France : Promotion sur l'étiquette-énergie avant sa sortie officielle.
Quatre mois avant le lancement officiel de l'étiquette-énergie, prévu le 10 mai 2006, la ministre de l'écologie et du développement durable Nelly Olin a organisé une démonstration chez les concessionaires des deux principaux constructeurs français : PSA et Renault.Elle défend ainsi cette mesure simple, qui devrait inciter les acheteurs de véhicules neufs à privilégier les modèles moins polluants.
Vendredi 6 janvier, les premières étiquettes-énergie ont été mises en place en avant-première chez le concessionnaire PSA boulevard de Grenelle à Paris, puis chez son concurrent Renault, à quelques pas de là, quai de Grenelle. Rien de révolutionnaire dans cette démarche : simple affichette semblable à celles qui se trouvent sur les produits électroménagers, l'étiquette-énergie présente une suite de flèches allant du vert au rouge, et marquées de lettres de A à G. Ces indices désignent la quantité d'émissions de dioxyde de carbone (CO2) : A étant le moins polluant avec des émissions inférieures ou égales à 100 g/km, et G le plus polluant avec des émissions supérieures à 250 g/km.
Mesure-phare du Plan Climat.
L'étiquette, rendue obligatoire par un arrêté, publié au Journal Officiel du 10 novembre 2005, devra figurer sur l'ensemble des voitures neuves à la vente, à compter du 10 mai 2006. Elle sera également imposée pour les logements dans le cadre des diagnostics de performance énergétique obligatoires, pour toute vente à partir du 1er juillet 2006, et sur les locations à partir du 1er juillet 2007. Elle s'étendra à tous les produits qui consomment de l'énergie ensuite. Cette étiquette est un des moyens mis en oeuvre pour atteindre les objectifs du Plan Climat, annoncé le 22 juillet 2004 par Serge Peletier, alors ministre de l'environnement. Ce plan d'action impose théoriquement à la France de maintenir, en 2010, ses émissions de gaz à effet de serre à leur niveau de 1990. Mais l'étiquette-énergie, basée sur la prise de conscience des consommateurs et réservée aux produits à la vente, ne suffit pas, loin de là.
Nécessaire, mais pas suffisante.
Le Plan Climat a été renforcé par des mesures fiscales, annoncées par le Premier ministre, à la fin de l'année 2005 :
Un crédit d'impôt renforcé pour la voiture propre : les véhicules concernés (hybride, GPL, et GNV) seront soutenus à hauteur de 2000 euros au lieu de 1525 euros.
Un crédit d'impôt renforcé pour les économies d'énergie et les énergies renouvelables : les taux de remboursements devront être relevés pour les matériaux d'isolation et les chaudières à condensation, dans le cadre des logements antérieurs à 1977 et acquis depuis moins d'un an (40 % au lieu de 25 % cette année). Pour les énergies renouvelables, l'accent sera mis sur la filière solaire, avec des taux de remboursements de 50 % pour les chauffe-eau solaires contre 40 % cette année.
Un grand programme de recherche et développement de 100 millions d'euros, pour mettre sur pied la première voiture familiale émettant moins de 100 grammes de CO2 par km.
Le Plan Biocarburant sera dynamisé par de nouveaux appels d'offre : le gouvernement souhaite atteindre l'objectif de 5,75 % de biocarburant en 2008 au lieu de 2010.Une majoration de la taxe à l'immatriculation sur les cartes grises pour les véhicules particuliers émettant plus de 200 grammes de CO2 par km (soit 8 % des ventes), de 2 E par g de CO2 supplémentaire entre 200 et 250g/km, et de 4 E par g au-delà de 250g/km. La mise en?uvre de cette taxe sera inscrite à la Loi des Finances à compter du 1er juillet 2006.
Enfin, deux mesures supplémentaires ont été annoncées lors du rendez-vous Climat 2005 : l'augmentation du tarif de rachat de l'électricité photovoltaïque de 50 % pour les particuliers et de 100 % pour les projets collectifs, et un programme de recherche sur le bâtiment permettant de rénover, d'ici cinq ans, des logements afin qu'ils émettent moins de 50 kWh/m2.Les citoyens sont de plus en plus conscients de l'urgence écologique. Le gouvernement essaie désormais de sensibiliser les consommateurs, en imposant une équation simple : achetez écolo, c'est moins cher.
Démarche incohérente.
Du côté des concessionnaires, on ne semble pas faire grand cas de cette démarche. PSA et Renault entendent simplement utiliser l'étiquette-énergie et les mesures fiscales associées comme arguments de vente. Pour Hummer France, concessionnaire du fameux H2, un 4x4 de luxe réputé pour sa forte consommation d'essence, c'est la taxe sur la carte grise qui pose problème : « Certains de nos modèles rejettent plus de 400 g CO2/km3, explique Patrick Brisset, directeur commercial de Hummer France. « Cela entraînera des majorations de plus de 500 euros pas an ». Néanmoins il ne se dit pas inquiet : « Nous vendons 150 voitures pas an, à une clientèle qui ne regarde pas à la dépense. Cela ne changera donc rien pour nous ». Il trouve surtout ces actions incohérentes : « Tous les constructeurs sont capables aujourd'hui de faire des moteurs propres ou hybrides », affirme Patrick Brisset. « Nous avons mis au point le H2H, une version du modèle H2 qui tourne à l'hydrogène. Mais tant qu'il n'y aurapas de vraie volonté politique de contourner les lobbies pétroliers pour produire des énergies propres, ça ne sert à rien. On ne peut pas vendre une voiture à hydrogène tant qu'il n'y a pas de pompes ».
Gaëlle Bohé
Mis en ligne le : 11/01/2006
Source :http://www.novethic.fr
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