux traductions concrètes à travers les édifices religieux, qu’aux appartenances locales à une confession. La culture quant à elle renvoie à l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Outre les arts et les lettres, elle englobe les droits fondamentaux de l’être humain,les modes de vie, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances et c’est la raison pour laquelle l’UNESCO[3] la place « au cœur du développement et un investissement capital dans l’avenir du monde, la condition du succès d’une mondialisation bien comprise qui prenne en compte les principes de la diversité culturelle ». Ainsi, le développement est pris comme une action de croissance d’une société dans tous ses facteurs en gardant la cohésion sociale et le bien-être de la population. Au nombre de ceux-ci, nous avons l’art, les festivals, les spectacles, les traditions et coutumes. Toutes différentes les unes des autres, les festivals sont des créations originales, des organisations animées par un esprit de fête et de convivialité favorisant l’émergence de publics nouveaux et constituant des moteurs de la valorisation du patrimoine et de l’attractivité touristique d’unecommunauté locale.
La valorisation du patrimoine matériel (architecture, monuments) : un enjeu du tourisme durable
Pour Claude Origet du Cluzeau[4], « Le Patrimoine matériel se réfère à des sites consacrés à la culture, réalisations de la main de l’homme : musées, monuments, villes et villages d’art ou de caractère, sites archéologiques et préhistoriques, jardins, édifices religieux, militaires… ». Le tourisme durable au Cameroun pourrait valoriser ce patrimoine matériel à travers les musées comme celui de Foumban, un serpent à deux têtes; des monuments tel celui de la réunification à Yaoundé ; des édifices religieux à l’instar de la cathédrale de Mbalmayo…
Les obstacles du tourisme durable au Cameroun
La faille sur les stratégies adoptées constitue le premier obstacle à la mise en place d’un tourisme durable au Cameroun. Or, le tourisme durable a besoin d'une vision à long terme Il convient de rappeler ici que la question qui demeure est : comment y parvenir, sous la pression quotidienne du court terme, des exigences de retour sur investissement rapide, des durées de mandatures politiques de cinq à septans ? Ainsi, le très faible nombre de travaux de prospection sur le tourisme engendre une attitude passive vis-à-vis du changement et de l’innovation, ce qui constitue un réel handicap pour opter pour un tourisme durable.
Les risques liés au financement constituent le second obstacle au développement du tourisme durable au Cameroun. En effet, les dispositions pour un tourisme différent qui ne pourront être qu'incitatives, risquent de modifier le coût du capital. Ainsi, les éventuels surcoûts ou de nouvelles charges peuvent, par exemple, augmenter certains prix de revient en matière de transport ou d'hébergement. Bien plus, en raison du degré d'exposition du tourisme durable à la concurrence et du risque de la dégradation de la valeur marchande, ce dernier ne risque-t-il pas d'être réservé à quelques espaces privilégiés tels que les parcs naturels, à quelques heureux consommateurs comme les happy-few, à quelques opérateurs qui s'inscriront dans une stratégie de forte différenciation ?
Enfin, le troisième obstacle vient du fait que l’application du tourisme durable reste au niveau de la planification nationale et régionale. Toutefois, sa pratique au niveau communal et au secteur des entreprises touristiques, est rarement mise en œuvre. Aujourd'hui, les projets touristiques qui s'inscrivent dans un développement durable sont encore peu nombreux. En raison à la fois des pesanteurs socio-politiques et de la nécessité de changer les problématiques traditionnelles en matière de gestion de projets touristiques.
Plus que jamais, et surtout loin d’une utopie, le tourisme durable au Cameroun est un choix éthique d’une dynamique territoriale de développement, puisqu’il permet de maintenir le potentiel touristique à son niveau de départ, voire le renforcer. Enfin, la protection du patrimoine n’est plus opposée aux hommes, à l’économie, mais un dialogue s’instaure entre les différentes entités détentrices du triptyque du développement durable, d’où la nécessité de mettre sur pied des espaces de bonne gouvernance et de négociation.
Bibliographie
[1]http://sdt.unwto.org/content/about-us-5
[2] LAZZAROTTI O, 2003a, Patrimoine, in LEVY J., LUSSAULT M., Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, p. 692-693.
[3]http://www.unesco.org/new/fr/culture/themes/culture-and-development/
[4] CLAUDE ORIGET DU CLUZEAU, Le Tourisme culturel, « Que sais-je ? », éd. Presses universitaires de France, 2008, p. 4.
Article sélectionné par le Idéalisoa Andriniela dans le cadre de la veille initiée sur Médiaterre par l'l’Initiative Jeunesse de lutte contre les changements climatiques
L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles.
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09/08/24 à 08h48 GMT