Comment gérer la forêt lorsque change le climat ?

La Société Forestière ouvre le débat

Au moment où s’ouvre la conférence de Bali sur le climat et où le GIEC* insiste dans son quatrième rapport sur l’urgence d’agir, la Société Forestière de la Caisse des Dépôts prend, à son niveau, une initiative pour faire avancer la réflexion sur la gestion forestière face au changement climatique. Le premier gestionnaire de forêts privées en France lance le 3 décembre 2007 son blog de discussion: www.forets-et-climat.fr.

« Lorsque les arbres que l’on plante aujourd’hui seront adultes, nous aurons peut-être changé d’ère climatique», explique Laurent Piermont, Président-Directeur Général de la Société Forestière». Augmentation des températures, changement de répartition de la pluviométrie, hausse du taux de CO2 atmosphérique… : les experts estiment que ces facteurs devraient modifier les écosystèmes forestiers. A cela s’ajoutent les risques de fréquence supérieure d’incendies ou de tempêtes, ainsi qu’une modification des aires de répartition de certains pathogènes ou parasites.

Pour préserver la santé et la valeur des forêts qui lui sont confiées et répondre aux attentes de ses clients, la Société Forestière a mis en place, dès 2006, un nouveau dispositif de sylviculture qui tient compte de la probabilité de ces phénomènes.

« Pour nous, cela signifie six options de gestion, à la fois pragmatiques, prudentes et résolues, ajoute Laurent Piermont. Nous avons pris notre décision, après une réflexion menée dès 2003 . La conclusion s’impose : face au changement climatique, il est plus sage d’agir que d’attendre. Le coût du statu quo risquerait d’être plus élevé, C’est pourquoi, en plein accord avec nos clients, nous avons infléchi notre gestion des forêts, tout en restant dans une logique de réversibilité . C’est le principe d’une stratégie « sans regret », permettant de s’adapter à l’évolution progressive des connaissances sur le sujet. »

L’enjeu est bien réel, pour autant il faut décider dans un contexte d’incertitude scientifique. C’est pourquoi notre démarche consiste à rester à l’écoute de tous ceux qui sont sur le terrain, observent saison après saison des arbres, dans


les parcs et jardins, dans les forêts ou différents espaces naturels, etc….. et veulent participer au débat ou faire œuvre utile en contribuant à la production collective d’observations sur le sujet.

Déjà, dans cette optique, la Société Forestière a pris en janvier 2007 l’initiative d’un séminaire de concertation rassemblant les principaux acteurs de la forêt française, afin de connaître l’état de leurs réflexions et actions face au changement climatique et de présenter ses options prises pour trois ans. L’ouverture du blog www.forets-et-climat.fr s’inscrit dans la même volonté.

Il sera animé par une rédaction dédiée, pendant six mois et sera organisé autour des six grandes orientations de la Société Forestière. Le sommaire n’est pas figé et évoluera en fonction de la richesse des contributions.

Professionnels de la gestion forestière, propriétaires de forêts, représentants de communes forestières, associations, sociétés de chasse, professionnels des parcs et jardins, toutes les réactions sont attendues et bienvenues.

Premier sujet de discussion proposé : « Essences et variétés de transition : qu’en pensez-vous ? ». Une des six orientations de gestion de la Société Forestière consiste en effet à diversifier des plantations en insérant des essences ou variétés dites « de transition », telles que le robinier ou le chêne sessile, à même de prospérer à la fois dans le climat actuel et dans le climat annoncé pour le futur, selon
les études faites par la Société Forestière.


* Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat


Les six orientations de gestion choisies par la Société Forestière :

• Tout d’abord, dans le contexte d’incertitudes scientifiques quant aux impacts du changement climatique sur les forêts, il ne s’agit pas, pour la Société Forestière, d’initier des changements à 180°, mais de choisir « des inflexions » et des choix réversibles, par période de trois ans.

• La Société Forestière se fixe en outre comme repère de gestion des forêts, une période charnière vers 2050, permettant de distinguer les parcelles qui seront alors à maturité de celles qui ne le sont pas encore . En effet les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estiment qu’à cette période le changement climatique devrait produire des effets plus marqués.

• La Société Forestière souhaite privilégier des essences et variétés dites de transition, c’est à dire à même de vivre dans le climat actuel et adaptées au climat futur.

• Le repère de gestion vers 2050 permet d’adapter les plantations aux révolutions inférieures à 50 ans, de sorte que les peuplements puissent être statistiquement moins exposés aux aléas climatiques.

• Pour la Société forestière, compte tenu du changement du régime des pluies, le critère dit de « réserve utile » en eau des sols devient déterminant dans l’analyse préalable aux nouvelles plantations

• Enfin, tout en intégrant le changement climatique comme une donnée nouvelle, la Société Forestière souhaite continuer à s’inscrire dans une gestion financière respectueuse des critères de développement durable, notamment par son attention portée à la biodiversité.


Contact presse : Nathalie Bondu Tél : 06 22 47 33 47
E-mail : societeforestiere@gmail.com