LA NATURE DANS LA VILLE BIODIVERSITÉ ET URBANISME
AVIS ET RAPPORTS DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL 2007 : Étude présentée par M. Bernard Reygrobellet, Les éditions des Journaux officiels.
Imaginons la nature dans la vallée de la Seine et traversons la capitale. Est-ce un hasard si au coeur du Paris historique, au long du quai de la Mégisserie on trouve des vendeurs de nature, de plantes et d’animaux qui cohabitent pour le bonheur de tous avec les étals des bouquinistes ? Est-ce un hasard, si en face est planté sur son quai le marché aux fleurs ?
Où n’est-ce pas plutôt le témoignage du besoin de nature qu’éprouve le citadin ? Besoin de nature qui s’exprime dans la ville de multiples manières, au travers des parcs et jardins, de l’attrait pour les oiseaux, de la recherche des animaux de compagnie.
À la racine de ce besoin se trouve un imaginaire de la nature apaisante, poumon du citadin, porteuse de valeurs positives. La nature est sur le balcon, la terrasse, le toit et le mur végétalisé, dans le quartier avec ses squares et jardins, dans la ville avec ses coulées vertes, dans les zones périurbaines soumises au « mitage » des espaces naturels, dans la région avec ses corridors biologiques qui assurent la continuité écologiques. À une approche traditionnelle de la nature dans la ville doit donc s’ajouter l’approche complémentaire de la ville dans la nature.
Au cours des dernières décennies, l’approche écologique a apporté une vision rationnelle, scientifique, de la nature. Elle a introduit le concept de services rendus par la nature et par le vivant pris globalement sous l’appellation de biodiversité.
Dès juillet 2006, la section du cadre de vie a émis le souhait de traiter de la « nature dans la ville », c’est-à-dire des rapports entre la biodiversité et l’urbanisme. Les travaux de la commission temporaire « Environnement et développement durable » de l’été 2007 ont montré qu’il s’agit d’un thème nouveau pour le Conseil économique et social. Certains aspects ont toutefois été déjà abordés par la section du cadre de vie ; notamment en 2003 par Claude Martinand, dans un avis intitulé « Environnement et développement durable, l’indispensable mobilisation des acteurs économiques et sociaux » et en 2005 par Cécile Felzines, dans le cadre d’un rapport et avis sur « Le logement de demain, pour une meilleure qualité de vie ».
La présente étude a été motivée par un triple constat :
- il existe aujourd’hui un large consensus, qui dépasse les clivages politiques, visant à inclure des éléments naturels dans tous les programmes d’urbanisme ;
- les élus et tous les acteurs intervenant sur la scène de l’urbanisme rencontrent des difficultés pour intégrer la biodiversité dans les options environnementales qui sous-tendent le développement durable ;
- l’absence d’un document donnant une vue d’ensemble sur un sujet difficile à appréhender de par sa complexité et les multiples acteurs qui interviennent.
Aborder la question complexe et multiforme de la nature dans la ville sous l’angle des relations entre biodiversité et urbanisme implique de situer le sujet dans une perspective plus vaste que celle reposant exclusivement sur les éléments naturels dans le paysage urbain.
À cette fin, des informations ont été puisées à diverses sources, en particulier auprès des collectivités locales, pour dégager avec une vision prospective les tendances des politiques de la ville en relation avec la nature et mettre en lumière les points forts et les obstacles rencontrés dans l’atteinte des objectifs poursuivis par leurs promoteurs.
Un bilan est dressé dans un premier temps sur l’évolution de la place de la nature dans la société, le cadre normatif actuel en matière de droit de l’urbanisme et de biodiversité, les politiques de nature dans la ville régionales et locales. Des exemples de réalisations à différentes échelles territoriales sont présentés.
Dans le chapitre suivant est traité de l’évolution de l’urbanisme et de l’architecture en relation avec la nature, ce qui permet de confronter la vision actuelle des urbanistes et des naturalistes aux représentations et attentes des citadins, sans oublier la question des nuisances biologiques et du risque sanitaire associé.
Quatre points qui posent des problèmes spécifiques et représentent des enjeux majeurs sont ensuite détaillés : la densité du bâti, les services rendus par la nature, le financement des programmes, la formation et la communication sur la thématique de la biodiversité et de l’urbanisme.
Enfin, quelques pistes de réflexions sont proposées en guise de conclusion.
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