La nature en ville : nouveaux besoins et conflits d’usage
L'association 4D organise le mardi 14 juin 2005 une conférence - débat sous le thème : « La nature en ville : nouveaux besoins et conflits d’usage »
De la ville contre la nature, ou se protégeant de celle-ci, au cours des siècles passés, nous sommes passés, au cours de la seconde partie du 19ème siècle, à un aménagement très maîtrisé de la nature en ville, dans un but d’'agrément (jardins publics) voire de pacification (jardins ouvriers) ou
encore d’hygiénisation (canalisation et busage ou couverture des rivières et canaux, disparition des berges et talus,...) de l’urbanité.
Mais avec le développement de la voiture et le tourisme de masse, la nature dans la ville est redevenue dans les années 60 à 80, un accessoire voire un élément superflu pour les citadins, de plus en plus nombreux. Ceux-ci ont été à la recherche de la « vraie nature » : nature sauvage lointaine ou nature rurale dans les « pays » ou « petits coins » français. Les architectes ont fait plus que renforcer ce mouvement en imaginant une ville très fonctionnelle, et, du coup, très minéralisée. Le développement de la promotion immobilière, entré dans une phase exacerbée et spéculative dans
les 70 et 80, a fortement contribué à ce mouvement de « dés-usage » du végétal dans la ville. L’immobilier s’est accaparé, notamment, de toutes les surfaces disponibles en bordure de mer, fleuves, rivières au « profit » des zones résidentielles, conduisant à des risques d’inondation ou de
perturbations climatiques très peu maîtrisés.
Avec les années 90 et la remise en question à la fois du « tout voiture » et du « tout économique », les usages sociaux de la ville sont partout revenus à la réappropriation et revalorisation des jardins publics, des terrasses, des berges, du fleurissement des façades, et aussi à la pratique du « jardin » : faire et cultiver son jardin personnel ou familial, et/ou utiliser les espaces verts à des fins multiples. A cela se sont ajoutés différents éléments sociétaux, et notamment l’isolement des personnes, faisant de l’animal de compagnie et des animaux colonisateurs des villes, devenues, paradoxalement, plus largement nourricières (détritus, alimentation par les habitants,...) un nouveau « phénomène urbain ».
Enfin, une nouvelle demande de consommation de produits plus conformes à des critères de développement durable est en voie d’émergence : produits bio, produits équitables, mais aussi voitures sobres, non suréquipées, ou placements financiers éthiques.
Le jardin/jardinage et le bio font ainsi plus que « bon ménage » aujourd’hui : ils nourrissent, divertissent, socialisent, insèrent, mais aussi ménagent le développement urbain. Il est à noter que ces mouvements nouveaux se font sans réelles écoles ni normes, mais quand même sans pagaille ni conflits majeurs d’usage. On peut quand même se demander si la « nature en ville » contribue ou non à réduire les inégalités, qui s’accroissent aujourd’hui, y compris les inégalités entre les sexes. Avec le « retour de la nature », n’y a-t-il pas aussi un développement de la « division du loisir » (et non du travail) ? Et que dire de la « revanche de la nature » ? En effet, la flore et la faune non seulement ne désertent plus nos cités, mais, bien au contraire, certaines espèces ont été réintroduites ou se sont même fort bien adaptées à nos modes de vie « non durables » (habitations pavillonnaires, poubelles débordantes, ...).
Une visite du jardin partagé Villemin (en cours d'aménagement) est prévue après la séance, sous réserve de l'avancement du chantier. Plus de précisions seront données d'ici à 10 jours.
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